Tina Pavussa par Jean-Sébastien Tiroir

Elle s’appelle Valentina. Mais ici tout le monde l’appelle Tina. Il n’y a qu’ici qu’on l’appelle Tina. Au début ça l’avait embêté, et puis elle s’était habituée à ce diminutif, toujours plus agréable que la façon monstrueuse dont les gens prononçait son prénom. Mais quelque part ne plus avoir de prénom l’enfonçait un peu plus dans l’anonymat. Déjà qu’elle n’avait plus de pays. ! Elle avait acquit après bien des difficultés le statut de réfugiée politique. Son pays d’origine est tellement peu connu qu’on ne sait même pas vraiment comment l’appeler. Certains le nomment Biélorussie d’autres Bélarus ! Ca se comprendrait s’il s’agissait d’un territoire minuscule ! Mais non ce pays recouvre 200 000 km² (près de la moitié de la France et abrite 10 millions d’habitants) Mais voilà elle est tombée dans le pays des nuls en géographie et personne ne connaît son pays ! Personne ? Non ce n’est pas tout à fait vrai ! Elle s’est aperçue que deux catégories de citoyens en entendaient parfois parler : les lecteurs de la presse sportive, et aussi ceux de la presse d’opinion, car maintenant que Milosevic a été chassé du pouvoir en Serbie, la Biélorussie reste le seul pays d’Europe ou la démocratie n’existe que sur le papier, et où les opposants sont pourchassés.
Ses tracasseries avaient commencé quand elle avait pris des responsabilités au sein de l’équipe dirigeante du syndicat étudiant. Arrestations, perquisitions, brimades… Elle en avait marre !
Sa copine Galina, lui avait présenté un cinéaste français.
– Si tu veux faire du cinéma, je t’emmène en France !
Elle n’en revenait pas. Tina plaisait mais n’avait rien d’un top modèle. Brune, les yeux bleus, les pommettes relevées à la slave, elle se trouvait légèrement grassouillette, et trouvait sa poitrine trop grosse (les femmes ne sont jamais contentes de leur poitrine)
– Autant te prévenir, c’est du cinéma un peu déshabillé, ça ne te gène pas au moins ?
Non, ça ne la gênait pas, elle se considérait comme une femme libérée, ce qui n’était pas spécialement bien vue dans ce pays à la mentalité paysanne.
– Et il faudra faire semblant ou pas faire semblant ?
– Beaucoup semblant ! Et un peu pas semblant !
– Je ne veux faire que semblant !
– On s’arrangera !
Bien sûr, une fois arrivée en France, on lui avait expliqué que pour l’instant les films  » où on ne faisait que semblant  » ne marchaient pas fort, et de fil en aiguille elle s’était très rapidement retrouvée dans les milieux du film X. Pas forcément la joie, mais elle s’adaptait, jusqu’au jour on elle se rendit compte que l’on profitait de son incompréhension du français pour la rouler financièrement. Elle avait plaqué tout cela après avoir piqué une vaine colère en langue natale.
Il existait une petite association de Biélorusses exilés que dirigeait de façon dynamique, un dénommé Pavel. Cet individu doué d’un charisme étonnant et d’une élégance rare avait une énorme influence sur les autres membres du groupe et avait su développer des réseaux afin de soutenir ses compatriotes.
Elle ne fut donc pas sans travail, mais malgré tout, réduite aux  » petis boulots  » et alors que commence notre histoire elle fait des ménages pour le compte d’une société de service.
– Ne néglige pas ton physique, maquille-toi, porte des bas et des portes jarretelles sous ta blouse. Un jour quelqu’un te remarqueras et peut-être qu’il t’entretiendra ou te proposera autre chose. Le pouvoir ça se grignote, mais il faut forcer la chance et la chance viendra, c’est mathématique, c’est une question de probabilité !
Sacré Pavel !

Tous les jeudi matin, de très bonne heure elle fait un remplacement dans les locaux de la Consulting Machin-Truc.
– Tiens ! Le bureau du fond est allumé !
Elle frappe, elle rentre, un type est à son bureau entouré d’un incroyable fouillis de documents, il répond à peine à son bonjour, elle à l’habitude…
– Dommage qu’il soit si impoli, il est mignon !.

Il s’en veut José, d’avoir été si grognon : elle n’est pas mal la femme de ménage, mais bon aujourd’hui, il a un rapport à rendre, il est en retard, il a essayé de travailler tard chez lui, la veille. Mais il s’est vite aperçu que sans un certain nombre de documents stockés dans son bureau la tâche était impossible. Lui qui n’est pas du matin s’est donc levé de très bonne heure pour venir. Et il est d’une humeur exécrable. Deux heures plus tard ça va mieux, le travail se termine mieux que prévu, il prend soin de se renseigner :
– La femme de ménage, la jeune avec un accent russe, elle est là tous les jours ?
– Non juste le jeudi, les autres jours c’est une personne d’un certain âge !

Le jeudi suivant, José revint de très bonne heure, et attendit, il verrait bien !
Un quart d’heure plus tard, elle rentrait dans le bureau, l’air contrarié de le voir
Il lui sourit, un beau sourire. Elle le lui rend !
– Quel magnifique sourire, la journée va être bonne !
Elle n’a pas tout compris, mais elle sait que c’est gentil, quelque chose la chatouille entre les cuisses. Elle n’a pourtant rein d’une nymphomane, mais ce type à décidément un charme fou, et elle lui ferait volontiers un petit câlin
Elle s’était aujourd’hui vêtue simplement de porte-jarretelles blanc auxquels sont attachés des bas légèrement bleutés. Une petite culotte blanche très classique, pas de soutien gorge, et sa blouse par-dessus tout cela. Elle avait rajouté malgré tout, une note qu’elle trouvait coquette sous la forme d’un petit foulard en soie noué autour de son coup, la signature bien en évidence pour montrer qu’elle savait aussi aimer les belles choses !
Ne sachant évidemment pas pourquoi le type était venu si tôt, elle décide de le provoquer, juste une fois, pour voir, pour s’amuser. S’il ne se passe rien elle n’insistera sans doute pas.. Elle lui tourne le dos, et se penche en avant faisant semblant de nettoyer un objet, elle s’arrange pour qu’il voie sa petite culotte, elle se retourne, il rigole, elle éclate de rire et devient toute confuse de son audace. Il lui fait signe d’approcher, elle obéit. Elle ne comprend pas bien, il lui fait signe de se rapprocher encore davantage. Quand il lui tend ses lèvres, elle comprend et les accepte. La voici en train de rouler une pelle à cet inconnu qui avait été si impoli la fois d’avant.
José ne reste pas inactif et lui passe la main sur la culotte, et doucement, la lui baisse. Ce n’est pas forcément pratique dans cette position, alors elle l’enlève elle-même, elle rigole, la situation lui échappe un peu. Il lui demande de s’asseoir sur le bureau. Il a la surprise de constater qu’elle s’est fraîchement rasée, il passe alors délicatement sa langue sur sa chatte déjà bien mouillée.
José est à présent excité comme un cerf, il ouvre la fermeture éclair de sa braguette, défait la ceinture de son pantalon et baisse légèrement de dernier, dégageant son sexe déjà magnifiquement bandé. Tina s’en empare, et lui passe des petits coups de langue à la base du prépuce. Elle se sent si excitée qu’elle se caresse en même temps.
José à envie de la pénétrer, il lui désigne le fauteuil destiné aux visiteurs et lui demande de s’agenouiller dedans afin de la pénétrer en semi-levrette. Elle écarte d’une main ses fesses pour que son amant du matin puisse contempler mieux les secrets de sa slave anatomie
José veut varier à présent les positions et lui demande de se coucher sur le bureau en relevant les jambes, elle en profite pour déboutonner sa blouse offrant sa jolie poitrine au regard de l’homme. Quelques minutes plus tard, José s’assied dans le fauteuil et demande à Tina de venir le chevaucher, quand soudain…

– Dring !

Le téléphone sonne !

José décroche, c’est son collègue du premier, comment a-t-il su qu’il était déjà là ? La lumière peut-être ?
– Je te rappelle, je suis sur une autre ligne
Puis pris d’une inspiration subite, il demande à Tina :
– Ça t’embête si je fais venir un collègue ?
Elle a du mal à comprendre. Il lui explique mieux, elle lui fait signe de la tête que cela ne l’embête pas. Il rappelle son collègue
– Tu va pas me croire, je suis en train de me taper la femme de ménage !
– Menteur !
– T’as qu’a pas me croire ! Mais tu peux venir, apparemment elle n’est pas contre le fait de faire ça à trois, j’espère qu’elle a compris parce qu’elle ne parle que le serbo-croate
– Niet ! s’exclame brusquement Tina
– Comment ça Niet ? T’es plus d’accord ?
– Pas serbo-croate, Bélarus !
– Ah bon ! T’es russe ?
– Non Bélarus !
– Bon mais t’es d’accord ou pas ? .
– Pas serbo croate !
– OK ! OK ! Il peut venir ou pas ?
– Venir ?
– Oui venir !
– Da !
– OK ! Tu peux venir !
– Tu me mène en bateau !
– Non, et comme tu ne m’as pas cru t’auras un gage !

C’est tout étonné que Paul rentrant dans le bureau découvre le spectacle de Tina à demi-nue chevauchant José. Ils lui font signe de s’approcher, ce qu’il fait tout doucement tandis que sa queue commence à donner du volume à sa braguette.
Bien sûr Tina s’en aperçoit et lui met la main au pantalon. Paul retire donc ce vêtement qui ne sera d’aucune utilité dans les minutes qui vont venir, et Tina tout en continuant sa fantastique chevauché entreprend une fellation sur ce beau membre.
Tina a beau être sportive, la position fatigue un petit peu. Paul se couche alors sur le canapé visiteurs permettant à Tina de poursuivre sa fellation. José lui s’est couché par terre et recommence à lécher le joli minou de la slave, puis la fait mettre en levrette pour la pénétrer à nouveau.

C’est alors, mes bons amis, qu’il se passa quelque chose de tout à fait surprenant et inhabituel en ce genre de circonstances !

Tina était plus une fellatrice du bout de la langue qu’une avaleuse de sabre. Elle avait abandonné le gland de Paul pour venir s’occuper de ses couilles qu’elle aguichait de sa langue agile.
Et voir ce si beau gland sans personne pour s’en occuper troubla tant José qu’il y précipita sa bouche, et ce, sans abandonner sa levrette,
La situation était très trouble. Tandis que José suçait la partie supérieure de la bite de Paul, Tina s’occupait plutôt de la partie inférieure.
Paul ne disait rien, cette double fellation inattendue avait l’air de lui convenir parfaitement.

L’insolite de la situation vint encore augmenter l’excitation de Tina qui n’avait vraiment nul besoin de cela, toutefois, il ne se passa rien d’autre entre les deux hommes et elle se surprit à en être un peu chagrinée.

La pine de Paul étant super bandée, Tina vint le chevaucher, tandis que José lui pelotait les seins.
Mais les deux hommes voulurent faire une éjaculation extérieure. Ainsi pendant que Tina se réinstallait dans le fauteuil, Paul ne tarda pas à éjaculer sur sa chatte, tandis que José en faisant autant sur son visage.
– Spasibo ! Remercia Tina dans sa langue natale !
– Oui ! Pas serbo-croate, on a compris !
Ils rirent tous les trois

Quelques temps après Paul et José, tous deux divorcés, et à qui le hasard avait révélé leur bisexualité latente se mettaient en ménage.
Trois mois après ils contractèrent un PACS. Ils firent une petite fête et invitèrent quelques rares amis triés sur le volet. Tina fut évidemment de la partie.
Elle ne comprenait pas bien ce faux mariage entre hommes, son français avait progressé, mais elle ne saisissait pas tout
– Vous allez partir en voyage de noces ? demanda-t-elle en rigolant
– Tu ne crois pas si bien dire, on se paie deux semaines au Brésil ?
– Vous auriez pu m’emmener ! Dit-elle en plaisantant !
Paul se retourna alors vers José :
– Mais pourquoi pas ? Cela me semble une excellente idée !

Jean Sébastien Tiroir

© Avril 1983 – Revu en décembre 2000 (Comme le temps passe… Tina était tchèque dans la première version…)
monsieur_tiroir@hotmail.com
Première publication sur Vassilia, le 03/12/2000
Ce récit a eu l’honneur d’obtenir le 3ème prix du concours des histoires érotiques décerné par Revebebe pour Décembre 2000

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4 réponses à Tina Pavussa par Jean-Sébastien Tiroir

  1. Chico dit :

    Non, je n’y crois pas ! Ce texte à 40 ans ! C’est dingue ! Beau teste, j’ai la bite toute raide !

  2. Muller dit :

    Joli récit, bien écrit, excitant, décontracté et intelligent

  3. Stablinski dit :

    Une belle histoire qu’il aurait été dommage de laisser dormir dans les archives du site.

  4. Antonio dit :

    C’est bien raconté, le personnage de Tina est bien campé, j’aurais aimé que l’auteur s’attarde davantage sur le côté bisexuel du trio et puis la conclusion est un peu rapide. Un bon récit malgré ces quelques réserves

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