Quel cauchemar ! par Jean-Michel_et_Martine

Quel cauchemar !
par Jean-Michel et Martine

Le radio-réveil me tira de mon sommeil.

J’ouvris un oeil pour vérifier l’heure: six heures trente. Je m’accordai encore deux ou trois minutes pour me réveiller en écoutant les infos: Irak… Sanofy-Aventis… Arlon… Beau temps sur toute la France… et je me sortis du lit en m’étirant, direction le cuisine.

Martine avait pris la route à cinq heures vers la région parisienne où elle devait se trouver en début de matinée. Sa nuit m’avait parue agitée. Je pense qu’il était environ une heure quand subitement je la sentis remuer prés de moi en maugréant. Puis elle bondit sur la moquette précipitamment, alluma sa lampe de chevet et se mit à ouvrir les draps comme si elle voulait refaire le lit. Le temps que je réalise qu’elle devait avoir un problème, elle avait éteint la lumière et se trouvait aux toilettes.

Un peu inquiet, je prêtai l’oreille car il n’est pas dans ses habitudes de se lever la nuit. Mais je n’entendis que le petit bruit de la chute d’un pipi dans la cuvette. Vue l’heure, elle essayait d’être discrète pour ne pas m’éveiller. Retenu sans aucun doute, il me parut bien long. A demi endormi, j’imaginai ma Martine confortablement installée les coudes sur les genoux, le menton sur les poings, ne songeant pas que bien qu’à moitié endormi, j’étais sensible à l’érotisme de ce pipi nocturne. Il s’arrêta quand même avec un petit bis. Puis j’entendis le bruit du papier que l’on déroule et j’imaginais le petit rectangle rose essuyant les quelques gouttes qui devaient rester sur sa petite chatte.

Elle revint prés de moi et ses pieds qui avaient pris le froid de ces chaussons retrouvèrent les miens restés bien au chaud.

– Ca ne va pas ?… Tu as un problème ?
– Non… Tout va bien… Rendors-toi… dit-elle dans un bâillement

Son départ, très matinal, m’avait à peine éveillé. Il est vrai qu’elle avait du prendre beaucoup de précautions pour qu’il en soit ainsi.

En entrant dans la cuisine, une bonne odeur de café chaud et de pain grillé me chatouilla les narines. Je découvris un petit mot sur la table:

« Tout va bien. Bonne journée
A ce soir. Bisous.
Martine »
P.S. N’oublie pas de débrancher la cafetière
et le grille-pain.

Amusé par ce rappel, je ne pus m’empêcher de dire comme si elle pouvait m’entendre:

– Oui… maman!

La journée se passait bien pour elle et pour moi. Elle m’avait envoyé un petit coup de portable avant de déjeuner. Le patron de l’agence et les collaborateurs étaient sympas. Elle serait de retour vers vingt heures trente.

Le dîner était prévu. Il me restait à mettre le couvert.

J’étais devant la télé quand j’entendis le bruit de la clé dans la serrure, suivi du « plouf » du sac qui tombe et du « clac-clac » des chaussures à talon que l’on enlève. Puis ce fut le bruissement de la veste qui s’accroche au portemanteau. Elle apparut tout sourire à la porte du séjour. Un rapide bisou et…

– Bonsoir Jean-Mich’ !… Tu vas ?… Moi ça colle, mais je suis crevée. Deux cent cinquante kilomètres… faut les faire quand même. J’ai soif et une faim de loup. Mais d’abord un pipi.

Ce qui ne me surpris pas connaissant ses habitudes au retour à l’appartement.

Puis, pendant le « jus d’orange », elle me raconta sa journée et ses contacts avec les collègues. Je lançai la conversation sur son agitation de la nuit.

– Mon Dieu… quel cauchemar Jean-Mich’… Si tu savais !!
– Raconte… je saurai.
– C’est un concours de circonstances. Tu vois cette journée, ce voyage s’annonçait sans histoires. Mais la route que je ne connaissais pas me préoccupait quand même un peu, et je me suis endormie avec un tas de petits soucis possibles.

De plus la paella était vraiment un peu trop épicée et j’ai bu plus d’eau que d’habitude. Il y a aussi un détail important: quand ma petite chatte à eu du plaisir, ça lui donne peu après l’envie de pipi. Et hier soir, cochon chéri, tu t’es occupé d’elle sous la douche et encore au lit. On était « crevés » et je me suis endormie juste après, sans pipi, c’est là mon problème.

Il y a un moment que je roulais sur l’autoroute, et je sentais une envie pressante de vidange. Je me suis dit:

– A la prochaine aire de repos, je m’arrête.

Elle arriva. Je me gare et sur le chemin des toilettes « dames » un panneau indiquait : « Fermées pour travaux ». Coté « hommes », pareil. Il me restait les urinoirs. En temps normal, cela ne m’aurait pas gênée, surtout quand mon garde du corps m’accompagne. Pisser comme toi devant une stalle, loin des regards, en huit secondes, ne pose pas de problèmes « techniques ». Mais là… vraiment… les allées et venues étaient trop fréquentes, et de plus sans toi, j’aurais calé. Je décidai donc d’aller jusqu’à la prochaine aire en me retenant.

J’avais l’impression que l’autoroute traversait un désert. Je me demandais si je n’étais pas arrivée sur une autoroute des Etats-Unis tu sais comme on voit à la télé?

Plus d’aire de repos. Plus de station-service. Les voitures roulaient très lentement, et se touchaient presque. Plus de panneaux indicateurs.

Je sentais mon envie qui grandissait, et je pensais que j’aurais du malgré tout prendre des risques et me soulager aux urinoirs de la dernière aire de repos, quitte à être vue. Je ne pouvais même pas m’arrêter sur la bande d’arrêt d’urgence, il n’y en avait pas. Pas question de faire entre les portières sans arrêter la circulation et faire voir pourquoi. Pourtant il allait bien falloir trouver une solution

Je repris espoir en apercevant des arbres à l’horizon. Ce devait être un bois. Il devait bien y avoir un endroit où je pourrai m’arrêter. La route pour y arriver me parut interminable, le bois semblait s’éloigner au fur et à mesure que je roulais.

J’y arrivai enfin. Il y avait une zone d’herbe entre les arbres et la route et il y avait beaucoup de voitures d’arrêtées. J’en vis une partir et je pris sa place. Je m’aperçus qu’en bordure de ce bois il n’y avait que des hommes. J’observai bien si une femme ne descendait pas de voiture pour s’avancer vers les arbres. Je n’en vis aucune. Quitte à être seule, je descendis et avançais un peu dans le bois pour m’éloigner. Je crois qu’en marchant je perdais quelques gouttes dans ma culotte. Je m’empressais de lever ma jupe et de tirer sur l’entrejambe du slip, quand en levant les yeux, je vis que j’étais au milieu d’un cercle d’hommes qui m’observaient. Tu imagines la scène : moi debout, comme quand je suis dans la nature, cuisses et foufoune à l’air, au milieu de ce cercle de regards curieux et hostiles ? Surprise, vite, je me mis à courir vers la voiture pour m’y réfugier en attendant que tous ces hommes soient sortis du bois. Aucun ne sortait. Je pensais alors à la bouteille de Contrex vide et à l’entonnoir qui se trouvent habituellement dans le coffre. (Lire Pipi et… recyclables). Avec ça, assise sur le siège, la culotte enlevée, je pourrai faire sans attirer les regards. Mais dans le coffre, rien : ni bouteille, ni entonnoir. Je te maudissais de les avoir enlevés. De retour au volant, j’enlevais quand même cette culotte qui commençait à être humide. Il y avait deux possibilités: continuer la route dans l’espoir d’une solution, ou alors tant pis, m’installer entre les portières, aux regards de tous et au risque de ne pas pouvoir faire.

La crainte de ne plus pouvoir me retenir longtemps et d’être humiliée, me fis quand même choisir cette solution. Les deux portes ouvertes, je m’assieds sur le bord de la voiture sous les regards de ceux qui étaient devant et derrière moi, comme si ils m’attendaient. Malgré mon envie de plus en plus urgente… rien ne venait. Je cachais mes cuisses du mieux que je pouvais, gênée par ces regards qui attendaient. Je me mis à crier :

– Mais ne me regardez donc pas… soyez sympas à la fin… vous ne voyez pas que je suis ennuyée ?

Rien n’y faisait. Je dus donc, sans culotte, reprendre le volant, me demandant comment j’allais résoudre mon problème.

J’étais complètement perdue, affolée. Je ne savais plus où j’étais. Un espoir survint. La route entrait en ville. Je trouverai bien un café, des toilettes ou quelque chose où je pourrai enfin pisser tranquille. Il se faisait tard, le soir tombait. Je vis un immense panneau tout éclairé marqué « HOTEL ». J’étais sauvée. Là j’allais trouver sans doutes un concierge sympa. Ce sera peut-être même une femme. Alors tant pis. Je quitte la file interminable de voitures et me range devant l’hôtel. J’entrai. L’endroit était peu accueillant. Derrière un comptoir crasseux il y avait une femme très forte, habillée tout en noir, et les cheveux très courts. Quand même, pleine d’espoir, je lui expose mon problème et elle me répond :

– Ici les toilettes ne sont que pour ceux qui prennent une chambre.

En plein désarroi, sans réfléchir je prends une chambre, elle me tend une clé et me montre du doigt l’escalier vers l’étage. J’eus beau faire le tour de la chambre : pas de toilettes, même pas de douche ou de lavabo qui éventuellement auraient pu accueillir mon pipi. Dans le couloir, je vis une porte marquée « Toilettes » et fixé sur cette porte avec une punaise un papier crasseux sur lequel on pouvait lire écrit maladroitement : « Les sanitaires ne sont ouverts que le matin de 8 heures à 8 heures 15 ». Quelle catastrophe ! Je ne pouvais quand même pas pisser par la fenêtre qui donnait sur la route ? Elle était d’ailleurs trop haute et je me voyais mal faisant l’acrobate sur le rebord.

Il faisait nuit, je ne savais pas où j’étais. Je décidai d’essayer de dormir en attendant demain 8 heures, heure des toilettes. Peut-être que mon envie s’estompera si je parviens à m’endormir.

Je me déshabille un peu et me mets au lit. Tout en dormant je croyais voir l’éclairage de la route. Je dormais mal pensant toujours à me contenir.

Soudain, je n’en puis plus, et malgré mes efforts ma vessie commença à se vider dans le lit de cet hôtel sordide. Alors, je sursautais, je m’éveillais complètement pour réaliser que je n’étais pas à l’hôtel mais dans notre chambre, que ce n’était pas l’éclairage de la route mais celui des lampadaires sous nos fenêtres, que tu étais là et que… c’est dans notre lit que j’étais entrain de pisser.

Cela me réveilla complètement. Je bondis hors du lit et en passant ma main entre mes jambes, je sentis que j’étais sèche, que ce n’était qu’un cauchemar. Je voulus quand même en avoir le coeur net, c’est alors que j’ai allumé mon chevet et que j’ai vérifié en tirant le drap.

C’était en fait un avertissement, car j’avais effectivement une sacrée envie et tu ne peux pas savoir comme c’était bon de me laisser aller sur la cuvette et de te rejoindre après dans un lit chaud et sec.

– Quand je t’ai entendu te plaindre et remuer, puis sauter hors du lit si vite, j’ai cru que tu étais malade. Quand tu as allumé ta lampe et vérifié le lit, je me suis demandé pourquoi tu voulais refaire le lit à une heure pareille.
– Fous toi de moi en plus… C’est vrai qu’hier soir j’ai bu plus que de coutume. De plus en redescendant du « septième ciel », je n’ai pas été faire un petit pipi comme d’habitude. Mes craintes de voyager sur une route que je ne connaissais pas ce matin, plus cette grosse envie inconsciente m’ont donné ce cauchemar avertisseur. C’est du psychosomatique à l’envers quoi… aussi je t’assure que ce matin avant de partir, j’ai vérifié si dans le coffre il y avait bien la bouteille de Contrex vide et l’entonnoir. Je n’aurais pas pris la route sans cela après une nuit pareille.
– Et tu as eu à t’en servir?
– Non… j’ai trouvé dans un petit bled un petit bar sympa où un autocar de touristes faisait la pause-déjeuner. J’ai commandé un « expresso » et j’ai fait un gros pipi relaxe dans des toilettes bien propres coté « dames ». J’ai fait la même chose au retour. Tu vois, que du bon et du banal. Mais j’ai une bonne faim… On mange ?… Puis, tiens… et si on prenait notre douche ensemble ?… je te ferai voir ce qui a faillit t’arriver cette nuit… O.K. ?

Jean-Michel et Martine
Janmich59@aol.com

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