Novassa (Vargala – 2) 11 – Fédora piégée par Nicolas Solovionni

Résumé du chapitre précédent : Tandis que la police fédérale poursuit son enquête musclée sur Mabilla à propos du piratage du Siegfried 7, Le Vienna commandé par Leiris Misdas se pose sur la planète et réussit non sans mal à s’acquitter de sa mission commerciale….

11 – Fédora piégée



Fédora en route vers Simac3

– Je vous conseille de rester à bord, Vargala-Station n’est pas un endroit pour vous ! Avait indiqué le capitaine Aaven à la comtesse Fédora Ivanovna, je vais tout de suite décharger ma cargaison et je vais regarder si parfois, il n’y a pas une demande de transport pour Simac3.

En fait Vargala aurait peut-être pu être « un endroit pour elle », mais il n’avait surtout aucune envie de la perdre. Il n’y croyait pas trop, mais au cas où il n’y aurait rien, il trouverait bien de quoi remplir ses cales afin de les revendre là-bas ! Quand on est marchand, on est marchand ! Mais la chance lui sourit, une annonce pas vraiment récente apparut quand il consultât la base de l’astroport :

« Capitaine nouvellement retraité, recherche transporteur pour lui livrer matériaux de construction, mobiliers, appareils etc… sur Simac3, Le tout est disponible au dock 28. Faire appel pour une équipe d’ouvriers du bâtiment »

Il valida l’annonce, versa une caution, obtint le code pour débloquer le dock, et lança une annonce urgente pour la main d’œuvre demandée en précisant qu’il repartait dans 36 heures !

Le vieux Romuald avait donc pris sa retraite ! Quelle chance inouïe ! Ce qui l’interpellait malgré tout c’est que personne n’ait été intéressé par l’annonce ! Evidemment, il y avait le retour, on revenait sans fret, la planète n’avait rien à exporter hormis ses homards et ses crabes géants à la chair savoureuse et recherchée. Une compagnie exploitait ce marché, mais il était toujours possible de faire de la contrebande. Mais était-ce bien nécessaire ? Il réussit malgré tout à dégoter des filets métalliques et des harpons anesthésiants, quant au stockage, il pouvait sans problème, réfrigérer une ou plusieurs cales ! Mais tout ça c’était au cas où les choses ne tourneraient pas comme il l’espérait car en fait, il flairait le gros coup, se disant qu’une aventurière ne se balade pas ainsi de planète en planète sans avoir un but bien précis ! Et le fait qu’elle n’en parlait jamais renforçait sa conviction. Quand il saurait ce qu’elle cherchait, il la doublerait, sans aucun scrupule !

Le temps d’accomplir certaines formalités, Aaven fut ravi de pouvoir annoncer à la comtesse Fédora et à Constantin qu’il allait les conduire sur Simac3

Fédora et Aaven sur Simac3

Parvenue sur Simac3, Fédora demanda un entretien avec Pacheco, ce qui provoqua la stupeur (peut-être feinte) du fonctionnaire de service.

– Pacheco, c’est qui ?
– La personne qui a écrit un livre sur les précurseurs
– J’ai la liste de tous les résidents de la planète. Il n’y a aucun Pacheco.

Fédora ne se sentait pas bien. Peut-être le bonhomme était-il enregistré sous une identité différente ?

– On m’a dit qu’il était sur l’île de Gora !
– Gora ! Mais ce n’est pas de notre juridiction, je vais vous donner le numéro d’accès.

Tout cela paraissait bien compliqué pour la Comtesse qui composa le numéro.

– Ici le secrétariat du sanctuaire de la présente réincarnation de Sainte Artémise, que puis-je pour vous ?

Le visiophone ne renvoyait aucune image, juste le son.

– Hein ? Le Quoi ?
– Le secrétariat du sanctuaire de la présente réincarnation de Sainte Artémise.
– Ah ? Je suis à la recherche de Juan Pacheco.
– Veuillez exposer votre requête complète.
– Je suis journaliste et je désire m’entretenir avec lui.
– A quel propos ?
– Je suis obligé de vous répondre.
– Oui.

Elle s’expliqua donc. Pacheco surpris et amusé qu’on vienne l’interviewer à propos de son vieux bouquin accepta sans problème. La comtesse demanda à Constantin de l’accompagner, et l’un des hommes d’Aaven les conduisit en barge jusqu’à la résidence de l’aventurier.

De sa chambre, Rachel rêvassait en regardant le paysage. Elle vit la barge arriver et se poser sur un emplacement prévu à cet effet à une bonne centaine de mètres de là. Elle n’y prêtait pas trop attention, des barges, il s’en posait souvent, il fallait bien ravitailler tout le petit monde qui vivait ici… La silhouette habillée de noir qui descendit de l’engin attira néanmoins son attention. Une femme dont elle ne pouvait à cette distance distinguer les traits, mais dont l’allure lui rappelait Fédora… Idée stupide, que ferait Fédora ici ? Elle resta néanmoins fixée sur ce lointain personnage, se désintéressant complètement de l’homme qui semblait l’accompagner.

– Non, ne nous attendez pas ! Indiqua la comtesse au pilote, nous ne savons pas pour combien de temps nous en avons. Je préviendrai le capitaine Aaven pour qu’il vienne nous rechercher…

La barge redécolla. Karita accompagnée de deux gardes vint au-devant des deux visiteurs et le groupe se rapprocha de la bâtisse principale. Rachel voyait mieux à présent, plus la femme se rapprochait, plus la ressemblance avec Fédora s’affirmait… Par contre son compagnon ne lui disait rien, mais il n’était pas évident pour elle de reconnaître Constantin qui s’était fait pousser et teindre ses cheveux… Et puis, soudain, Rachel eut la certitude qu’il ne s’agissait pas d’un sosie, c’était bien de Fédora qu’il s’agissait. Et si elle était là, c’était pour venir la libérer, ce ne pouvait pas être autrement… Mais comment avait-elle remonté sa piste ? Elle évacua cette question qui n’était pas la plus urgente. Il fallait maintenant tout de suite qu’elle trouve quelque chose pour se faire reconnaître… Crier n’était peut-être pas la meilleure chose à faire… Elle attendit que Fédora disparaisse de son champ de vision et courut prévenir Florentine.

– La fille avec qui j’avais sympathisée sur le Siegfried 7 quand il a eu l’histoire de la cloison…
– Oui ! Et ben ?
– Ben, elle est là !
– Non tu dois rêver ! Comment elle aurait fait pour te retrouver ?
– J’en sais rien, mais elle est là !
– Tu dois te tromper !
– Non ! Je suis très physionomiste, je n’oublie jamais un visage.
– Et en admettant, elle va faire comment pour nous libérer ?
– J’en sais rien, elle va peut-être négocier, payer une rançon…

Instinctivement Florentine regarda par sa propre fenêtre…

– Elle serait venue comment ? Je ne vois pas de barge !
– Sa barge est repartie…
– Alors elle vient nous libérer mais elle renvoie la barge ! Tu as confondu, Rachel, tu devrais te reposer…

Effectivement, quelque chose clochait… Fébrile, elle abandonna sa camarade et gagna les cuisines, l’endroit lui semblant le mieux placé pour la suite…

Pacheco, flanqué de Karita, fit asseoir ses visiteurs dans de moelleux fauteuils, on fit les présentations, et sans attendre il demanda à Fédora d’entrer dans le vif du sujet.

– Voilà, j’ai lu votre livre avec grand intérêt, mais mes amis et moi sommes persuadés que vous n’avez pas tout dit, que vous n’avez pas pu tout dire. Nous pensons que le moment est venu de nous aider à avancer dans notre quête…

Alors, elle raconta tout ce que Dietrich lui avait appris. Elle y mettait de la conviction, il fallait absolument que Pacheco parle. Mais pour l’instant il n’avait pas l’air d’accrocher, et restait d’une impassibilité de marbre devant les propos de son interlocutrice.

– Je vais vous décevoir, madame, je n’ai aucun secret à dévoiler…
– Monsieur Pacheco, le fait que vous ayez un secret à dévoiler est implicite dans votre livre.
– Ben, oui, il fallait bien que je trouve un truc pour que les gens accrochent… Quand j’ai été désigné pour participer à la campagne de recherches sur les précurseurs, j’y croyais à fond, je me disais que c’était la chance de ma vie, et que j’allais vivre quelque chose de formidable, je me suis donc mis à noter… Et c’est là que je me suis rendu compte que cette mission n’avait ni queue ni tête, on nous faisait sortir, prendre des photos de sites complètement naturels, des pitons rocheux, des coulées de lave, des ravines, rien qui ait des rapports avec les précurseurs, parfois on restait des semaines enfermés dans le vaisseau, sans sortir. En fait les officiers n’y croyaient pas à cette mission, et ils tuaient le temps en nous faisant faire n’importe quoi. Alors je me suis mis à douter, j’ai parlé de la colonne de Kékolo, personne ne l’avait vu dans notre groupe. Certains murmuraient qu’elle n’existait peut-être même pas, ou alors qu’elle avait été construite par les services secrets de l’empire à fin de propagande…
– Voilà une chose qui n’est pas dans le livre ! Remarqua la comtesse.
– Ben, oui, je n’allais pas casser un mythe sans avoir des arguments solides… Et puis faire un livre où je me contenterais d’expliquer que les responsables de la mission n’y croyaient pas, ça n’aurait jamais marché… alors j’ai romancé, j’ai raconté qu’ils avaient trouvé quelque chose, mais que ce devait être important, tellement inattendu, tellement surprenant qu’ils n’avaient pas osé le rapporter sur Terre, et qu’ils donnaient le change à coups d’explorations bidons.
– Quelque chose me dit que c’est pourtant la bonne version.
– Non ! Le bouquin a fait scandale parce que je m’en prenais à la conscience professionnelle d’un corps d’élite. J’ai voulu me défendre, j’ai dit des choses que je n’aurais pas dû dire, alors il y a eu une véritable cabale contre moi, et je me suis retrouvé quelques mois en tôle…

Fédora se demanda comment relancer la conversation. Le bonhomme semblait un dur à cuire.

– Vous avez visité combien de planètes dans le cadre de cette mission ? Heu… Excusez-moi, j’ai un petit peu soif, serait-ce abuser de vous demander un verre d’eau ?
– Pardonnez-moi, je manque à tous mes devoirs ! Du thé peut-être ? J’en ai d’excellents ! Karita, tu t’en occupes !

Karita s’éloigna quelques instants et tapota quelque chose sur un appareil portable.

– Du thé pour quatre personnes ! Afficha l’écran de la cuisine.

Voilà l’occasion que Rachel attendait !

– Je m’en occupe dit-elle !
– Mais, c’est moi qui suis de service ! protesta mollement une autre fille.
– Je t’expliquerai… se contenta-t-elle de répondre, attrapant au passage un tablier de soubrette et une petite coiffe blanche avant de préparer les tasses.

Il fallait maintenant qu’elle se montre à Fédora en s’efforçant de rester impassible… Elle verrait bien comment les choses se passeraient ensuite.

La porte s’ouvrit, libérant une belle soubrette blonde tenant un plateau sur sa main. Fédora regarda, regarda mieux, n’en crut pas ses yeux, et commit l’irréparable erreur de crier :

– Rachel ! Mais qu’est-ce que tu fais là ?
– Je sers le thé ! répondit cette dernière.
– Vous vous connaissez ? demanda Pacheco par réflexe.

Et puis tout alla très vite, il ignorait bien sûr que Fédora ne savait même pas que les filles qui l’entouraient étaient prisonnières. Il ne retint que ce qui pour lui ne pouvait être une coïncidence. Cette femme était venue pour libérer sa copine, et quelque chose n’avait pas fonctionné comme prévu… On verra ça plus tard, en attendant pas question de laisser cette comtesse et son acolyte en liberté. Ils parleront, et dans ce cas précis l’extraterritorialité de sa résidence n’entrerait pas en ligne de compte pour des intervenants musclés.

– Rachel, retourne en cuisine, Gardes ! Vous enfermez ces deux personnes séparément et sans violence, vous leur confisquez tout ce qui peut servir à communiquer. Gueula-t-il dans le micro.

Leurs protestations n’y firent rien et ils furent ainsi conduits vers deux chambres condamnées du deuxième étage.

– J’ai failli me faire avoir ! dit-il s’adressant à Karita, puis il se rendit compte que cette hypothèse n’aurait sans doute pas déplut à la jeune femme.

Il la renvoya… Resté seul, il prit conscience de son extrême isolement. Il n’avait personne à qui se confier, les filles s’accommodaient plus ou moins bien de leur situation, certaines étaient plus philosophes que d’autres, mais aucune n’avait ne serait-ce qu’un gramme de sympathie envers lui. Même pas Karita, surtout pas Karita. Quant aux gardes, il les méprisait profondément et n’avait jamais essayé d’avoir avec eux d’autres relations que celle d’employeur à salarié, sans doute avait-il eu tort… Car maintenant il lui fallait gérer cette crise… Que faire de ces deux personnages grotesques qui étaient venu l’espionner ? Son territoire n’étant pas intégré à la fédération, il jouissait d’une théorique impunité sur ses actes, mais qui ne s’exercerait peut-être pas dans l’affaire des disparus du Siegfried 7, c’était bien ça le problème. Sinon il pouvait se permettre de trucider n’importe qui en toute tranquillité, mais ce n’était pas le genre de Pacheco. Obsédé sexuel, receleur de femmes, certes, mais il n’avait rien d’un sadique, ni a fortiori d’un criminel compulsif. (même s’il n’avait pas hésité à trucider son prédécesseur en ces lieux)

Les questions défilaient dans sa tête ! Rachel et la comtesse essaieraient fatalement de se revoir ? Comment empêcher ça, il n’avait pas assez de gardes ? Ou alors il fallait en embaucher de nouveaux, pourquoi pas ? La personne qui avait conduit Fédora jusque sur cette planète finirait sans doute par s’inquiéter de ne pas la voir revenir. Que ferait-il alors ? Et la barge, pourquoi l’avoir renvoyée ? Mais sans doute était-elle toute proche, prête à revenir ? Et puis surtout que faire de ces deux indésirables ? Les enfermer au deuxième étage, était-ce la bonne solution ? Les réponses, elles, ne venaient pas, il n’était pas question d’intégrer Fédora à son harem, pour lui, c’était déjà une femme mûre, et ce n’était pas du tout son truc, sans parler de Constantin et de son look d’inverti… Les isoler ? Il y avait, éparpillées aux quatre coins de l’île, des petites bâtisses dont il ne s’était jamais occupé. Sans doute la solution était-elle là, mais il faudrait tous les jours aller les ravitailler, lequel ravitaillement augmenterait en proportion, ce n’est pas lui qui payait, mais bon… Restait la solution consistant à jouer les grands seigneurs, faire conduire Fédora, Constantin, Rachel et Florentine jusqu’au port en expliquant qu’il ne savait pas que les deux jeunes filles provenaient de l’agression du Siegfried 7… Encore une fois, ça ne lui coûtait rien, mais les choses ne seraient pas si simples, on voudrait savoir comment elles étaient arrivées là… Impliquer Bugler était trop dangereux pour lui…

Il prit donc la décision la moins mauvaise qu’il avait trouvée, les deux importuns seraient donc isolés dans l’une des bâtisses éloignées de l’île et ravitaillés chaque jour… Jusqu’à ce que Bugler ou un autre lui propose un nouvel échange de femmes, à ce moment-là, il les lui refilerait… en solde. Mais avant il essaierait d’en savoir un peu plus.

Comme Constantin lui paraissait plus vulnérable, il décida de commencer par lui, et après l’avoir fait ligoter comme un saucisson sur une chaise, Pacheco, l’apostropha.

– Bon alors, oui, tu réponds gentiment, sinon, selon la formule consacrée, nous avons les moyens de te faire parler…

Ce serait facile, le pauvre gars était blanc comme un igloo et tremblait comme une feuille.

– C’était quoi exactement votre plan ?
– Je ne suis que le secrétaire de Madame la Comtesse, elle venait pour avoir des renseignements sur les précurseurs.
– Oui, ça c’est le prétexte, mais le plan pour repartir avec cette nana ?
– Il n’y a pas de plan, c’est le hasard…
– Ben voyons… tu changes de tactique où je te laisse un quart d’heure avec ce gentil monsieur, répondit Pacheco en désignant le garde.
– Je dis la vérité ! Balbutia le pauvre Constantin.
– Où est votre barge ?
– La Madame la Comtesse l’a renvoyée.
– Pourquoi ?
– Elle pensait que plus on resterait de temps ici, plus elle aurait de chances de vous faire livrer les secrets de votre livre.

Cette réponse spontanée troubla l’aventurier, elle n’était ni improvisée, ni préparée… Se pourrait-il alors que Fédora soit vraiment venue que pour ça ? Mais ça ne changeait que peu la donne, il n’était pas question que ces deux personnes soient remises en liberté… il n’était pas question de prendre le risque qu’ils parlent.

– Détache-le et donne-lui à boire, on n’en saura pas plus ! ordonna Pacheco
– Chef, si je peux me permettre…
– Silence !

Il attendit la nuit pour les transférer dans une annexe du domaine. Restait Rachel qui ne manquerait pas de se poser des questions, mais pour ça, il avait son idée…

Fédora avait indiqué à Aaven qu’elle ignorait le temps que lui prendrait sa « mission ».

– Ça peut être plié en une heure, mais si le courant passe bien et que le mec veut m’inviter, à ce moment-là, ça pourra durer vingt-quatre, voire quarante-huit heures… Mais de toute façon, je vous préviendrai…

Aaven jubilait, cela voulait dire que dans deux jours au pire, elle reviendrait sans doute avec un secret qui vaudrait son quintal d’or. Il suffisait alors de trouver le moyen de la doubler… Il se regarda dans un miroir et se dit qu’il était quand même une sacrée crapule, mais ça ne le déstabilisa pas le moins du monde.

Après une première journée, il s’inquiéta quand même un tout petit peu du silence de la comtesse, mais il se dit qu’elle devait être en pleine réalisation de sa quête, il ne s’agissait pas de la déranger…

Pacheco résolut de prendre les devants et convoqua Rachel et Florentine :

– Je vais être très franc avec vous, je suppose que votre amie avait l’intention de vous libérer, ben c’est raté ! Rassurez-vous il ne lui sera fait aucun mal ! Je l’ai simplement isolée dans un autre coin de l’île, elle sera bien traitée, elle et son compagnon.
– Comment voulez-vous que je vous croie ? répliqua Rachel.
– Je ne suis ni un tueur, ni une brute !

Pacheco en avait marre, plus que marre de l’image qu’il donnait… piqué au vif, il répliqua à la jeune fille :

– Demain, je vous prouverai qu’elle est vivante, bien traitée et en excellente santé…
– Demain, vous aurez trouvé une autre explication à sa disparition.
– Foutez-moi le camp, vous m’agacez !
– Il n’y a que la vérité qui vexe ! conclut Florentine.
– Gardes, donnez immédiatement vingt coups de paddle à cette dinde ! Eructa Pacheco hors de lui. Et enfermez l’autre dans sa chambre…

Il était très rare qu’il donne ce genre d’ordre. Mais là elle l’avait énervé. Un grand gaillard la força à se coucher sur ses genoux et l’immobilisa. Florentine commença par se débattre, puis pris conscience que ça ne servirait à rien et devint passive. L’autre garde apporta un paddle, le passa à son collègue qui commença à frapper les fesses de la jeune femme qui se mit à hurler, à piailler, à sangloter. Au septième coup, Pacheco stoppa le bras du garde.

– Excuse-toi et on en reste-là ! proposa Pacheco.

Il ne serait resté que deux ou trois coups, Florentine par fierté aurait sans doute refusé… mais là il en restait treize…

– Je m’excuse… soupira-t-elle.
– On ne s’excuse pas soi-même, mais bon ça ira, donnez-lui à boire… Et après on dira que je suis méchant…

Pacheco bandait ! Etait-ce le spectacle sadique de la flagellation de Florentine ou le fait qu’il se donnait maintenant le beau rôle… Allez savoir…

– Bon ça va mieux ?
– Ben, vous voyez je suis en pleine forme ! Ironisa la belle rousse.
– Ça tombe très bien, j’allais te demander de me faire une pipe !
– Maintenant, là, tout de suite ? Essaya-t-elle de temporiser.
– Ben, oui, maintenant, là, tout de suite !
– Alors, allons-y pour la pipe ! répondit Florentine, piégée et résignée

Déjà, il s’était débarrassé de ses vêtements du bas, libérant une queue effectivement fort tendue. Ne souhaitant pas s’éterniser sur la chose, elle choisit de l’emboucher tout de suite sans aucun préalable. Cela faisait un moment qu’il ne l’avait pas désignée pour ses petites récréations sexuelles. Elle se mit donc à pomper le sexe de son geôlier avec une certaine énergie et sans trop d’illusion, elle savait qu’il ne jouissait que fort rarement de cette façon. Cette affaire allait se terminer en sodomie, mais se disait-elle, plus il sera excité moins ça durera longtemps… Et puis par pure bravade, elle lâcha soudain l’engin, demandant de façon ingénue :

– Vous n’avez vraiment pas peur que je vous morde ?
– Non parce que tu connais le tarif !

Pacheco n’aima pas cette réflexion, réveillant chez lui une vieille crainte. Un garde n’était jamais loin, et si une fille s’amusait un jour à ce genre de choses, ces gorilles avaient pour instruction immédiate de faire déchiqueter la fille vivante par les crabes géants qui pullulaient de l’autre côté de la muraille ! Est-ce que vraiment une fille pouvait être assez folle pour se suicider ainsi ? N’empêche que la réflexion de Florentine avait diminué sa vigueur. Ce n’était pas le but de l’opération et elle entreprit de refaire raidir l’objet de plus belle en employant tout son savoir-faire.

– C’est bon, tourne-toi !
– Je l’aurais parié !
– Il faudra que je te bâillonne, toi…
– Faire une pipe bâillonnée, ce n’est pas facile ! répliqua-t-elle.
– Toujours le dernier mot, hein ! Garde, voulez-vous appliquer un bâillon à cette charmante personne, juste le temps que je l’encule !

Le garde ne voyant pas avec quoi il pourrait faire une chose pareille, finit par jeter son dévolu sur la culotte de la belle, qui ne protesta plus et se retrouva avec son string enfoncé entre les lèvres. Pacheco content de son coup, humecta ensuite l’anus de Florentine à grands coups de langue.

– Ton cul ne sent pas vraiment la rose, aujourd’hui ! Commenta-t-il
– Pffoufouf…
– Je ne t’ai pas demandé d’essayer de parler…

La vue des fesses, de la rousse et l’odeur de son cul le rendaient fou, Il la pénétra facilement, la lima quelques minutes avant d’éclater, de se mettre à souffler et de rejoindre son fauteuil pour récupérer ! Il indiqua à Florentine qu’elle pouvait retirer son bâillon et aller se reposer, et donna instruction aux gardes de déverrouiller la porte de Rachel.

– Ça a l’air d’aller, s’étonna cette dernière voyant sa camarade venant lui rendre visite. Il ne t’a pas fouetté alors !
– Si, mais il s’est arrêté au sixième ou au septième coup, je ne me souviens même plus… Après il a fallu que je le suce et il m’a enculé, mais sinon tu vois ça va…
– Un jour, on lui fera payer tout ça…
– Tu sais je pense qu’en fait il est plus bête que méchant…
– Tu me surprendras toujours !

Le lendemain, le capitaine Aaven commença à trouver ce silence suspect, il attendit que quarante-huit heures terrestres pile se soient écoulées pour appeler. Mais ni la radio de Fédora, ni celle de Constantin ne répondait… Un contretemps ? Mais pourquoi ne l’avait-on pas prévenu ? Ou alors la mission s’était terminée par le pire des échecs, celui de l’élimination des aventuriers… Il s’avoua n’avoir que peu évoqué cette éventualité. Pour lui, voir une femme qui n’avait aucune formation militaire arpenter le chemin des étoiles, cela supposait une mission sans doute hardie mais facile… Il décida de se donner encore vingt-quatre heures…

– Prends ça ! ordonna Pacheco à Rachel en lui tendant un émetteur récepteur vidéo.

Ne comprenant pas, la jeune fille prit l’appareil et comme on le lui demandait appuya sur une touche. L’écran s’illumina et elle vit alors apparaître le visage de Fédora…

– Fédora, tu vas bien ?
– Ça pourrait aller mieux, mais ça pourrait aller pire, on m’a emmené dans une petite baraque, je ne sais où, on nous donne à manger, à boire…
– Tu venais me chercher ?
– Bon, ça va, vous êtes rassurée, maintenant, vous pourrez communiquer toutes les semaines quelques minutes… Alors je suis toujours un tueur ? marmonna Pacheco en coupant la liaison.
– Excusez-moi ! marmonna Rachel
– On ne s’excuse pas soi-même, répliqua l’aventurier qui ne se gênait pas pour répéter souvent la même chose.

« Toujours rien  » fulminait le capitaine Aaven ! Aller voir sur place était selon lui extrêmement dangereux. Par contre, rien ne l’empêchait d’appeler ce Pacheco, s’il daignait répondre…

– Je suis sans nouvelle de deux personnes qui désiraient vous interviewer puis repartir comme passager sur mon vaisseau…
– Ah oui, une comtesse d’un certain âge et un jeune homme…
– D’un certain âge, non, elle n’a que quarante ans, ne put s’empêcher de répliquer le capitaine.
– Que voulez-vous savoir ?
– Je vous dis, je n’ai pas de nouvelles…
– Ces gens-là ne sont même pas restés deux heures, ils sont repartis.
– Repartis, mais comment ?
– Et bien, en barge ! Evidemment.
– Quelle barge ? Celle qui les a emmenés chez vous m’appartient et son conducteur est revenu à vide en me disant que ses passagers me tiendraient au courant…
– Mais je n’en sais rien, vous me demandez ce qu’ils sont devenus, je vous réponds qu’ils ne sont plus chez moi, le reste m’indiffère complètement. Je suppose que nous pouvons mettre fin à cette conversation maintenant ?
– Je ne vous crois pas ! répliqua Aaven, mais Pacheco avait déjà raccroché.

La catastrophe, c’était la catastrophe, il lui semblait certain maintenant que ce Pacheco avait éliminé froidement ses deux visiteurs. Aaven avait joué, il avait perdu ! A force de courir après des chimères, on se plante… Il ne ferait rien d’autre pour retrouver la belle comtesse sinon éventuellement le signaler aux autorités portuaires… Par contre il lui faudrait trouver du fret, heureusement qu’il avait eu la bonne idée d’apporter des harpons et des lances filets… A défaut de chasse au trésor… en avant pour la chasse aux crabes !

Aaven choisit cinq hommes parmi les plus solides, et embarqua dans deux barges. Après quelques centaines de kilomètres au-dessus d’un paisible océan, il repéra une île qui de loin avait un aspect bien tranquille. Les appareils se posèrent sur une espèce de petit surplomb rocheux, les crabes étaient là, placides, en grand nombre, à cent mètres de la berge. Impressionnants ! De grosses bêtes, d’au moins dix mètres cubes chacun. Les six hommes un peu surpris se regroupèrent avec leurs équipements.

– On va essayer de capturer ceux-là, ils sont un peu plus petits que les autres, je vais les tirer, dès qu’ils seront touchés, vous lancerez les filets et vous les placerez à l’écart.

Les cinq hommes s’avancèrent comme à la manœuvre, lance filet en main, séparés les uns des autres par trois mètres de distance.

– Stop ! cria Aaven.

Il lança le harpon sur le jeune crabe le plus isolé sur sa droite. Ce genre de modèle était théoriquement conçu pour transpercer des carapaces très solides, mais là, l’arme ripa bel et bien et son seul effet fut de faire sortir la bestiole de sa léthargie. Incapable de comprendre ce qui se passait, elle fit un mouvement vers la gauche pour recoller au troupeau. Aaven, tira une seconde fois, visant la même cible, avec autant d’insuccès… puis tout ce passa très vite, un premier gros crabe s’avança vers le petit groupe d’hommes. Il se déplaçait relativement rapidement pour une bête de ce poids et les chasseurs improvisés furent surpris, ils reculèrent de quelques mètres tandis qu’Aaven tenta de tirer contre l’assaillant… mal lui en pris, c’est cette fois l’ensemble des premiers rangs qui s’avançait, pinces coupantes en avant… l’un des hommes fut rattrapé et proprement déchiqueté en quelques instants, un deuxième tomba et fut piétiné par la horde. Les hommes rescapés tentèrent de fuir vers la droite. Mauvaise idée, ça ne menait nulle part et ils furent vite rattrapés par les crustacés, qui n’en firent qu’une bouchée. Seul Aaven, resté en arrière eut le temps de rejoindre in extremis l’une des barges et de démarrer en trombe…

Une catastrophe, il venait de perdre cinq de ses meilleurs hommes dans des conditions affreuses, ainsi qu’une barge, et en plus il repartirait sans fret, la chasse aux crabes géants de Simac3 ne s’improvisant décidément pas ! Il décida de faire enregistrer légalement les décès de ses cinq infortunés compagnons, alors qu’ici rien ne l’obligeait. Le fonctionnaire de police local, de permanence n’étant pas habitué à traiter ce genre de choses en référa à son chef. Le lieutenant Andersen, visiblement agacé de ce travail supplémentaire, ne fit aucun effort d’amabilité ni de compassion :

– Vous avez demandé l’autorisation à qui d’aller à la chasse aux crabes ?
– Pourquoi, il fallait une autorisation ?
– Evidemment ! répondit le fonctionnaire avec mépris.
– Et bien désolé, je l’ignorais…
– Ben voyons ! Je ne sais pas ce qui me retient de vous flanquer une amende.
– J’ai un autre souci, j’ai deux passagers qui sont partis rencontrer un certain Pacheco. Je n’ai plus de nouvelles, ils devraient être revenus et ils ne répondent pas sur la radio !
– Et qu’est-ce qu’ils allaient faire chez Pacheco ?
– Je ne sais pas, je ne leur ai pas demandé !

Andersen savait très bien quels genres de trafic passaient parfois par cet endroit, mais ici on fermait les yeux et les identités des équipages et des passagers n’étaient qu’à peine vérifiées que ce soit à l’arrivée ou au départ.

– Les gens qui se rendent sur le territoire de Pacheco, y vont à leurs risques et périls, cette partie de la planète n’est pas sous le contrôle de la fédération terrienne. Donc nos lois ne s’appliquent pas, donc je ne peux rien faire.
– Il faut que je m’adresse à qui ?
– A personne ! Vous pouvez aller faire un tour là-bas, mais je ne vous le conseille pas, si vos amis ont eu des ennuis, vous risquez d’en avoir aussi.

Le flic faillit mettre fin à la conservation, mais afin de donner l’impression à son interlocuteur que l’on prenait quand même ses déclarations avec sérieux, il demanda les identités des deux disparus :

– Fédora Ivanova et Constantin William.
– Je note, ne bougez, pas, pure routine, je vérifie quelque chose, vous avez les orthographes exactes ?
– Je pense, oui !

Le fonctionnaire se mit à blêmir, son écran lui renvoyait une information incroyable ! Tous les mois environ, les planètes de la fédération recevaient un certain nombre de fichiers à jour, les dernières informations de la fédération, la liste des vaisseaux en activité, mais aussi une liste de personnes disparues, recherchées, surveillées… et là venait de s’afficher devant les deux noms : « disparu dans le crash supposé du Siegfried 7 ». Le flic n’hésita pas, cette découverte pouvait lui apporter une promotion inespérée, encore fallait-il gérer tout ça convenablement ! Il appela deux de ces adjoints, et quand ils arrivèrent :

– Enfermez-moi ce type, ensuite vous bloquerez son vaisseau ici, le temps que la Terre me donne des instructions.
– Mais ça ne va pas ! Tenta de protester Aaven.
– Vous serez bien traité, mais le temps qu’on prévienne la Terre, qu’ils nous répondent, ça va bien chercher dans les deux mois… Il faudra bien que vous nous expliquiez pourquoi vous avez à votre bord deux personnes qui ont été portées disparues dans le crash du Siegfried 7.
– Mais je peux vous expliquer…
– Vous vous expliquerez, mais pas à moi… notre prison n’est pas si terrible que ça, vous savez, et puis il y a longtemps qu’elle n’a pas servi.

Aaven, complètement abattu, suivit ses geôliers, renonçant à se faire entendre…

Le « Petit Mont »

Cela faisait maintenant cinq jours que Fédora et Constantin avait été déplacés au « Petit Mont ». Cette baraque était une sorte de refuge que la papesse Artémise avait fait construire pour s’y retirer seule et y jouer les ermites, il y en avait plusieurs sur le territoire. Si le confort restait rudimentaire, on pouvait néanmoins y vivre si on n’était pas trop exigeant sur certaines commodités. Par contre la vue était splendide puisqu’elle dominait une grande vallée au fond de laquelle s’étalait un paisible lac.

– Il n’y a pas de clé, on ne vous enferme pas ! Avait dit le garde. Par contre, vous éloigner peut être dangereux. Tant que vous êtes en terrain dégagé, donc aux alentours immédiats du refuge, il n’y a rien à craindre, par contre si vous vous engagez dans les fourrés, vous pouvez vous faire bouffer.

On les ravitaillait tous les jours un peu avant le coucher du soleil local, en nourriture, et en bricoles diverses, on leur avait ainsi fourni des films, de la musique, des bouquins, mais malheureusement pas grand-chose intéressait Fédora là-dedans et encore moins Constantin… et comme ils n’avaient pour le moment pas le cœur à baiser, ils s’ennuyaient ferme.

– Il faut qu’on se trouve une activité ! Sinon on va devenir dingue ! Finit par dire la comtesse.
– Je crois plutôt qu’il faut trouver une façon de s’évader ! rétorqua Constantin
– A pied ? Ricana Fédora.
– Il faut trouver le moyen de piquer la barge des mecs qui nous ravitaillent.

Voilà un sens de l’initiative chez Constantin qui n’était guère habituel, mais sans doute les aventures qu’il avait vécues depuis quelques mois l’avait-il mûri ?

– Impossible ! Déjà il faut neutraliser les deux gorilles, et en admettant qu’on y arrive, tu la fais démarrer comment, ta barge ? Sous la menace ? On ne fait pas le poids mon pauvre vieux !
– Je te laisse cogiter sur la neutralisation des gorilles, comme tu dis parce qu’en ce qui me concerne, je peux faire démarrer n’importe quelle barge en me débrouillant tout seul. On apprend ça quand on nous enseigne les techniques de survie…
– Et c’est long !
– Pas très, non !
– Et bien on prend deux grosses pierres et on les assomme…

Elle avait dit ça en l’air, mais l’idée plut à Constantin et ils examinèrent donc la façon dont ils pourraient la mettre en œuvre. Il fut convenu que le signal serait donné par Fédora sous la forme d’un petit air sifflé et qu’ils prendraient alors chacun le sien en se servant de deux gros cailloux qui seraient en attendant disposés sur une chaise, sous un chiffon.

Mais c’était sans compter sur le professionnalisme des deux cerbères. Le soir lors de la livraison, ils purent se rendre compte que tous leurs gestes étaient calculés, l’un surveillait Fédora, l’autre Constantin. Ils se débrouillaient pour toujours avoir leur « cible » devant eux, jamais derrière. Ils évitaient aussi de se retrouver trop près l’un de l’autre, cela sans doute pour éviter les pièges collectifs… Bref l’affaire échoua lamentablement, ainsi que le jour suivant et celui d’après. Le plan « grosses pierres » fut donc abandonné.

Ils pensèrent alors à l’antique piège à sanglier, grand trou creusé dans la terre dans lequel il convenait de faire tomber les deux gardes… Mais ils s’avérèrent incapables de creuser ce sol constitué de roches trop dures…

Changeant de tactique, ils tentèrent de se faire les deux gorilles au charme et les accueillirent un jour tous deux complètement nus. Cela eut pour effet de dérider les deux costauds mais juste l’espace de quelques instants, ce qui était insuffisant pour faire fonctionner le plan…

Ils optèrent alors pour un plan « malade imaginaire ». Fédora s’abstint de manger pendant trois jours, et réclama un médecin. L’affaire ne parvint pas à faire diversion, les gorilles repartirent en promettant de revenir avec un docteur. Ils le firent le lendemain, et le docteur déniché on ne sait où diagnostiqua un simple manque de vitamines…

Après tous ces essais ratés, ils n’eurent pas d’autres idées. La cohabitation devenait parfois difficile, Constantin voulait absolument s’occuper en organisant le planning de la journée autour de repas à heures fixes, ce qui énervait Fédora qui, elle grignotait toute la journée… Ils s’essayaient aux jeux de société, mais Constantin se révéla un incorrigible tricheur. La libido étant revenue, de temps en temps, ils baisaient, mais les rapports étaient devenus mécaniques depuis que Constantin avait compris que Fédora n’éprouvait pas de sentiment particulier à son égard.

Tous les sept jours, l’un des gorilles prêtait son messcom portable à Fédora afin qu’elle puisse parler à Rachel. La conversation limitée à deux minutes se limitait à un « ça va, ça va ! ». Mais ça lui remontait le moral. Elle espérait simplement qu’on ne lui passait pas un leurre robotisé.

Elle avait réclamé de quoi écrire, on avait eu la bonté de satisfaire sa demande et depuis elle passait ses journées à noircir des feuilles. Constantin se dit de son côté que c’était une excellente idée, mais peu doué pour la littérature, il se lança dans le dessin, puis dans la sculpture sur bois, agaçant souvent Fédora à qui il demandait de poser nue.

– Je veux bien rester à poil pendant que tu dessines, mais je ne pose pas !
– Tu prives les générations futures de fort belles œuvres en t’obstinant de la sorte !
– Tu m’inquiètes, Constantin, tu m’inquiètes !

Vous aurez, chers lecteurs, deviné que ce couple hétéroclite, s’installait à présent dans la résignation, persuadé que cet exil serait long, très long…

– Si tu venais me lécher ? lui dit-elle ce jour-là.
– Pas tout de suite, je suis en train de finir un truc !
– Et bien tu le finiras tout à l’heure ton truc !
– Non, ça m’embête, je suis en pleine inspiration !
– Bon, il faut que je fasse quoi pour t’exciter, que je te fasse une danse du ventre ?
– Regarde, ça devrait te plaire !

C’est alors qu’il lui exhiba sa dernière trouvaille, il avait sculpté dans du bois tendre une jolie verge, mais elle manquait cruellement de réalisme et ses efforts pour figurer les veines saillantes n’étaient pas véritablement convaincants.

– C’est pas mal, mais tu dois pouvoir mieux faire…
– Je sais, c’est une ébauche, j’ai compris les erreurs que j’ai faites, le suivant sera mieux…
– Bon, tu viens t’occuper de moi, ou pas ?

Constantin fit semblant de ne pas répondre et continua à travailler sa sculpture sur bois.

– Quand ce sera au point, je te l’offrirai, mais je voudrais alors que tu l’essayes, que tu te le pénètres bien…
– Ça va pas, j’ai pas envie d’attraper des échardes…
– Il n’y en aura pas, ce bois se lisse très bien, il suffit de l’astiquer avec un peu de terre séchée…
– Tu vas devenir un spécialiste des bites en bois ! Mais pourquoi tu ne l’essayes pas sur toi ?
– Ce n’est pas exclu, en effet, mais je voudrais que tu sois la première utilisatrice !
– Et ça va être prêt quand ?
– Je sais pas, demain, après-demain… dans huit jours… dans un mois…
– Et pendant ce temps-là, je fais quoi, je m’astique toute seule ?
– Attends un peu, Fédora, là je n’ai pas envie, je suis tout à mon œuvre !
– Constantin, tu m’énerves !

Il ne répondit pas, continuant à travailler sa pièce de bois avec son couteau de cuisine… Fédora hésita entre l’envoyer promener ou l’allumer… Cette dernière proposition lui parut plus amusante, elle se déshabilla donc complètement devant lui, ne réveillant l’intérêt de l’homme que de façon toute relative, mais elle savait pertinemment ce qu’elle faisait…Une fois nue, elle quitta la pièce en dodelinant du cul, puis revint quelques instants plus tard avec une sorte de saladier qu’elle déposa au sol.

Elle s’accroupit ensuite au-dessus de l’objet et face à Constantin, se concentra quelques instants et se mit à pisser. Une grosse envie, le compotier fut vite rempli…

– T’as décidé de ne pas me laisser finir mon travail ! Finit-il par dire.
– Tout à fait ! Voyons l’état des choses…

Et ce disant Fédora testa la braguette de son compagnon d’exil, le paquet avait grossi, et il se laissait tripoter sans rien dire. Le pantalon fut vite baissé, et la comtesse emboucha rapidement le sexe semi bandé afin que d’habiles coups de langue et de savants mouvements de lèvres lui rendent une taille opérationnelle.

Le jeune homme était aux anges, mais depuis sa rencontre avec Fédora et ses ébats particuliers à bord du vaisseau de Paavo Aaven il s’était beaucoup enhardi… La comtesse fut quand même étonnée quand il l’entendit déclarer :

– Tu veux faire la cochonne, alors moi je vais être encore plus cochon que toi, je vais t’enculer, Fédora !
– Mais ce sera avec le plus grand plaisir, cher ami, seulement tu vas me sucer avant, répondit-elle, cessant pour ce faire sa fellation.
– Je te sucerai après…
– Non, avant !

Il n’insista pas davantage, Fédora se mit en position semi couchée, laissant ses mollets pendre du lit, et Constantin vint se positionner entre ses cuisses. De ses mains, il lui attrapa les tétons tandis que sa langue commençait déjà à donner de grandes lapées dans la vulve offerte de la comtesse. Le jeune homme était rempli de bonnes intentions et essayait de faire de son mieux, mais manquait cruellement d’expérience. Elle devait le guider, lu indiquer la bonne cadence… Quand enfin il daigna concentrer son énergie sur le clitoris érigé, elle ferma les yeux, cherchant à évoquer de mystérieux fantasmes afin d’aider le plaisir à monter. Curieusement parmi toutes les images qui se formaient dans son esprit, c’est celle de la très proche perspective de se faire sodomiser qui finit par libérer sa jouissance. Un moment abasourdie, elle reprit vite ses esprits, se retourna :

– Va chercher un truc un petit peu gras dans la cuisine pour me lubrifier, et encule-moi vite !
– J’y cours !

Là aussi, l’inexpérience de Constantin se révéla, il eut un mal fou à entrer, finit enfin par y parvenir, et par trouver la bonne cadence. Fédora se retrouvait toute contente de se faire ramoner le cul dans ces conditions, de nouveau l’excitation la gagnait. Mais le jeune homme ne sut tenir la distance et lâcha trop tôt sa jouissance… Il était néanmoins satisfait d’avoir réalisé ce fantasme, il se rendit dans le coin toilette afin de se nettoyer sommairement. Quand il revint, la comtesse se masturbait, les yeux fermés. Il décida alors de ne pas intervenir et s’amusa de la voir jouir de nouveau.

à suivre

nikosolo@hotmail.com

Première publication Février 2008. Revu et corrigé en septembre 2011 © Nicolas Solovionni et Vassilia.net

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3 réponses à Novassa (Vargala – 2) 11 – Fédora piégée par Nicolas Solovionni

  1. Enrique dit :

    Space Opera + érotisme = cocktail gagnant

  2. sapristi dit :

    Qu’est ce que c’est passionnant, ce truc là !

  3. Forestier dit :

    Encore un chapitre où l’aventure prend le devant et ces derniers rebondissement sont autant inattendus que passionnant. L’érotisme y trouve néanmoins sa place avec les fantaisies du vieux Pacheco dans son harem et celle de Constantin et des étranges sculptures sur bois.

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