Martinov 16 – Professeur Martinov et le Fidélitas – 6 – Travaux érotico-scientifiques par Maud-Anne Amaro

Martinov 16 – Professeur Martinov et le Fidélitas

 6 – Travaux érotico-scientifiques par Maud-Anne Amaro

 


6 – Travaux érotico-scientifiques

Mercredi 16 octobre chez Dereine

Michael Dereine n’était certes pas très malin, mais il avait de gros doutes sur la sincérité des intentions de fidélité de son épouse. Et dès qu’il put le faire en toute discrétion, il rechercha sur Internet les coordonnées d’un détective privé, et il lui demanda de filer Parma lorsqu’elle sortait en solitaire.

Ce même jour Parma eut besoin de consulter l’historique des consultations Internet et c’est ainsi qu’elle découvrit la requête de son mari.

– Allô, Luis ! Tu ne connais pas la dernière ? Ce con a engagé un détective pour me suivre.

Portillo aurait sans doute conseillé tout simplement à Parma de « faire avec », mais comme il devenait de plus en plus intéressé à titre personnel par les écarts de la jeune femme, il trouva bien mieux : il envoya un de ses bons copains « intercepter » le détective en plein travail et lui proposer moyennant un joli bakchich de conclure tous ses rapports journaliers par un laconique « rien à signaler ».

Mercredi 16 octobre à Louveciennes

– Je suis passé à la fac pour le résultat des analyses. Ça n’a pas été de la tarte, mais à priori il n’y a rien de dangereux là-dedans. Annonça Béatrice au professeur Martinov.
– Alors ?
– Ben alors : on va faire le test humain en réel.

Et devant les yeux ébahis du professeur pourtant habitué aux excentricités de sa collaboratrice, elle enleva son pantalon.

– Passe-moi la puce qu’on a initialisé, je vais la fixer sur ma culotte.
– Faut la recharger avant, ça dure une heure.
– Ce n’est pas un souci, on n’est pas obligé de respecter les horaires qu’il nous a indiqué, on lui dira qu’on a été obligé d’adapter…

Après la pause du déjeuner, elle retira sa culotte et la posa sur une chaise.

– Ta libido va bien ? Se moqua le professeur.
– J’en sais rien, quand je bosse, je bosse !
– Ce serait pourtant intéressant de vérifier !
– Toi, je te vous venir !
– Ça fait partie des tests, non ?
– Ce n’est pas indiqué !
– C’est implicite !
– A ben alors si c’est implicite ! On fait comment ?
– Tu vas voir, viens avec moi à côté ! lui demande-t-il en prenant de quoi écrire.
– Ah, bon !
– J’ai une idée. Répondit Martinov en branchant la radio sur une chaîne de jazz. Euh, tu crois qu’on peut danser sur cette musique ?
– Avec un peu d’imagination pourquoi pas ? Mais tu ne vas pas me dire que tu veux danser ?
– Si !
– Mais tu ne sais pas danser.
– On va le danser en slow, tout le monde sait faire ça !
– Je rêve !
– On y va ! Je reste en blouse ?
– Oui !

Spectacle insolite que celui du Professeur et de Béatrice tous les deux en blouse blanche, collés l’un contre l’autre et exécutant ce qui ressemble de loin à une danse très rapprochée

– C’est quoi le but de l’opération ? demande Béatrice.
– Tu vas voir !
– Attention tu me marches sur le pied, là !
– Pardon, je n’ai pas l’habitude !
– Ben ça se voit

Tout d’un coup, Martinov se décolle un tout petit peu de sa partenaire et lui déboutonne un premier bouton de sa blouse, puis il se recolle, et se redécolle à nouveau pour s’attaquer au second bouton.

Béatrice à défaut de tout comprendre imite le professeur et se met elle aussi à le déboutonner.

Et bientôt les deux blouses sont ouvertes, la différence c’est que sous le blouse de Martinov, il y a une chemise et un pantalon alors que sous la blouse de Béatrice, il n’y a qu’un soutien-gorge, mais plus de petite culotte.

– Je crois que j’ai compris finit par dire Béatrice en attrapant la ceinture de Martinov.

Et comme ce dernier ne dit rien, elle la dégrafe complètement. Le pantalon que plus rien ne retient dégringole sur ses chevilles.

– Attend je vais le retirer carrément !

Reprise des opérations, Martinov se met à peloter les seins de Béatrice tandis que les mains de cette dernière ont pris d’assaut le slip professoral.

Béatrice est maintenant complètement entrée dans le délire. » Un coup je me rapproche et un coup je m’éloigne ». Martinov a tôt fait d’avoir la bite à l’air et il bande plutôt bien. Quant au soutien-gorge de Béatrice il est allé valser de l’autre bout de la pièce. La voilà donc complétement nue !

Béa déboutonne la chemise de son partenaire, lui enlève, il ne reste qu’un infâme maillot de corps qu’elle lui fait passer par-dessus tête. Il ne reste plus à Martinov en guise de vêtement que sa paire de chaussettes.

Et voilà notre couple atypique maintenant à poil toujours en train de danser le slow au son des accords jazzy de piano et de contrebasse.

Encore quelques pas de danse, et Béatrice attrape les tétons du professeur et les serre entre pouce et index.

– Oui ! Murmure Martinov.
– T’aimes ça, hein ?
– Encore !
– Comme ça ?
– Oui !
– Ben, dis-donc, elle est bien raide ta bite !
– Si tu veux en profiter…
– Je ne sais pas, c’est toi surtout qui a envie !
– On va voir ! Répond-il en passante audacieusement une main sur sa chatte.
– Gros coquin !

Elle est mouillée, sans exagération, mais c’est un fait elle est mouillée.

Il se détache alors de sa partenaire et se dirige vers la table où il a laissé un stylo et une feuille.

– Tu fais quoi ?
– Je reviens.

Martinov écrit alors le plus sérieusement :

« 11 h 30 : l’utilisation du dispositif de Framboisert n’a mis en évidence aucune baisse de libido chez le sujet cobaye »

Intriguée, Béatrice regarde ce qu’il vient d’écrire et éclate de rire :

– Mais t’es complètement givré, mon petit professeur !
– Non, nous venons de faire un test scientifique ! Répond-il en s’efforçant de retenir son sérieux.
– T’es fada, mais c’est pour ça que je t’aime bien ! Lui répond-elle en lui faisant un très bref bisou amical sur les lèvres.

Et sans transition, Béatrice effectue une flexion des genoux, se retrouve avec son visage juste devant la bite de Martinov et se met à la branler.

– T’aimerais bien que je te la suce, hein ?
– T’es pas obligée !
– Je sais bien que je ne suis pas obligée, mais tu ne réponds pas à la question !
– Oui !
– Oui quoi ?
– J’aimerais bien que tu me suces !

Et c’est juste à ce moment-là que la radio changea de morceau. Elle diffusait maintenant quelque chose de beaucoup plus swing. Du coup Béatrice se releva.

– On se fait encore une petite danse, et après je m’occupe de toi.
– Mais je ne sais pas danser ça !
– Oh ! Pour une fois que je peux danser avec toi, tu ne vas pas me refuser ça, laisse-moi faire, c’est moi qui conduit, on va le danser en slow.

Et cette fois ils dansèrent collés l’un à l’autre, la bite du professeur écrasée contre le ventre de la jeune femme. Quant aux mains, elles n’étaient pas sur les hanches, mais sur les fesses, Martinov triturait vaillamment le popotin de Béatrice, laquelle lui rendait la politesse, elle avait depuis toujours un faible pour le cul des hommes.

Tout cela était, vous vous en doutez bien, fort excitant et notre vert professeur commençait à avoir la bite douloureuse.

Béatrice devenait de plus en plus entreprenante, écartant autant que la position le permettait les fesses de son partenaire, et jouant à lui toucher l’anus.

Elle retire une main, se mouille un doigt. Martinov a compris, il sourit aux anges et dix secondes plus tard il a le doigt de la blonde dans son cul qui gigote.

– Tu peux me faire pareil, si tu veux.

Il le fait ! Une nouvelle danse vient d’être inventée, le « trou du cul-slow » !

A la radio : nouveau changement de morceau, celui-ci se prête assez peu à la danse.

– J’ai envie qu’on essaie un truc, je vais t’expliquer.

Elle s’allongea alors de dos sur le canapé.

– Voilà, je vais ouvrir la bouche, et tu vas me baiser la bouche comme tu le ferais avec ma chatte. On essaie.
– Essayons !

L’affaire ne dura pas bien longtemps, le professeur amusé fit ce que Béatrice lui demandait, mais ces pénétrations profondes et répétées finirent par provoquer des hauts de cœur chez la jeune femme.

– Merde ! Quelle idée à la con, il y en a qui sont malades. Maintenant, je ne me sens pas bien, c’est dommage on s’amusait bien.
– Bouge pas je vais te chercher un oxyboldine.

Le professeur revint avec un verre dans lequel le cachet effervescent terminait de fondre. Puis notre couple de joyeux lurons se rhabilla sans se presser.

Un quart d’heure plus tard, Martinov demanda :

– Alors, ça va mieux ?
– Oui, oui, c’est fini ! C’est vraiment dommage qu’on ait déconné, on s’amusait bien, on était bien parti.

Le professeur eut un geste fataliste, voulant dire par là que ça n’avait rien de dramatique, mais Béatrice n’avait pas dit son dernier mot :

– Remarque, on peut toujours faire une petite reprise.

Et sa main vint caresser la braguette du professeur, lequel soudain goguenard et souhaitant aller droit au but, baisse immédiatement pantalon et bénard en arborant une bite demi-molle.

Flexion classique des genoux, la bite se retrouve devant les lèvres, puis dans la bouche. Quelques allers et-retours pour faire retrouver à ce membre viril sa vigueur nécessaire, puis une fois ce résultat obtenu, c’est la langue qui travaille seule, donnant de son extrémité de petits coups sur le gland, ce traitement a tôt fait de provoquer des frissons de plaisir au professeur.

– Mais t’as la bite qui mouille, mon cochon !
– C’est de ta faute, tu fais ça si bien.
– Ben oui, ça c’est de la pipe, hein ? C’est quand même autre chose que ces pratiques de sauvages ! Commenta-t-elle en faisant allusion à leur mésaventure de tout à l’heure.

Elle se relève, se déshabille complètement.

– Prends mes seins, je te les offre !

Voilà le genre d’offre que peu d’hommes se permettraient de refuser. Pas Martinov en tous les cas, car le voici en train de sucer le téton droit tout en caressant le gauche, puis le gauche en caressant le droit et ainsi de suite en une sorte de mouvement perpétuel.

– Viens à côté !

Il fallait bien l’intervention de Béatrice afin que ce léchage et tripotage de seins ne dure point trois heures !

Martinov est surpris quand il voit la jeune femme s’installer sur le canapé exactement dans la même position qu’il y a un moment.

– Tu veux recommencer ?
– Ah ! Non ! Mais un petit soixante-neuf, ça me dirait bien.
– Tu ne préfères pas que je sois en-dessous ?
– Pourquoi ?
– Parce que je suis plus lourd que toi !
– Ça devrait aller ! Allez viens mon petit professeur, je vais bien te sucer la bite pendant que tu me boufferas la chatte.

Martinov aurait préféré être en-dessous, d’abord parce que la position était moins fatigante, mais aussi parce qu’elle permettait à sa langue d’aller fureter du côté de l’anus en guise de conclusion.

Mais ne dit-on pas que les plaisirs se doivent d’être variés afin de rester des plaisirs ?

Le professeur adorait lécher les chattes surtout quand elles devenaient juteuses. Il se régalait alors de leurs goûts, de leurs odeurs, de leurs textures, balayant de la langue le délicieux fouillis des chairs intimes.

Et c’est exactement ce qu’il faisait, tandis qu’entre ses cuisses, Béatrice jouait de la langue avec son gland tandis que sa main masturbait la hampe par la base. A ce rythme, la jouissance ne saurait tarder et quand il la sentit proche, le professeur s’acharna sur le clitoris de la belle.

Osmose érotique parfaite, chacun est au bord de l’excitation tout en excitant l’autre. Les orgasmes seront-ils simultanés comme dans les films X ? Non car Martinov jouit avant, semble parti dans on ne sait quel paradis pendant une longue minute avant de reprendre ses esprits et son cunnilingus afin de permettre à Béatrice de le rejoindre dans les cieux.

Ils s’enlacèrent tendrement, avant de se rhabiller pour la seconde fois de la matinée.

… y compris la culotte

Comme précisé sur les instructions de Framboisert, elle la retira à 17 heures, la remit à 18 heures et à 19 heures, l’ordinateur rendit son verdict. Cette fois-ci les deux tranches horaires « sans culotte » figuraient clairement.

– OK, je suppose que son bidule est sensible à la température ambiante !
– Mais ça ne nous dit pas ce qu’il veut tester avec ça ! Et apparemment il n’y a aucun rapport avec la libido.

Ils eurent beau se creuser la tête, ils ne voyaient pas à quoi pouvait bien servir le dispositif de Framboisert.

– Il est tard, tu veux rester là pour la nuit ? Je te paie le restau si tu veux !
– Mais avec plaisir, mon petit professeur.

Jeudi 17 octobre

La nuit n’avait porté conseil ni à Béatrice, ni au professeur Martinov. En prenant le petit déjeuner, ce dernier en tira les conclusions :

– Le dispositif que nous a confié Framboisert n’est pas complet. Il nous cache un truc !
– On fait quoi ?
– Je sais pas ! Il va passer demain, on lui présentera notre prototype mais on ne lui donnera pas tant qu’il ne nous aura pas expliqué en quoi consiste ce machin.
– Et s’il nous bluffe !
– On avisera ! Par ailleurs même s’il nous donnait une explication satisfaisante, il est hors de question de lui fournir le protocole de fabrication tant que les règlements n’auront pas été encaissés.
– Justement, le règlement…
– On va marchander, je suppose qu’il va nous raconter une salade au sujet des 200 000 euros. On va le laisser venir, on a déjà 3 000 euros, si on double la mise ce sera déjà pas mal.
– S’il a l’argent sur son compte !

Vendredi 18 octobre

Martinov et Béatrice avaient minutieusement préparé l’entretien avec Framboisert… Mais ne dit-on pas que les choses ne se passent jamais comme on croit qu’elles vont se passer…

Par pure provocation Béatrice avait revêtu un petit haut très décolleté. Framboisert commença à écarquiller les yeux, puis à rougir d’abondance. Il choisit de détourner son regard avant de craquer.

– La présence de Mademoiselle n’est peut-être pas utile. Elle a peut-être du travail… balbutia-t-il.
– Je souhaite moi, que Mademoiselle Clerc-Fontaine participe à cet entretien. Répondit sèchement Martinov.
– Vous allez peut-être me trouver vieux jeu, mais je trouve que… que… non rien…
– Voici donc le prototype, et ce dossier : il comprend la description du protocole de fabrication et les résultats des tests, je vous laisse le consulter… Si vous avez des questions…

Framboisert se mit à tripoter avec fébrilité le petit étui :

– Ça me parait parfait !

Et tandis qu’il feuilletait le dossier, Martinov lui tendit une feuille !

– Lisez aussi ceci :

« Nous soussignons, Andrej Martinov et Béatrice Clerc-Fontaine, chercheurs indépendants, avons donné suite à la requête de Monsieur Framboisert Romain de confectionner un étui protecteur pour un dispositif électronique décrit par ce dernier comme un inhibiteur de libido.
Bien qu’il ne nous ait pas été donné comme mission de tester le dispositif lui-même, les essais effectués semblent montrer qu’il n’agit pas comme semble le laisser penser son propriétaire. Ce dispositif est donc soit incomplet soit destiné à une autre fonction.
En conséquence, estimant que la partie demanderesse n’a pas honoré son obligation de transparence, nous nous considérons comme délivrés de notre obligation de secret professionnel et désengageons notre responsabilité de toute conséquence de l’utilisation du dit dispositif.
Monsieur Framboisert Romain déclare avoir lu et approuvé la présente. »

Pour une fois Framboisert n’avait pas rougi. Non, il était blanc comme un cachet d’aspirine.

– Si vous voulez bien signer !
– Si ça vous amuse… Mais avant je voudrais me rendre compte pour le système de fixation.

Martinov et Béatrice furent surpris de la réaction très mesurée de leur interlocuteur. Ils s’attendaient à tout autre chose.

– Vous pouvez tester la fixation sur le poignet de votre chemise…

Il le fait, mais ne se contente pas de ça, il se lève si brusquement qu’il manque de renverser son fauteuil, lequel se retrouve complètement de travers, puis s’emparant du dossier, il sort en trombe de la pièce.

Les deux chercheurs ont évidemment le réflexe de lui courir après, mais sont gênés par le fauteuil déplacé. Arrivé sur le palier extérieur, ils ne peuvent que constater qu’une voiture vient tout juste de démarrer, mais qu’elle s’est déjà trop éloignée pour qu’on puisse en relever le numéro.

– Comment il a fait pour démarrer si vite ?
– Il devait avoir un chauffeur. Son coup était prémédité ! Constate Martinov.
– Il nous a bien baisé ce con !
– Non, il a fait une erreur, il y a son adresse sur le chèque. Je crois que c’est à Paris.
– Alors, j’irais ce soir.
– Est-ce bien prudent ?
– Qu’est-ce que tu veux qu’il me fasse ? Je suis une grande fille.
– Il est peut-être dangereux !
– Pfff, ce n’est qu’un petit escroc de rien du tout.

Vendredi 18 octobre, 20 heures.

L’adresse était rue des Archives, en plein Marais, un quartier habité par de nombreux bobos. Béatrice sonna à l’interphone :

– Oui, c’est pourquoi ? Demanda une voix suave.
– Je souhaiterais m’entretenir avec Monsieur Framboisert.
– A quel sujet ?
– Disons que c’est personnel.
– Entrez et attendez-moi dans le hall.

« Prudente la nana ! Putain, ce hall, ça pue le fric ici ! »

Edith Framboisert se présenta, la femme environnait la quarantaine. Très brune, joli visage, yeux bleus vifs, lunettes à montures noires, sourire carnassier, belle silhouette.

« Pas possible que ce soit sa femme ! Il a quelque chose qui cloche. »

– Veuillez me suivre, c’est au premier.

L’appartement avait dû être agencé par un décorateur design. Du design friqué et tape à l’œil.

– Vous allez devoir patienter un petit peu, mon mari est en retard, mais il devrait arriver d’une minute à l’autre. Vous m’avez dit que l’objet de votre visite était personnel. Voilà qui éveille ma curiosité, mais je ne vous oblige pas à m’en dire plus.
– C’est effectivement un peu délicat !
– Bien, je n’insiste pas ! Vous voulez boire quelque chose ?
– Non merci.
– Ah ! Je reviens !

« Si ça se trouve Framboisert est ici et va rester planqué jusqu’à temps que je parte ! Je m’en fous, je reviendrais »

– Ah, mon mari vient de me prévenir qu’il ne sera pas là avant 21 heures. Je crains qu’il vous faille revenir…
– Bien, je repasserai demain, à 20 heures, il sera là !
– Il devrait ! Avec lui on ne sait jamais d’avance, il y a toujours quelque chose : des réunions qui s’éternisent, des dîners d’affaires imprévus, le périphérique bouché, toute la panoplie de la femme cocue, mais je ne suis pas jalouse, et puis je n’ai aucune envie de renoncer à tout ça, ajoute-t-elle d’un geste large, balayant l’appartement.
– Je comprends, répondit Béatrice perplexe.

Perplexe oui, car cette description d’un Romain Framboisert cavaleur ne cadrait pas du tout avec ce qu’elle avait vu du personnage. La crainte de s’être fourvoyé effleura Béatrice.

– Votre mari se prénomme bien Romain ?
– Ben oui !
– Et c’est le seul Romain de la famille ?
– Oui, pourquoi cette question ?
– Disons que la description que vous me donnez de votre mari, correspond assez peu à ce que je connais de lui !
– Les hommes cachent toujours leur jeu ! Remarquez à part le fait qu’il me fasse cocu avec tout ce qui bouge, ce n’est pas le mauvais gars, il est gentil, intelligent, cultivé, pas chiant.
– Humm !
– Remarquez, je pourrais lui rendre la pareille, je ne m’en suis d’ailleurs pas vraiment privé, mais à quoi bon : entre les mecs qui vous considèrent comme une salope parce que vous avez couché avec eux et ceux qui voudrait que j’entame tout de suite une procédure de divorce parce que vous avez eu le malheur d’avoir eu un mot gentil après la baise, moi, je vous le dis : les hommes, un peu ras le bol !
– Vous n’avez pas tout à fait tort, répondit Béatrice qui ne voulait surtout pas la contrarier.
– De toute façon, les hommes on peut s’en passer, même pour le sexe, non ?
– Hé, hé !
– On dirait que vous partagez mon point de vue ?
– D’une certaine façon, oui !
– Un jour une copine à qui j’avais confié mes états d’âme m’a traîné dans un bar à gouines. Je me suis sauvé au bout d’un quart d’heure, c’était rempli de camionneuses, ce n’était pas ce que je cherchais. Moi j’aurais voulu m’amuser avec une vraie femme, mais l’occasion ne s’est jamais présentée.

Du coup, Béatrice regarda autrement son interlocutrice. Certes elle était bisexuelle, très libérée et portée sur les choses du sexe, mas elle n’était pas nymphomane pour autant. Elle se demanda néanmoins comment elle réagirait si Edith devenait plus directe, mais jusqu’à présent, celle-ci n’avait aucune raison d’agir ainsi. Mais de toute façon l’idée même d’envisager des rapports intimes avec la femme de Framboisert était par nature farfelue.

– Si, je vous confie un secret me confierez-vous le vôtre ? Reprit Edith.
– Quel secret, je n’ai pas de secret !
– Je voulais parler de ce qui vous amène à vouloir rencontrer mon mari.
– Ce n’est pas un secret, c’est une affaire strictement privée.
– Et c’est important ?
– Important, oui, mais ce n’est pas catastrophique non plus.
– Me voici un peu rassurée, c’est une histoire de sexe ?
– Pas du tout !
– J’aurais pourtant cru, vous êtes le genre de femmes qu’affectionne mon mari.

L’image de Framboisert rougissant devant elle et lui demandant de se couvrir envahit l’esprit de Béatrice. Les propos d’Edith ne tenaient pas debout…. Et soudain elle crut avoir trouvé la clé de l’énigme : Framboisert était homo, ses infidélités c’était avec les hommes qu’il les commettait, voilà ce qui expliquait sa gêne maladive avec les femmes. Mais pourquoi Edith ne s’en était jamais rendu compte ? Sans doute parce que parfois, ce sont ceux qui sont les mieux placés qui ne se rendent compte de rien ? Ou alors Edith mentait, allez savoir ?

– Je n’ai pas eu l’impression que j’étais son genre !
– Etonnant ! Serait-ce alors un souci d’argent ?
– Arrêtons les devinettes, je ne dirais rien de plus.
– Soit ! Vous ne voulez pas me dire votre secret, mais moi je vais vous dire le mien : Mon mari ne rentrera pas à 21 heures, il est en ce moment en déplacement dans l’île de La Réunion.
– Ça m’étonnerait, nous nous sommes vu ce matin.
– Je ne sais pas qui vous avez vu ce matin, mais ce n’était sûrement pas mon mari.
– Il vous a peut-être fait croire à un déplacement ?
– C’est sans doute pour cela que je dois aller le chercher à Roissy dimanche matin.
– Et au dernier moment, vous allez recevoir un message disant que l’avion a eu du retard et qu’il reviendra de Roissy en taxi !

Elle faillit ajouter « à moins qu’il soit ici caché dans la pièce d’à côté » mais ravala sa salive, monter au clash serait contre-productif.

– Il ne me l’a jamais fait celle-là !
– Si je comprends bien, je n’ai plus qu’à partir !
– Je ne vous le demande pas !
– Ça coule de source, non ?
– Croyez-vous ? J’aurais pu vous dire la vérité tout à l’heure dans le hall, mais je voulais savoir ce que vous vouliez à mon mari. La curiosité féminine, quoi !

Béatrice réalisa alors que son échec serait probablement définitif. Si elle revenait le couple Framboisert serait sur ses gardes. Il lui fallait donc absolument jouer une autre carte sachant qu’elle ignorait si Edith était ou non complice des agissements de son mari.

– Je me suis pas mal confiée, nous sommes entre femmes, vous m’avez l’air d’une fille intelligente, je suis persuadé que nous pourrions nous comprendre. Reprit Edith.

« Si en plus elle me tend la perche… » se dit Béatrice. « Je tente le coup ! »

– Soit ! Concéda cette dernière, voici ma carte, votre mari nous a commandé un dispositif de sécurité permettant de protéger une invention dont nous ignorons l’usage. Nous souhaitions connaître cet usage avant d’effectuer la livraison. Votre mari nous a abusé et s’est enfui avec notre prototype.
– Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? S’écria Edith qui manifestement tombait du placard. C’est arrivé quand ?
– Ce matin !
– Mais ce n’est pas possible, je vous assure qu’il est à Saint-Denis de la Réunion ! Mais attendez, c’est mon mari qui vous a donné notre adresse ?
– Disons que c’est l’adresse qu’il y a sur le chèque !
– Le chèque ? Vous avez donc été payé ! Excusez-moi mais je suis un peu larguée, là !
– Payé, non le chèque était juste un acompte et je ne sais même pas s’il sera honoré ! Il nous a demandé un premier délai d’encaissement, puis un second !
– Hein ? Mais ça ne tient pas debout, mon mari n’a pas de problème de trésorerie. Ou alors c’est nouveau. Je vais lui passer un coup de fil.
– N’en faites rien !
– Un instant, je vous prie !

Elle pianote son téléphone portable, le repose avec énervement, puis le reprend, refait le numéro et laisse un message :

« Tu peux me rappeler d’urgence, rien de grave, mais c’est quand même important, bisous. »

– Vous ne l’avez pas sur vous, ce fameux chèque ?
– Si, justement.
– Je peux voir ?

« Faudrait pas qu’elle me le pique ! Soyons sur nos gardes. »

Béatrice lui montre le chèque, Edith lui rend aussitôt :

– Ce n’est pas la signature de mon mari, et ce n’est pas son écriture non plus !

Oups !

– Ce serait un chéquier volé ? Demande Béatrice.
– Putain, ce serait ce foutu chéquier… Vous allez avoir du mal à l’encaisser…
– Pardon ?
– Vous pouvez me le décrire le type qui vous a signé ce chèque.
– Un petit gros déplumé, pas vraiment… comment dire ? Pas vraiment net sur lui. La cinquantaine.
– Perronoux ! C’est Perronoux !
– Qui c’est celui-là ?
– Je vous raconte : mon mari dirige une boite d’électronique qui travaille avec le ministère de la défense, l’année dernière, quelqu’un a eu l’idée saugrenue de lui faire obtenir la médaille du mérite. On s’est trouvé obligé de faire une réception à la maison avec quelques huiles, une vraie corvée ! Il y avait Perronoux, c’est le type qui s’occupe des commandes et des factures de mon mari au ministère. C’est un con ! Le lendemain de la réception, mon mari s’est aperçu de la disparition de son chéquier. Pour des raisons qui ne me reviennent pas, il était absolument certain qu’il avait disparu pendant la réception. Evidemment, il a fait opposition sur les formules non utilisées, et on n’a jamais eu de suite… jusqu’à ce soir !

Béatrice admit l’explication, elle eut la conviction qu’Edith lui disait la vérité, du moins dans les grandes lignes.

– Il faut que je rappelle mon mari, je ne voudrais pas qu’il s’inquiète.

à suivre

Ce contenu a été publié dans Histoires, Récits, avec comme mot(s)-clé(s) . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

5 réponses à Martinov 16 – Professeur Martinov et le Fidélitas – 6 – Travaux érotico-scientifiques par Maud-Anne Amaro

  1. Pablo dit :

    Quand je serais vieux, je voudrais être un vieux cochon comme Martinov

  2. Pluviose dit :

    J’ai adoré cette épisode de folie douce entre Martinov et Béatrice

  3. Sapristi dit :

    Je parie que sans l’épisode suivant Béatrice va s’envoyer Edith Framboisert.

  4. lesueur dit :

    Juste un doigt (c’est le cas de le dire) mais la lecture est plaisante

Répondre à Robi Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *