L’omnibus 13077 par Jean-Michel_et_Martine

L’omnibus 13077
par Jean-Michel et Martine
(Sur un scénario de Pascal G)

Un samedi d’été comme les autres. Le Week-end s’annonçait ensoleillé. En cet après-midi, la gare de Mulhouse accueillait ceux qui, la semaine terminée, rentraient en banlieue.

Surtout des employés administratifs, des collégiens, des universitaires. Tous heureux de rentrer à la maison. On se connaissait, et on allait par petits groupes vers les quais, en bavardant, en échangeant des propos sur le boulot, les cours, le patron, les profs.

Je suivais machinalement le courant pour arriver sur le quai où m’attendait comme chaque soir le 13077 qui devait me rentrer à Thann. J’étais en avance. Je vérifiai à ma montre. Il était 17h20. En attendant 17h30, l’heure du départ, j’hésitais entre regarder le flux des voyageurs aller et venir ou m’asseoir, comme d’habitude dans la voiture de tête.

J’en étais là de mon hésitation, quand je vis deux jeunes filles que je n’avais jamais remarquées les jours précédents. L’air déluré, nombril à l’air en haut du jean’s, elles s’agitaient dans une conversation animée. Je pensais, qu’après tout, faire le trajet avec elles serait plus agréable que de le faire seul, et attendis de voir où elles allaient monter pour les suivre sans en avoir l’air.

Visiblement, à les voir, elles avaient un problème. Je m’approchais pour tenter de capter leur conversation.

– C’est de sa faute à Marie-Hélène… habituellement je peux sortir plus tôt et j’arrive juste pour celui de 16h03. Tu te rends compte… en sortant je n’ai même pas eu le temps d’aller aux toilettes… et en plus j’arrive juste pour le 17h20. Elle l’a fait exprès le chameau.

Et je te jure que maintenant j’ai une de ces envies de pisser grave. Je crois qu’il y a des toilettes dans chaque voiture, viens avec moi, je vais aller voir.

N’ayant pas perdu un mot de la conversation, fantasmant sur cette situation, je les suivis.

Elles se précipitèrent sur ma première voiture à l’entrée de laquelle le contrôleur surveillait la montée des voyageurs. Quelques personnes étaient déjà installées à lire le journal ou à rêver, le regard au loin au travers de la vitre.

En entrant, la fille alla à droite, puis à gauche. Au bout de la voiture, côté gauche, deux portes. Sur l’une était marqué « Service ». Sur l’autre « Toilettes ». A leur arrivée, elles avaient, par leur précipitation, attiré l’attention de l’employé qui les suivit du regard quand elles s’installèrent sur leur siège. De l’autre côté de l’allée, côte à côte, j’attendais le dénouement de la crise. Ces filles qui se retiennent de pisser m’excitent toujours. Je m’attends toujours à voir une tache apparaître sur le jean’s ou la jupe.

Au bout de trente secondes, la « pressée » tendit son petit sac à sa copine, se leva et alla vers les toilettes.

– Non… mademoiselle. Il est interdit d’utiliser les toilettes en gare pendant l’arrêt du train. Attendez le départ.

Le ton n’admettait pas la discussion.

Comme mû par un ressort, le contrôleur avait tourné la tête et avait aperçu la fille qui allait enfreindre le règlement.

Elle se rassit prés de sa copine, rouge de honte, penaude, traversée par le regard de tous les autres voyageurs qui arboraient un petit sourire ironique.

Changer de voiture après un tel incident eut été se trahir et cette fois risquer le flagrant délit et la contravention.

Je regardai encore une fois ma montre. Encore environ cinq minutes.

La fille, résignée, serrait les jambes l’une contre l’autre sous le regard compatissant et inquiet de sa copine. J’imaginais, j’attendais même le spectacle qu’elle allait peut-être nous donner.

Je voyais déjà le devant du jean’s puis le siège ruisselants, le petit ruisseau descendant sur le plancher, la honte des filles… J’attendais… Quel tableau !

Elle avait à nouveau regardé sa montre pour la troisième fois en trois minutes. La voiture continuait à se remplir de quelques voyageurs qui ignoraient tout du problème qui s’éternisait à deux mètres de moi. Le contrôleur, impassible, appuyé sur le bâti de la porte à glissières ne pensait pas à la torture qu’il imposait au nom du sacro-saint règlement de la SNCF. La fille avait un air malheureux et serrait ses poings le plus discrètement possible sur son bas-ventre. Je crû comprendre ce qu’elle glissa à l’oreille de sa copine :

– Un pipi entre deux rails… c’est pas vraiment sale ?
– Non, bien sûr… mais ça a toujours été comme cela… alors ?

Ma montre marquait 17h30. J’avançais sans doute un peu. Le départ devait être imminent.

Soudain après un « Clap…  » retentissant les haut-parleurs du quai annoncèrent :

– Les voyageurs à destination de Dornach,. Luterbach, Cité, et Thann, sont avisés que l’omnibus 13077 partira avec une vingtaine de minutes de retard, suite à un incident sur la voie. Nous les prions de nous en excuser.

Dans le train ce ne fut qu’un :

– Hon… Non… !

Les filles, plongées dans l’horreur de cette nouvelle situation, portèrent leurs mains à la bouche en signe de catastrophe. En silence elles se regardaient d’un air de dire :

– Alors? Quoi faire ?

De plus en plus, je m’attendais à la voir craquer, à foncer vers les toilettes interdites quitte à se faire réprimander ou alors… à la voir ruisseler au travers de son jean’s, devant les voyageurs et sa copine, confuse et honteuse, tout autant qu’elle.

Mon petit côté « sexuellement sadique » attendait cette dernière éventualité. J’étais sûr qu’elle ne tiendrait plus vingt minutes sans pisser. Je faisais de gros efforts d’attention pour ne rien perdre de ce qu’elles se disaient et mes yeux ne pouvaient pas se détacher de ce nombril au-dessus de la ceinture et de cette braguette que je m’attendais à voir s’humidifier d’ici peu.

Soudain, la copine eut une idée:

– Dans le hall… prés de la « cafett »… il y a des toilettes… vingt minutes… t’as le temps. Par l’escalier et le souterrain, t’en as pour cinq minutes au plus. Vas-y !… Si le train partait avant que tu reviennes, je descends et je t’attends !

Elle ne répondit même pas. Elle retendit son sac à la copine qui avait eu cette idée géniale, et sauta sur le quai pour s’engouffrer dans le souterrain.

Le contrôleur, d’abord surpris de la voir descendre et se précipiter, réalisa avec un sourire où elle allait.

La copine devant la porte l’attendait. Quelques minutes, et elle l’a vit revenir toute renfrognée.

– Alors ?… T’as trouvé ?
– Tu parles !… Il faut mettre cinquante centimes, et je n’avais pas un sou sur moi. Je n’en ai pas non plus dans mon porte-monnaie.
– Cinquante centimes ?… Je ne les ai pas non plus. Tu ne pouvais pas demander à quelqu’un ?

– Ben oui tiens… faire la manche pour aller pisser… et mon dernier train serait parti.

Elles étaient bien conscientes que j’avais tout entendu et que ces cinquante centimes je devais les avoir, et que si je les lui donnais, il lui restait du temps pour faire un aller-retour. Leur regard se posa un instant sur moi et elles reprirent leur place, résignées.

Les minutes étaient longues. Les montres que l’on regardait de plus en plus souvent semblaient arrêtées. Huit minutes encore au moins. Il régnait un grand silence entre les deux filles gênées après avoir compris que je suivais la scène. J’espérais un dénouement catastrophique. La malheureuse devait penser quand elle me regardait :

– Il les a les cinquante centimes ce salaud. Pas la peine de les lui demander… il dira non… je vois dans son regard qu’il est heureux ce macho. Je tiendrai… rien que pour le décevoir.

Soudain, nouveau « Clap…  » dans les haut-parleurs ;

– Attention… Attention… Le train 13077 à destination de Thann va partir. Attention à la fermeture automatique des portes s’il vous plaît.

Un coup de sifflet au loin sur le quai, auquel répondit celui du contrôleur à la porte. Puis un coup de trompe de la locomotive, et la porte à glissière se ferma. Une petite secousse et on se sentit rouler enfin.

La fille bondit littéralement de son siège sous le regard amusé du contrôleur. Hélas… précipitation perdue ! Elle toucha la poignée de la porte en même temps qu’une dame âgée, habillée tout en noir, qui attendait aussi ce moment.

– Vous permettez mademoiselle… dit-elle d’un air pincé… je suis plus âgée que vous… vous pouvez attendre quelques secondes quand même ?

Elle regarda sa copine qui ne put que répondre que par un haussement d’épaules.

Quelques secondes avait elle dit ? La vieille dame prenait son temps. Je devinais que, debout, c’était plus grave, plus difficile à retenir. « L’urgence » trépignait en pensant sans doutes :

– Mais qu’est-ce qu’elle fout ?… J’entends le robinet… Elle se lave les mains en plus… C’est pas une salle de bain

Il fallut au moins deux bonnes minutes pour la voir sortir. Elle réapparut enfin.

– Voilà… la place est libre… mademoiselle… dit-elle avec un sourire ironique.

La « demoiselle » en question se précipita plutôt qu’elle n’entra dans les toilettes.

Dommage pour moi. La pièce de théâtre ne finissait pas comme je l’espérais.

Son séjour durait, il me sembla, plus long que nécessaire pour un simple pipi. D’accord… quand le train roule et que l’on ne veut pas toucher la cuvette… c’est pas facile.

On peut toujours faire debout mais avec un jean’s… délicat… faut être sûre de soi. Il faut s’appeler Martine pour réussir cela.

Alors je l’imaginais penchée en avant, les fesses au-dessus des toilettes se tenant d’une main et s’efforçant de composer avec les chaos du train. Comme j’aurais aimé la voir à ce moment et même goûter au nectar qu’elle laissait échapper

Elle ressortit enfin, avec un grand sourire, presque un rire, qui contrastait avec la mine crispée qu’elle avait quelques minutes auparavant.

Tournée vers sa copine, elle réajusta son jean’s à la bonne hauteur et passa plusieurs fois la main devant elle pour vérifier sans doutes qu’elle n’était pas mouillée.

Puis, se rasseyant, je la vis mettre quelque chose dans son sac en chuchotant à l’oreille de sa copine. Elles eurent un petit rire étouffé.

Mon imagination reconstitua ce qui m’était caché. Ce fut plus long que prévu dans les toilettes, car il avait fallu enlever le jean’s et se libérer du string sans doutes un peu mouillé. Revenant à sa place, on fit vérifier par la copine en passant la main sur la fermeture éclair, que le jean’s, lui, ne l’était pas. Et le string mouillé arriva dans le sac en attendant un meilleur sort.

Soudain il me vint l’idée que j’avais manqué une superbe occasion. J’aurais dû offrir les cinquante centimes qui lui manquaient, avec la promesse, en échange, de son string, sec ou peut-être déjà un peu mouillé. Dans l’état où elle était, je pense qu’elle aurait accepté ma proposition.

Elles descendirent un arrêt avant le mien. Décontractées, sans avoir combien cette situation m’avait excité.

Jean-Michel et Martine

Janmich59@aol.com

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Une réponse à L’omnibus 13077 par Jean-Michel_et_Martine

  1. Claire dit :

    De l’uro, juste de l’uro, rien que de l’uro, mais c’est très bon !

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