L’Eldorado (souvenirs) Par Paul Forsacoff

 

L’Eldorado
(souvenirs)
Par Paul Forsacoff

Chapitre 1 : découverte.

Je suis en train de ranger des vieux livres. Depuis des années je m’encombre d’une Encyclopedia Universalis achetée par mes parents lorsque j’étais en terminale. Essentiel pour la culture générale – à l’époque. Eh oui, lecteur moderne, adepte des recherches sur cet internet qui répond instantanément à toutes vos questions, imaginez une époque sans tout cela, où l’apprentissage se faisait uniquement dans les livres, où les recherches étaient compliquées car il fallait tourner des centaines de pages au lieu, comme maintenant, de taper quelques mots clefs sans même se soucier « de l’ortograffe. »

Eh bien oui, il existait une époque où l’accès à l’information était compliqué. Dans mon cas, ma quête inassouvie était de voir comment était fait le sexe des femmes. Je savais vaguement qu’il s’agissait d’un trou dans lequel un jour je pourrai glisser ce sexe qui devenait souvent bêtement très gros (comparé à cette toute petite saucisse que je manipulais depuis ma plus tendre enfance) et s’orientait vers le haut selon différentes inspirations. L’accès à un sexe de femme était mon Eldorado. Je n’avais entendu parler de ce trésor que par des paroles vagues, pleine de ces fausses certitudes dont on fait état entre garçons à l’école « c’est comme un bouche mais en vertical ». Certains prétendaient en avoir vu ou touché, mais nous savions bien que ce n’étaient que fanfaronnades, car aucune description n’était suffisamment précise pour répondre à nos questions : « et c’est par là aussi qu’elles font pipi ?, mais alors c’est le même trou ? ». S’il faut encore une preuve de cette ignorance qui frise l’obscurantisme, le mot même de clitoris nous était parfaitement inconnu.

Vivant dans une très petite ville de province, enfermé dans la vie bourgeoise de mes parents, j’avais peu de possibilité de sortir de chez moi et trouver des sources d’information. Certaines bandes dessinées chaudes circulaient bien au lycée, mais cette époque était encore très prude et même dans ces brochures on ne pouvait rien voir (un peu comme certains films porno asiatiques où les sexes sont floutés).

Je restais donc avec cette quête entre les mains sans savoir comment la satisfaire.

C’est alors, au fur et à mesure que les volumes de l’Encyclopedia arrivaient à la maison (car cet achat à crédit s’est étalé sur une année), que je tentais des recherches au hasard des lettres de l’alphabet qui étaient traitées. Il fallait tout feuilleter, essayer de repérer les illustrations (peu nombreuses), pour voir si le sujet traité pouvait correspondre à ce que je recherchais. J’avais entendu le mot VULVE qui paraissait une clef d’entrée intéressante, mais le dernier volume reçu s’arrêtait à GRECE. C’est pourtant dans ce volume 7 que je suis tombé sur l’article GENITAL (APPAREIL). Et j’ai vu mon premier sexe de femme. En coupe anatomique. Pas très sexy il faut avouer, mais au moins ma curiosité scientifique a pu se satisfaire : il y a avait bien un trou, mais aussi un autre lié à l’urètre et aussi ce bizarre machin appelé clitoris. Pas de vue de face, pas de couleur. La coupe montrait bien des lèvres, mais je n’arrivais pas à me représenter le sexe complet. Je me rends compte aujourd’hui que n’ayant pas eu de petite sœur ou de petite cousine que j’aurais vu langer, je n’avais véritablement jamais vu le délicieux abricot, qui même sur des bébés, permet de se représenter l’ensemble, au moins vu de l’extérieur.

Ce n’est donc qu’après le bac que j’ai pu progresser dans mes connaissances. Mais cela prit du temps et ne se passa pas par les chemins que j’imaginais.

Entrant en prépa, il fallait que j’aille dans la grande ville du département. Il me fallait donc un logement. On ne m’a pas demandé mon avis et on m’a trouvé une chambre dans l’appartement d’une vieille dame (au moins 50 ans). C’était ma mère qui s’était occupé de cela. Elle avait sans doute choisi une personne de confiance qui pourrait me surveiller. Cette chambre disposait bien d’une entrée indépendante, mais n’était équipée que d’un lavabo, ce qui m’obligeait à traverser l’appartement pour aller aux toilettes et à la salle de bains. Moyenne, l’intimité !

Malgré la prépa qui me prenait beaucoup de temps, j’ai mis à profit cette nouvelle vie pour trouver des instants de liberté en vue de résoudre l’énigme qui m’obsédait. C’est ainsi (dans la grande librairie de la ville où je tentais une manœuvre d’approche vers les romans pour adulte espérant y trouver un rayon un peu spécialisé) que j’ai croisé Jacqueline, une amie de lycée qui était en fac de géo dans la même ville. Nous avions un peu dansé ensemble lors de certaines boums et j’avais compris qu’elle pourrait être une opportunité : sa manière de coller son ventre contre le mien déclenchait chez moi une érection immédiate qui paraissait non seulement ne pas la choquer mais au contraire lui plaire. Elle n’avait pas de logement sur place et faisait le trajet en car tous les jours. Elle voulut que je lui montre ma chambre en ville. Sans doute avec naïveté, je pensais que cela l’intéressait vraiment de voir comment pouvait être une chambre dans un grand appartement ancien.

A peine étions-nous arrivés dans la chambre, qu’elle colla sa bouche contre la mienne avec avidité. Je dois avouer que Jacqueline ne me plaisait que moyennement et qu’elle me faisait même un peu peur. Je la trouvais un peu trop envahissante. Dans mon schéma judéo-chrétien classique, je craignais par exemple qu’elle ne cherche qu’à se caser en cherchant à épouser un jeune homme à l’avenir prometteur, qui plus est issu d’une famille respectable (oui, c’est de moi que je parle, du moins à l’époque). Quoi qu’il en soit je me remis rapidement de ma surprise, et décidai néanmoins d’exploiter cette chance qui s’ouvrait. Malgré mon peu d’expérience, je réussis à offrir ma bouche à son baiser, acceptant que sa langue m’envahisse (du moins pas tout de suite, et il a fallu qu’elle insiste et qu’elle me dise « laisses toi faire » pour que je cède). Pendant ce baiser interminable, je commençai à caresser ses hanches, cherchant à remonter vers ses petits seins, mais à chaque tentative, elle me saisissait la main et me la replaçait sur ses hanches. Même chose lorsque je tentais d’accéder à son entrejambe.

Brutalement elle s’écarta et me poussa sur le lit, me forçant à m’y étendre sur le dos. Elle resta debout, enlevant rapidement ses chaussures, son pantalon et son slip. J’entrevis sa touffe noire mais très peu de temps, car elle s’approcha de moi, dégrafa mon pantalon et l’abaissa ainsi que mon slip à mi-cuisse. Elle se plaça sur moi et colla aussitôt son sexe contre le mien. Elle commença des mouvements de bassin qui me procuraient une délicieuse caresse sur le haut de mon sexe, en fait même une véritable branlette. J’étais aux anges, incrédule d’être enfin dans cette situation que j’espérais depuis tant d’années. Par moment je tentais de compléter cette caresse formidable en cherchant à toucher ses seins mais à chaque fois elle me réprimandait. J’essayai aussi de lui caresser les fesses et à accéder à son sexe par la face sud. Mais là aussi elle mettait une barrière infranchissable. Et puis brutalement elle poussa un grand cri et cessa ses mouvements. Elle se leva et partit vers le lavabo pour se laver l’entrejambe. Elle se rhabilla prestement et m’invita à me lever et me rhabiller : « allez, viens, on va se promener ». Je dus donc recaser ma bite très raide d’insatisfaction dans mon slip, puis remonter mon pantalon.

Je ne sais plus trop où nous avons marché ce jour-là. Je ne pensais qu’à une chose : cette délicieuse sensation humide de sa chatte qui se branlait sur ma bite tendue. Bien sûr j’aurais aimé me terminer, mais bon j’étais déjà tellement heureux de tout cela que je ne ressentais pas d’urgence. Après deux heures de marche, nous avons retrouvé le chemin de ma chambre et le même scénario se reproduisit. Toujours assez rapide de son côté et pas de soulagement pour ce qui me concerne. Vers six heures elle se rhabilla rapidement, encore une fois après une toilette intime au-dessus de mon lavabo et quitta précipitamment ma chambre en me promettant de revenir le mercredi suivant. Elle claqua la porte en vitesse (son car à prendre…), me laissant, bite au vent, pantalon à mi-cuisse, allongé sur mon lit. A la fois délicieusement bouleversé par cette nouvelle volupté, et douloureusement insatisfait, je restai un moment allongé. Je me levai ensuite et marchai, pantalon baissé, jusqu’au lavabo. Prenant ma bite dans ma main, je me branlai, yeux fermés, me remémorant les douces caresses de son sexe contre le mien, imaginant à quoi cette bouche verticale pouvait ressembler, à partir du souvenir de son contact contre mon sexe. Mon désir partit en long jets blancs striant le gris moche du lavabo.

Cette après-midi fantastique occupa mon esprit pendant tout le reste de la semaine. Ami lecteur moderne, imagines qu’à cette époque, le mobile, les emails etc. n’existaient pas. Le seul moyen de communication était le téléphone fixe. Je n’en disposais évidemment pas dans ma chambre et je me voyais mal appeler Jacqueline chez ses parents depuis le téléphone qui était dans l’entrée de la maison de mes parents (où je rentrais tous les week-ends). Donc, elle comme moi, nous avons attendu sagement le mercredi suivant.

J’étais très peu concentré ce mercredi matin, pendant les 4 heures de devoir à la prépa. Je ne pensais qu’aux somptueux moments qui m’attendaient dans la relative intimité de ma chambre. Je bandais donc déjà depuis une demi-heure lorsqu’enfin Jacqueline frappa à ma porte. Elle libéra précipitamment le bas de son corps, m’aida à en faire de même puis vint coller son sexe contre le mien. La douce branlette de ma bite par sa chatte reprit. A nouveau, toutes mes tentatives pour la caresser se virent refusées et je n’avais comme seul choix que de me concentrer sur ma bite. Par un geste habile, je tentai de me glisser dans son trou, mais elle résista, et me dit, interrompant ses mouvements : « non, ça je le réserve pour mon futur mari ». Et elle recommença sa branlette mouillée. De la même façon que le mercredi précédent, elle finit assez rapidement et m’abandonna sans chercher à me satisfaire, se lava puis se rhabilla. Elle proposa à nouveau une promenade. Prétextant un devoir à terminer pour le lendemain, je refusai. Dès qu’elle fut partie je me rapprochai du lavabo pour me soulager.

Mercredi après mercredi, ce fut le même scénario qui se répéta. Je tentai de demander à toucher ou voir son sexe, mais elle me bloquait en disant « mais c’est sale ! ». Inutile donc de dire que je n’osai même pas envisager de lui demander de me caresser la bite, et encore moins de me branler. Pas la peine non plus d’oser jouir devant elle.

Avec mon regard d’aujourd’hui, ces plaisirs étaient évidemment très incomplets. Mais à l’époque, ils me comblaient déjà très bien, si ce n’est ce fameux Eldorado que je cherchais : je ne savais toujours pas comment un sexe de femme était fait.

Je fus donc très honteux, lorsqu’au cours d’une séance de bizutage par les 3/2, on nous força à venir admirer une page double d’Hara-Kiri qui exposait une vulve grande ouverte. Choc terrible que de voir dans le détail comment tout cela était fait. Honte de n’avoir pas réussi à en voir une vraie auparavant. Difficulté à faire le lien entre cette photo démesurée qui faisait plus penser à une moule (le mollusque) qu’à l’organe délicieusement chaud et humide qui savait si bien branler mon sexe.

Cet événement m’incita à renouveler mes demandes auprès de Jacqueline, mais elle s’obstinait à garder son jardin très secret, à n’en faire qu’une utilisation hygiénique pour se faire du bien, et à moi au passage, mais partiellement. Finalement je me trouvais tout de même satisfait de cette situation et m’apprêtais à un statuquo.

Mais voilà, nos séances du mercredi avaient tout de même un petit défaut. Jacqueline manifestait son plaisir de façon très bruyante, avec des gémissements rauques qui passaient à l’aigu au fur et à mesure que son plaisir arrivait, pour finir en cris suraigus au moment de son orgasme.

Ma chambre communiquait avec le reste de l’appartement occupé par ma logeuse, par une porte ancienne double, couverte du côté de ma chambre par un grand rideau en velours rouge sale. Je disposais d’un verrou pour m’isoler, mais il s’ouvrait par une clef depuis l’appartement. Ce jour-là, je ne sais pas si j’avais fermé le verrou, en tous cas le rideau était ouvert. Je vis avec effroi la porte s’entrouvrir au moment où Jacqueline me chevauchait. Elle ne remarqua rien car elle tournait le dos à cette porte, mais moi je vis clairement le visage de ma logeuse. Elle fixa mon regard un instant puis referma vivement la porte. Je ne dis rien à Jacqueline qui termina sa petite affaire à son rythme.

Cet incident continua à me troubler tous les jours qui suivirent, car je craignais que ma logeuse ne me fasse des remarques, ne me rappelle que ceci était interdit dans le bail (dont en fait je ne connaissais pas les termes puisque c’était ma mère qui avait tout géré). Tout cela me faisait redouter qu’elle ne me vire et je me voyais devant ma mère, expliquant ce qui s’était passé et pourquoi je devais en urgence trouver un autre logement.

En fait, je ne la croisai pas avant le premier jour du mois suivant où je devais lui remettre le loyer. Elle m’accueillit sans rien laisser paraître, me parut même plutôt gentille. Elle prit l’enveloppe, me demanda doucement si tout se passait bien. Je lui confirmai que je me sentais très bien ici.

Je me retrouvai dans ma chambre, soulagé que l’incident fût clos. Et pourtant c’était bien elle que j’avais vu entrouvrir la porte…

Le mercredi suivant je pris le soin de fermer le verrou et tirer le rideau rouge. Je fus donc très surpris de voir apparaître son visage entre les plis du rideau, pendant la chevauchée fantastique de Jacqueline. Je croisai son regard et elle me sourit, puis dès que Jacqueline partit vers l’orgasme, elle se cacha et j’entendis la porte se refermer et le verrou tourner. Jacqueline, toute à son plaisir ne se douta de rien. Elle jaillit ensuite du lit, fit sa toilette et quitta la pièce après m’avoir embrassé rapidement. Elle savait maintenant que je devais travailler les mercredis après-midi et filait aussitôt après son orgasme. Cette fois-là j’avais la flemme de me lever pour aller au lavabo. J’avais préparé une serviette sous mon oreiller et je commençai à me branler dès que Jacqueline eût claqué la porte. Je fermais les yeux pour retrouver les sensations de sa chatte sur moi. Je me préparais à les rouvrir quand arriverait l’orgasme, car j’aimais voir mon jus blanc jaillir. Choc : au moment où j’ouvris les yeux je constatai que ma logeuse, son visage encadré dans les plis du rideau, était en train de me regarder en souriant. J’étais trop concentré sur ma bite et en courte finale avant de juter : je ne pouvais m’arrêter et je me libérai avec fougue. Elle avait disparu du rideau avant que je ne reprenne mes esprits.

Mes sentiments étaient confus. Assimilant ma logeuse à ma mère, je ressentais la même culpabilité que lorsque cette dernière m’avait surpris sur mon lit et m’avais dit « eh bien si c’est comme cela que tu révises, tu n’es pas prêt d’avoir ton bac ! ». Mais ma mère n’avait pas souri ce jour-là, alors que ma logeuse oui. Donc c’était différent. Petit à petit ma culpabilité s’effaça et je commençais à voir en cette logeuse une vraie personne et non l’agent de surveillance mis en place par ma mère. Je m’aperçus alors que je ne m’étais jamais intéressé à son prénom. J’ouvris donc le petit dossier administratif que ma mère m’avait remis pour la location et je vis qu’elle s’appelait Martine. C’est ainsi que j’ai commencé à penser à elle autrement. Ou plutôt à penser à elle tout court.

Je n’eus pas beaucoup à attendre pour avoir un nouveau contact avec elle. Ce fut le soir même. Elle frappa à ma porte. J’ouvris. Elle me souriait, tenant dans ses bras un carton plein de livres. « Vous faites des études pour être ingénieur n’est-ce pas ? Mon mari dirigeait l’atelier de maintenance de Wendel. Il avait gardé de beaux livres sur les locomotives à vapeur. Ils peuvent vous intéresser. ». Elle me tendit le carton que je pris, un peu gêné de recevoir un cadeau et ne sachant quoi répondre. Manifestement elle n’attendait pas de réponse et elle commença à retourner vers son appartement. J’eus la présence d’esprit de dire un « merci Martine » qui la fit s’arrêter et se retourner avec un très large sourire, les yeux légèrement brillants. De fait nous étions émus tous les deux et pendant un long moment nos yeux fouillèrent nos âmes avec application. Elle quitta la pièce brutalement provoquant en moi une absence immédiate.

J’étais vraiment bouleversé. D’abord les livres étaient magnifiques, de superbes photos en couleur, des dessins détaillés des machines, des schémas de fonctionnement. De vrais trésors. C’était un très beau cadeau. Et puis, il s’était manifestement passé quelque chose entre nous au moment où elle m’avait donné ce carton, je ne pouvais pas en douter. Je continuai à sortir les livres un à un du carton pour tomber finalement sur un tout petit livre. Rien à voir avec les locomotives. C’était un petit livre de poèmes, avec des dessins sur les pages de gauche. Il était signé Ophélie B. et portait une dédicace : « à M. en souvenir de nos découvertes mutuelles ».

Le titre ne me dit tout d’abord rien du tout : « Ode à la foune ». Je n’avais aucune idée de ce que foune voulait dire. Je compris très vite, en regardant les dessins, ce dont il s’agissait. Mon émoi fût instantané. J’avais enfin sous les yeux des représentations de mon Eldorado. Les textes étaient un peu plus difficiles à comprendre, avec des mots que je ne connaissais pas, des allusions à des situations que je ne comprenais pas, mais je trouvai immédiatement dans ce petit livre une esthétique délicieuse à propos du sexe féminin. En fait, exactement ce que je cherchais depuis si longtemps. Très troublé, je ne pensais même pas à me demander pourquoi ce livre se trouvait dans cette caisse.

Ce soir-là je passai beaucoup de temps à découvrir le livre, essayer de déchiffrer ces textes compliqués. Ce fut une mémorable lecture à une seule main qui me fit juter deux fois avant de tomber de fatigue.

Le mercredi, notre petit manège avec Jacqueline se reproduisit, et à nouveau le visage de Martine s’insinua entre les plis du rideau. A vrai dire, non seulement j’avais accepté qu’elle observe nos séances avec Jacqueline, mais cela m’excitait beaucoup, ce dont Jacqueline se rendit compte indirectement car elle bénéficiait d’une bite particulièrement raide pour s’y branler.

J’attendais un peu, avant de me finir à la main, surveillant le rideau pour y guetter le visage de Martine. Mais cette après-midi-là, elle entra dans la pièce et se rapprocha du lit. Elle me fixait en souriant. Elle se mit à genoux aux pieds du lit et prit mon sexe dans sa bouche. J’étais stupéfait et ravi. Le contact de ses lèvres sur mon gland était voluptueux. Elle me suça quelques instants, très doucement, puis vint placer sa bouche sur la mienne, tout en prenant ma bite dans sa main. Ce n’était pas vraiment un baiser, mais plutôt un échange de parfums et de saveurs. Je réalisai alors que la bouche de Martine m’apportait les sucs du sexe de Jacqueline. Je m’enivrai de ces sensations, savourant un goût minéral nouveau pour moi, mélangé aux parfums marins du sexe. Je ne m’étais jamais autant rapproché de mon Eldorado et je jouis puissamment dans la main de Martine. Elle déposa un baiser délicat sur mon front et me laissa dans la torpeur délicieuse créée par cet orgasme violent.

La scène se reproduisit les mercredis suivants….jusqu’à l’incident décisif.

Nous étions fin novembre. Il pleuvait. Jacqueline était arrivée de mauvaise humeur car elle n’avait pas aimé marcher sous la pluie. Néanmoins, elle retrouva sa jovialité dès qu’elle me chevaucha.

Après s’être satisfaite, elle avait quitté ma chambre et Martine était aussitôt entrée. Elle était dans la même position que les autres fois, avec ma bite dans sa bouche. Et puis nous avons entendu la porte qui donnait sur l’extérieur s’ouvrir : Jacqueline revenait chercher son parapluie. Le temps s’arrêta et personne ne bougea : je débandai aussitôt, ma bite s’échappa des lèvres de Martine, faisant un petit floc mou en retombant sur mon ventre (le seul bruit que l’on entendit dans la pièce). (D’ailleurs a posteriori je me félicite que Martine n’ait pas eu un mouvement réflexe de peur qui lui aurait faire serrer les dents). Jacqueline saisit son parapluie et quitta la chambre en claquant violemment la porte derrière elle. C’est la dernière fois que je l’ai vue.

Extrêmement gênés l’un comme l’autre, ni Martine ni moi n’osions faire un geste. Ma bandaison étant définitivement terminée pour aujourd’hui, je ne pensais qu’à me retrouver seul. Martine le comprit et sortit sans un mot.

Il me fallut plusieurs jours pour digérer cet incident. Chaque fois que je devais passer dans l’appartement je craignais de croiser ma logeuse, ne sachant quelle attitude avoir avec elle. Mais elle prenait soin d’éviter tous les risques de rencontre.

Le mercredi arriva. J’espérais vaguement que Jacqueline vienne tout de même. Mais à 14 h 30 je compris que tout espoir était perdu. J’étais nostalgique de ces branlettes de chatte diablement agréables et ma bite raidie attendait une compensation. Pas de signe non plus de présence de Martine : la porte et le rideau restaient clos. J’ouvris donc le petit livre tout en me paluchant sérieusement. Regardant de façon plus détaillée les illustrations, je réalisai que toutes les situations représentées ne mettaient en scène que des femmes.

Une de ces illustrations accompagnant un poème intitulé Douche Dorée, me bouleversa plus particulièrement : une femme était accroupie entre les jambes d’une autre. Cette dernière écartait les lèvres de son sexe et en laissait échapper un jet qui tombait dans la bouche de la première. Non seulement cette image me révélait une partie du mystère du petit trou du pipi, mais me dévoilait un plaisir trouble que je n’avais jamais envisagé. Mon émotion se traduisit pas de longs jets de foutre sur mon ventre.

Les soirs suivants, mu par ma curiosité scientifique et la rigueur méthodologique qui va avec, je commençai à essayer de comprendre les poèmes. Tel Champollion déchiffrant les hiéroglyphes par analogie entre plusieurs tables, j’établis la liste des mots inconnus cherchant à les relier entre eux. Celui qui me posa le plus de problème fut clitoris. Je compris rapidement qu’il jouait un rôle important dans le plaisir féminin, mais cherchant des analogies avec mon propre corps je butais sur une incohérence : d’une part il peut être comparé à une petite bite : il a un capuchon qui se décalotte, il devient dur, mais d’autre part, n’étant pas équipé d’un trou, il ne pouvait pas servir pour le pipi. Le sexe des femmes commença donc à m’apparaître comme délicieusement compliqué, en réalité supérieur, en tant qu’organe de plaisir, à la grossièreté d’une bite mâle, multifonctions. Cette découverte ne pouvait que me donner encore plus envie de faire la connaissance de mon Eldorado.

Je commençai alors à penser à Martine avec insistance. Elle m’intimidait beaucoup du fait de l’écart d’âge, mais par ailleurs elle avait manifesté une proximité inespérée en venant me terminer après les désertions de Jacqueline. Je me décidai à aller la voir, mais, pour être honnête, sans trop savoir ce que j’espérais d’elle. Téméraire mais guère courageux, j’attendis donc le prétexte du paiement du loyer pour l’aborder. Elle m’accueillit avec beaucoup de naturel. A la différence des autres fois, elle avait mis un soin particulier à se préparer : elle s’était maquillée, elle portait un chemisier de soie claire et une jupe assortie plutôt courte. Au lieu des pantoufles dans lesquelles je l’avais vue les autres fois, elle était juchée sur des talons hauts. Elle vit dans mon regard que j’avais observé ce changement. Et je vis qu’elle aimait ce nouveau regard que je portais sur elle.

Je lui tendis l’enveloppe, puis le petit livre de poèmes : « au fond du carton, il y avait ce livre. Je crois qu’il n’a rien à voir avec les locomotives » dis-je d’une voix mal assurée. Elle partit dans un énorme éclat de rire qui me déstabilisa complètement. Un moment je pensai qu’elle se moquait de moi, de ma naïveté, puis je compris au fur et à mesure que son rire se transformait en fou-rire qu’elle ignorait que ce livre était tombé entre mes mains. Une fois calmée elle articula en m’entrainant dans son salon : « venez, il faut que je vous explique ». Elle me fit assoir en face d’elle sur un canapé ancien, elle-même se plaçant en face de moi sur une chauffeuse basse.

« Ce livre a été écrit par une femme que j’ai – disons – beaucoup aimée étant jeune. Je le croyais disparu mais je m’aperçois que mon mari l’avait trouvé et l’avait caché dans ses propres livres. Je suis content de l’avoir retrouvé. Cela dit s’il vous intéresse vous pouvez le garder ».

Je ne savais plus quelle attitude adopter. Ma pudeur extrême bloquait toutes mes pensées, mais en même temps, mon regard, aspiré par son entrejambe sur lequel sa position en contrebas de moi me donnait une visibilité jusqu’au blanc de sa culotte, déclencha une érection incontrôlable. Je réussis à articuler « J’ai beaucoup aimé ce livre. Mais… je n’ai pas tout compris ». Martine augmenta ma gène en demandant : « Et quoi exactement, ne comprenez-vous pas ? ». J’étais rouge écarlate. J’avais envie de fuir. Elle insista : « Je peux vous aider, vous savez. Dites-moi ce que vous cherchez à comprendre ».

Et je lâchai, mon regard inconsciemment hésitant entre ses yeux et le blanc de sa culotte : « je ne sais pas comment C’est fait ». Elle souriait. Je voyais bien qu’elle s’amusait de mon trouble terrible, qu’elle envisageait de continuer à me mettre mal à l’aise et de jouer celle qui n’avait pas compris, uniquement pour prendre plaisir à me faire reformuler.

Mais elle changea brutalement de ton pour demander : « Est-ce que ce que je vous ai fait les autres jours vous a fait du bien ? ». Mettant machinalement ma main sur la bosse de mon pantalon, je répondis presque naturellement : « Oui, beaucoup ». « Qu’avez-vous aimé dans ce geste ? ». Je répondis spontanément : « les saveurs et les parfums ». Elle sourit très largement, se leva et me tendit la main : « Venez. Finalement pour un scientifique, vous êtes un vrai poète. Vous méritez que je vous initie ».

Elle m’entraina dans sa chambre. Je la suivais, comme remorqué. Elle dégrafa sa jupe, la faisant tomber à ses pieds, retira sa culotte et s’allongea sur le dos, tournée vers moi. Mon regard était hypnotisé par la touffe noire qui me tendait les jambes. Je m’allongeai sur le lit, approchant mon visage du trésor convoité.

Elle ne dit ensuite plus rien, laissant le silence se remplir de nos respirations. Elle ne me guida pas non plus par des gestes, me laissant tout découvrir par moi-même. Je caressai doucement les faces de l’abricot, savourant la douceur de sa peau. Je tirai doucement sur les lèvres et le fruit s’ouvrit dans un bruit humide, comme une fleur s’offrant au soleil. Mes doigts parcoururent délicatement l’intérieur de la fleur, notant les différences de douceur, curieux de l’humidité qui provenait du bas du sexe, troublés par la dureté du petit bouton et de ses réactions à mon contact. Ma bouche vint naturellement au contact de cette autre bouche et je savourai ce baiser délicieux, massant avec mes lèvres et ma langue toutes ces parties si vivantes, gobant les sucs suaves et abondants. Je faisais corps avec ce sexe, comprenant à travers ses réactions, tous les mystères de ses plaisirs. J’avais atteint mon Eldorado. Je sentis des contractions autour de ma langue qui avait cherché à entrer le plus profond possible et j’entendis Martine pousser un petit cri étouffé. Mon slip se remplit de jute.

Nous restâmes ainsi un long moment dans cette position. Moi, le visage tout contre l’abricot qui s’était refermé, le caressant doucement en le prenant dans ma main entière. Elle me caressant doucement les cheveux. Puis, par un geste doux sur le bas de mon visage, elle me fit comprendre qu’elle voulait que je m’allonge à côté d’elle. Elle posa ses lèvres sur ma bouche, savourant manifestement les saveurs et parfums dont elle s’était remplie.

Malgré ma très grande ignorance des choses du sexe, je comprenais que nous avions vécu un moment de complicité intense. Et lorsque qu’elle me demanda doucement : « As-tu maintenant des réponses à tes questions ? », je répondis avec assurance : « pas encore à toutes ». Elle comprit aussitôt et se leva en m’incitant à la suivre. Elle nous entraîna à la salle de bains, une pièce toute en longueur, avec une longue baignoire sur le côté. Elle finit de se déshabiller et mon regard fut captivé par ses seins somptueusement lourds. Elle me demanda de me déshabiller aussi. Mon sexe se réveilla de se trouver ainsi exposé, mais il fut un peu déçu de ne pas réussir à attirer son regard. Elle me fit m’accroupir au fond de la baignoire et se plaça jambes écartées sur les deux rebords.

Comme dans cette image que j’avais tant aimée, elle tendit son sexe et ne tarda pas à en laisser sortir de grands jets. Leur chaleur sur ma peau me régala et je cherchai, bouche ouverte, à les capter. Remontant progressivement mon visage jusqu’à la source, je vins plaquer ma bouche contre son sexe, trouvant avec la langue le petit trou par où coulait la Douche Dorée, avalant une partie de son jus odorant. Je sentis à nouveau au plus profond de son sexe des contractions de plaisirs qui accompagnèrent les derniers jets. Je reculai mon visage pour savourer le spectacle de cette chatte somptueuse et ruisselante que Martine maintenait écartée avec ses doigts, et je me fis jouir, le regard fixé sur mon Eldorado.

Dans le train qui me ramenait chez mes parents le vendredi soir suivant, je rêvais à toutes ces caresses qui nous restaient encore à faire, ses seins lourds que je n’avais fait qu’entrevoir quand elle s’était déshabillée dans la salle de bains, sa grotte qui accueillerait mon sexe impatient. Mais je fus atterré en arrivant à la maison : le lycée de la prépa avait écrit : une place s’était libérée à l’internat. J’y entrais dès le lundi suivant. Mes parents m’emmèneraient en voiture récupérer les affaires dans ma chambre le dimanche soir pour m’installer au Lycée.

Martine n’était pas présente. Elle avait laissé des instructions pour déposer les clefs à la concierge. Le carton de livres sur les locomotives était toujours là, mais je découvris plus tard en le fouillant dans le secret de ma chambre à la maison, que le petit livre de poèmes avait disparu.

Je n’eus pas le cœur à retourner voir Martine, sachant que cette relation éphémère trouvait sa poésie dans ma présence dans cette chambre attenante à son appartement et que toute autre situation risquait fort de n’apparaître que vulgaire et triviale.

Paul Forsacoff

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3 réponses à L’Eldorado (souvenirs) Par Paul Forsacoff

  1. Constantin dit :

    Faut s’accrocher un peu because le style mais ça vaut le coup. Quand à l’illustration, elle donne envie de se branler en la regardant

  2. Ignace dit :

    Vraiment très beau ! J’adore les femmes mures

  3. Kiroukou dit :

    Ouf ! Les bons récits sont enfin de retour ! Texte bien écrit et très original qui « sent » le vécu (certains détails ne s’inventent pas). Le récit se permet en plus d’être roublard faisant venir l’érotisme là où on ne l’attendait pas forcément ! Une réussite !

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