Chanette 19 : Trafics (roman) 10 – L’inspecteur Lafontaine par Chanette

10 – L’inspecteur Lafontaine

Mattéo

Mattéo ne tarda pas à venir rendre les clés de la voiture de son patron.

– Je vais faire le mort pendant quinze jours, l’avertit ce dernier. Passé ce délai n’essaie pas de me contacter, c’est moi qui le ferai. Mon acheteur s’impatiente, je l’ai fait prévenir qu’il manquera 7 kilos, j’ai jusqu’à fin novembre pour les remplacer, mais il veut la came en notre possession avant la Toussaint. C’est en Russie, la feuille de route est consultable sur Internet sur un compte de messagerie. Je t’ai noté le login et le passe sur ce papelard, tu apprends ça par cœur et tu le détruis.
– D’accord patron !
– On est le 2 Octobre, si tu n’as pas de nouvelles de moi le 20, tu fonces là-bas avec la marchandise.
– Je la planque comment ?
– Débrouille-toi pour retrouver le peintre, ou trouves en un autre.
– Ça va faire juste !
– Ne me déçois pas Mattéo ! Tiens, ajouta-t-il en retirant une liasse de billets d’un tiroir, c’est pour tes faux frais.

Mattéo commença par se rendre à Longjumeau. Il se gara à 200 mètres du hangar et surveilla les allées et venues des gens. N’observant rien de particulier, il s’en alla retirer la clé de sa cachette et ouvrit le hangar. Rien n’avait été touché, il embarqua donc tous les tableaux mutilés.

Retrouver le peintre constituait une autre paire de manches. La piste passait par la galerie « la feuille à l’envers », mais à moins d’employer les grands moyens, et il n’en était pas là, il ne pouvait se permettre d’y retourner. Mais Rebecca pouvait sans doute l’aider…

– Allo Rebecca, tu peux me rendre un petit service ?
– Un service : oui, une embrouille : non !
– Rassure-toi, c’est facile comme tout, sans risque et rémunéré.
– Explique !
– Voilà ce que je voudrais que tu fasses…

Couillard et Lafontaine

Il va être 20 heures et je suis dans la cuisine avec Nadia en train de préparer à manger, quand on sonne à la porte.

Je regarde par l’œilleton, je reconnais l’andouille, j’ouvre, je fais entrer

Couillard m’exhibe sa carte de police, (comme si je ne savais pas qu’il était flic !) et me présente son acolyte.

– Voici Laurent Lafontaine de la brigade criminelle.

Autant Couillard est laid avec son visage tout rond encombrée de verrues disgracieuses et sa gosse bidoche, autant Lafontaine est bel homme, la quarantaine, d’allure sportive, les cheveux bruns peignés en arrière, la moustache droite, les yeux clairs et même une fossette au menton à la Cary Grant. Bel homme, mais pas mon genre.

– Nous avons quelques questions à vous poser !

« Non, sans blague ! »

– Et bien posez !
– Vous ne m’avez pas tout dit la dernière fois !
– Je vous ai dit ce qu’il me semblait utile de vous dire.

Couillard se met alors à gueuler :

– Parce que vous savez peut-être mieux que moi ce qui peut être ou non utile à une enquête de police ! Nous faisons un métier difficile, si les témoins commencent à nous cacher des choses, on perd un temps précieux et pendant ce temps-là, des criminels restent en liberté !
– C’est pas la peine de vous énerver, est-ce que je m’énerve moi ?
– Vous nous avez caché la scène qui a eu lieu le 17 septembre en fin de matinée, chez Trempon, l’artiste peintre.
– Je n’y ai pas pensé, et je ne vois pas ce que ça vous aurait appris ?
– Ce n’est pas à vous de me dire ça ! Hurle-t-il. Et maintenant je veux que vous me racontiez ce qui s’est passé ce jour-là, je veux VOTRE version.

Bon, j’ai compris, ils ont déjà retrouvé Nancini. Reste à savoir s’il a parlé de Bouyon ? On verra bien.

– Ça risque d’être un peu long, venez, on va s’assoir à côté, vous voulez du café ?

La tête qu’il fait !

– Non pas pour moi, merci ! Ou peut-être que si, finalement !
– Nadia, tu peux préparer des cafés pour ces messieurs ?
– Je peux vous demander qui est cette jeune personne ?
– C’est Nadia, une amie !
– Bon, alors votre version des faits ?

Le téléphone sonne, c’est Anna ! Je ne réponds pas, je ne peux pas me couper en deux, si c’est urgent elle enverra un message.

Je raconte, mais en faisant semblant d’avoir oublié l’identité de Louis Bouyon. Mais apparemment cet élément ne les intéresse absolument pas :

– Donc en gros, vous avez joué à Superwoman, vous avez réussi à mettre en fuite un type classé comme dangereux, qui a un passé militaire et qui était armé ?
– J’ai pas trop calculé, en fait !
– Je ne peux pas m’empêcher d’imaginer qu’il pourrait s’agir d’une mise en scène, vous auriez pu simuler une attaque en plein accord avec Barbizier afin de donner le change.

Il est givré, ce flic !

– Et dans quel but ?
– Justement, c’est ce que je cherche à découvrir.
– Ecoutez, si j’étais la complice de Barbizier, il n’aurait pas eu besoin de venir emmerder le peintre, la liste je l’avais, et je lui donnais.
– Nancini vous avait confié cette liste ?
– Il ne m’a rien confié du tout, j’avais les récépissés de prêt avec les noms et les adresses des gens. Je crois vous l’avoir déjà dit…

A ce moment, Couillard fit un étrange sourire, comme celui d’un forcené sadique s’acharnant sur sa proie et s’apprêtant à lui porter le coup de grâce,

– Avez-vous rencontré personnellement les personnes à qui Nancini a prêté les tableaux ?

Tiens, pourquoi ce brusque changement de sujet ?

– Oui !
– Tous !
– Oui !
– Dans quelles circonstances ?
– Nancini invitait au restaurant les gens susceptibles d’être intéressés par les tableaux. Moi je l’accompagnais.
– Et quel était votre rôle ?
– Mon rôle c’est comme les hôtesses du salon de l’auto, c’est de l’aide à la vente.
– Et vous alliez jusqu’où ?
– Jusqu’à nulle part, je me contentais d’être présente.
– Mwais !

Il est sceptique, mais je suppose que Nancini n’a pas été assez stupide pour aller dire qu’il m’avait fortement incitée à aller coucher avec ces messieurs et à risquer ainsi une inculpation de proxénétisme. De plus quand j’ai couché, Nancini n’en a rien su !

– Je me demande si je ne vais pas vous faire embarquer ! Reprend-il avec le même sourire salace. Vous n’arrêtez pas de mentir, et je vais vous le prouver !

Je ne dis rien attendant de savoir ce qui va sortir de son esprit tordu !

– Vous avez menti quand vous avez déclaré que vous aviez la liste complète des gens à qui Nancini a prêté les tableaux.
– Je n’ai jamais employé l’expression « liste complète », j’avais quatre récépissés, pas cinq.
– Et donc le cinquième ?
– Le cinquième, c’est une personne dont je ne me souviens pas du nom. Nancini lui a remis directement un tableau sans récépissé. Pour retrouver cette personne il faut demander à Nancini…
– Et c’est la personne qui est venue vous retrouver dans votre lupanar ?
– Dans mon quoi ?
– Vous voulez que je vous fasse un dessin ?
– Ça pourrait être amusant !
– Ça vous fait peut-être rigoler, moi pas ! Parce qu’il a autre chose ! Vous me prenez pour un imbécile, mais je vous garantis que si vous ne me fournissez pas une réponse qui tienne la route à la question que je vais vous posez maintenant, je vous embarque.
– Je crois que vous en mourrez tellement d’envie que vous allez le faire de toute façon quoiqu’il arrive !
– Vous n’avez pas déjeuné avec les cinq personnes à qui on a prêté des tableaux.
– Je n’ai jamais dit le contraire.
– Si, ne m’interrompez pas ! Il est vrai que dans ce cas votre présence sulfureuse à la table du restaurant ne servait à rien puisqu’il s’agit d’une femme. Elle se nomme Bernadette Harnoncourt, elle a disparu de son travail et de son domicile, et nous avons de bonnes raisons de penser que cette personne dont nous ignorons le sort est victime d’une usurpation d’identité.

Nadia s’apprête à intervenir ! Je lui fais signe d’attendre.

– Donc vous nous cachez quelque chose et à moins que vous ayez une révélation à nous faire, je vous invite à nous suivre, nous continuerons cette conversation Quai des orfèvres.

– Maintenant, dis-leur ! Soufflai-je à Nadia.
– Bernadette Harnoncourt, c’est moi ! Dit-elle.
– Pardon ?
– Je vais vous chercher ma carte d’identité !
– Bonne idée ! Elle est loin ?
– Elle est dans mon sac à main !

Couillard examine la carte d’identité !

– Ben, on peut dire que vous avez changé de look, vous !

Il s’amuse, il doit être persuadé qu’on se fout de lui, il tend la carte à son collègue qui l’examine sous toutes les coutures.

– C’est une vraie ! Dit-ce dernier en la lui rendant.
– La carte est peut-être vraie, mais peut-être pas son propriétaire. D’ailleurs je croyais que vous vous appeliez Nadia ?
– Nadia est un diminutif de Bernadette.
– Et bien mademoiselle Nadia, consentiriez-vous à me donner l’empreinte de votre index.
– Bien sûr !
– Allez nous chercher du cirage à chaussures. Vous avez bien du cirage noir ?

Et après que Nadia nous ai fait une belle empreinte, Couillard téléphone à son bureau, décline le numéro de carte d’identité de Nadia et demande qu’on lui retransmette la photo de son empreinte digitale conservée en fichier, sur son téléphone portable.

Dix minutes plus tard, tout doute était levé, et Couillard s’en trouvait fort contrarié, alors que Lafontaine semblait s’amuser de la situation.

– Je peux vous demander pour quelle raison vous n’avez plus donné signe de vie à votre entourage ? Demande néanmoins Couillard.
– Je suis obligée de vous répondre ? Demande Nadia avec une belle assurance.
– Non !
– Je peux quand même vous dire que je n’ai pas trop envie de subir le même sort que l’abbé Laroche-Garaudy. Alors je me planque !
– Logique ! Commente Lafontaine
– Bon on vous laisse, j’espère que vous ne nous cachez rien d’autre ! Grogna-t-il.
– Vous ne reprenez pas un café ?
– Non, merci !
– Moi, j’en aurais bien repris un ! Intervient Lafontaine.
– Faut qu’on y aille, je suis déjà en retard ! Rétorque Couillard.
– Vas-y, je rentrerai en taxi.
– Comme tu veux !

J’ai compris ! Comment allons-nous nous débarrasser de cette andouille à présent ? Nadia repart en cuisine

– J’en réchauffe ou j’en refais ?
– Réchauffez-en, ça me conviendra très bien !

Lafontaine me déshabille des yeux sans aucune gêne.

– Vous êtes prostituée, si je ne m’amuse ? Finit-il par me dire.
– Je n’ai pas envie d’aborder ce sujet, votre collègue semblait satisfait de mes réponses, maintenant si vous vous pouviez boire votre café et nous laisser.

Et justement voilà le café qui arrive. Nadia a dû le réchauffer au micro-ondes ! Pouah, c’est pas bon !

– Je vais vous confier un truc. Couillard était persuadé que vous étiez de mèche avec Barbizier et que vous étiez impliquée dans une affaire d’usurpation d’identité de Mademoiselle Harnoncourt. Moi je n’y croyais pas, alors nous avons parié. Il a perdu. Il me doit 200 euros.
– Et bien tant mieux pour vous !
– Je me disais que je pourrais les dépenser en faisant une petite fantaisie avec vous !
– Téléphonez-moi demain au studio, nous prendrons rendez-vous, mais attention, je ne fais que de la domination.
– Il doit bien vous arriver de faire autre chose, non ?
– Non ! Mentis-je. J’ai une bonne clientèle qui recherche ma spécialité, et je me porte très bien comme ça !
– Dans les témoignages que nous avons recueillis, nous avons celui de Monsieur Casey, qui nous a affirmé que vous avez fait bénéficier monsieur Bouyon d’une prestation sexuelle. A aucun moment il nous a indiqué qu’il s’agissait de domination.
– Qui c’est celui-là ?
– Anthony Casey, son valet de chambre.

Bravo la discrétion !

– La prestation en question n’était ni professionnelle ni rémunérée.
– J’ai du mal à le croire !
– Croyez ce que vous voulez !
– C’est vrai que je n’ai pas les moyens de Monsieur Bouyon, ceci explique peut-être cela.
– Monsieur Lafontaine, buvez votre café et laissez-nous, vous perdez votre temps.
– C’est dommage, vous me plaisez beaucoup. Tenez, j’ai une idée, je vous donne 100 euros, vous vous mettez à poil et je me masturbe devant vous, je vous promets de ne pas vous toucher ! Vous n’allez pas refuser quand même !
– Ma journée de travail est terminée, je ne prends plus de clients à cette heure-là.
– Vous êtes cruelle !

Il boit enfin son café et se lève. Ouf ! Il s’apprête à partir. Il échange un regard avec Nadia, et cette andouille ne trouve rien de mieux que de lui faire un magnifique sourire.

– Vous avez un très beau sourire ! lui dit-il.
– Merci ! Répond-elle. Vous aussi vous avez un beau sourire ! Il faut comprendre ma copine, elle est fatiguée de sa journée ! Se croit-elle obligé d’ajouter.

De quoi elle se mêle ?

– Si j’osais…Reprend le flic.
– Pardon ?
– Si j’osais, je vous ferais bien la même proposition qu’à votre amie !
– Ah ! Pourquoi pas ?

Non, je rêve !

– Tu n’es pas chez toi, Nadia ! Protestai-je.
– Oui, bien sûr, mais nous pourrions aller à l’hôtel ?

Je suis certaine que Lafontaine n’avait lancé à Nadia cette proposition incongrue que par jeu, ne s’attendant pas du tout à ce qu’elle accepte. Le voilà pris à son propre piège. Pas difficile de s’en tirer, mais le veut-il vraiment ? Pour l’instant il ne dit plus rien.

– Alors d’accord on y va ? Insiste-t-elle.

Echange de regards, échange de sourires.

– On va y aller ! Finit-il par dire.

Elle enfile son blouson. Je la laisse partir ou pas ?

– Nadia, reste là. Allez faire ça dans ma chambre !
– Hummm, c’est sympa, ça, allez viens, c’est comment votre prénom déjà.
– Laurent !

Récapitulons, Nadia est en plein dans son fantasme. Après tout, c’est ce qu’elle voulait, non ? Et ils vont faire quoi maintenant, elle est complétement inexpérimentée, sauf si Lafontaine est du genre à dominer les débats, elle court à la catastrophe.

Et puis il a autre chose, je me rends compte que je suis devenue accro à cette fille. La savoir seule avec un mec qui est assez bel homme, me rend malade.

Alors j’y vais, j’y vais pas ?

Trois minutes passent, pas plus…

J’y vais !

J’essaie de regarder par le trou de la serrure, mais je ne vois rien. J’écoute

– Oui comme ça ! Plus doucement, que je sente ta langue !

Elle va lui mordre la bite, c’est sûr !

Je rentre. Ils sont nus tous les deux, Lafontaine a juste conservé ses chaussettes. Nadia stoppe sa turlutte.

– Continuez, ne vous occupez pas de moi. Faite comme si je n’étais pas là !

Lafontaine cherche ses mots, ils ne viennent pas. Nadia reprend sa pipe, mais j’ai l’impression que mon irruption a fait débander le flic. Il ne manquait plus que ça.

Alors je m’approche, je me place à côté de Nadia.

– On va le sucer à deux !

« Bonjour ! C’est moi qui suis la fée clochette, Un coup de langue sur le gland pour raidir la quéquette ! »

Lafontaine a tout de même un étrange moment de lucidité.

– Je n’ai pas le budget pour vous payer toutes les deux.
– On te demandera pas plus que ce que tu voulais nous donner ! Et maintenant on ne parle plus d’argent.

Je fais aller et venir sa bite dans ma bouche. Il bande maintenant comme un cerf, j’évite un peu de toucher le gland et lui lèche la verge pendant que Nadia s’amuse à lui gober les couilles. Retour au gland où une goutte de pré-jouissance vient d’apparaître. Cette affaire va se terminer plus vite que prévu. Deux solutions, je le laisse pénétrer Nadia, ou je le suce à fond, dans les deux cas, il faut lui mettre une capote… Mais j’ai soudain une idée bien meilleure. Si ça se termine trop vite, j’ai peur que ce type nous cherche des emmerdes, et je n’ai pas envie que Nadia ait des emmerdes, pas du tout envie ! Ah ! Mais ! Alors voilà….

– On fait une petite pause coquine ! Déclarai-je en me relevant et en faisant en sorte que Nadia en fasse autant.

Et regardant Lafontaine droit dans les mirettes, j’entreprends de me déshabiller. D’abord le pantalon, ensuite le haut. Le pauvre bonhomme ne comprend plus rien au film mais reste scotché sur l’échancrure de mon soutif. Je retire la culotte, je me retourne.

– Tu aimes mes fesses ? Lui demandai-je parodiant Brigitte Bardot dans le Mépris.
– Superbes !

Sans me retourner, je retire le soutif, je cache mes seins avec mes mains, je fais un demi-tour, je fais durer un peu le suspense. Il est là devant moi les yeux hagards, comme le gosse qui attend pour dévorer sa glace au chocolat que le serveur ait terminé de remplir le cornet. Allez hop, j’écarte les bras.

– Qu’ils sont beaux !
– Juste un peu lourds
– Non, j’aime beaucoup !

Comme tous les mecs ! Enfin presque !

– Vas t’assoir sur la petite chaise, là-bas.
– Poupoupou… pourquoi ? Balbutie-t-il
– Ça te dirait de me voir faire un gros câlin à ma copine ?
– Oui, bien sûr…

Au moins n’est-il pas contrariant !

J’entraîne Nadia sur le lit et je l’enlace.

– Tu ne veux pas que je continue avec lui ? Me demande-t-elle en chuchotant.
– Si, mais laisse le mijoter un peu, pour l’instant j’ai envie de toi !

Et je l’empêche de me répondre en l’embrassant à pleine bouche.

En y repensant, ma conduite était à ce moment-là complétement irrationnelle. Mais la jalousie n’est-elle pas par nature complétement irrationnelle ?

Ce n’est pas sur Nadia que Lafontaine flashait, mais sur moi. Il n’a accepté d’aller avec elle que parce qu’il était excité comme un pou, par substitution en quelque sorte, il n’y a donc logiquement aucune raison d’être jalouse. Et puis bon Nadia ne m’appartient pas, ce n’est pas ma chose.

N’empêche que… n’empêche que…

Ça été plus fort que moi, plus fort que mes principes, il a fallu que je lui dise, et en ce moment pendant que l’autre flic est en train de nous mater, la bite à l’air droite comme un étendard.

– Je t’aime ! Lui confiai-je dans un souffle presque inaudible.

Stupeur de Nadia ! Le visage de Nadia s’écarte du mien ! Juste l’espace d’un instant, je me demande si je ne viens pas de faire une terrible bévue. Ses yeux se mouillent. Merde, elle ne va pas se mettre à chialer ? Pas devant l’autre zouave !

– Moi aussi, je t’aime ! Parvient-elle à me dire entre deux sanglots.

Lafontaine a dû entendre. Ce n’est pas bien grave. On reprend la fricassée de museau. On se caresse partout, on se lèche les seins.

Je suis dans un état bizarre, je ne sais pas si je suis excitée, mais j’ai envie de la faire jouir. Alors me voilà entre ses cuisses, le nez contre son sexe, Je lui lèche le minou, il est tout baveux, elle mouille. J’espère qu’elle mouille de mes caresses et non pas de la présence de l’autre abruti… ça y est la jalousie me reprend, il va falloir que je me soigne !

Je lèche tout ça ! L’image d’Anne-Gaëlle me vient un moment à l’esprit, comme elle me semble loin, mais ce n’est pas pour ça qu’elle ne m’intéresse plus, j’estime qu’on peut parfaitement aimer plusieurs personnes en même temps, mais en ce moment ma préoccupation première c’est Nadia, rien que Nadia ! Ma Nadia ! Ma Nadia à moi toute seule !

Nadia se tord le bout de seins pendant que je la lèche, ses paupières sont fermées, elle est partie dans je ne sais quel fantasme tordu.

Et la voilà qui jouit, la voilà qui hurle et la voilà qui m’embrasse comme une vraie sangsue. Un immense moment de bonheur !

Quant à l’autre zigoto sur sa chaise, il s’en est foutu plein les mirettes, il n’a pas perdu un instant du spectacle. L’idée de se branler tout seul dans son coin ne semble pas l’avoir effleuré, non, cela aurait été trop simple !

Difficile de faire autre chose que de lui demander de venir. Je lui fais signe. Il arrive à une telle vitesse qu’il manque de se casser la figure, il atterrit sur le lit avec la discrétion d’un hippopotame faisant du trampoline !

A voix basse, je propose à Nadia de quitter le lit.

– Non, non !

Je n’insiste pas, mais ça m’énerve.

Bon, j’en fais quoi du Laurent Lafontaine, je n’ai pas envie de lui demander ses fantasmes, s’il veut quelque chose de particulier, il n’a qu’à s’exprimer. Par défaut ce sera la prestation classique : la pipe et deux positions, et même que les positions il peut les choisir, elle n’est pas belle la vie ?

Je reprends sa bite en bouche. Il a déjà été sucé tout à l’heure, mais je suis responsable de la modification du programme, donc je suce de nouveau. Je me suis positionnée de telle façon que Nadia ne puisse me rejoindre. Elle m’interroge du regard avec l’air de me demander ce qu’elle doit faire, je lui fais signe de patienter.

Et pendant que j’engloutis sa bite, puis la fais aller et venir entre mes lèvres, je déchire l’emballage d’un préservatif, profite d’une pause dans ma pipe pour le glisser dans ma bouche, puis reprend les opérations. Miracle de la technique, je viens de lui poser le préservatif avec la bouche et il ne s’est aperçu de rien.

Quelque part ce classicisme prostitutionnel, m’exaspère. Il a forcément un petit truc particulier qu’il aime bien. Ce ne sont pas mes pieds, il ne le regarde pas, alors peut-être son cul, tout en continuant à sucer j’approche mon doigt de son anus.

J’y vais t’y, j’y vais t’y pas ?

Je tente le coup ! Je mouille mon doigt, je m’approche, je m’approche encore plus, j’effectue de savantes circonvolutions. Je force l’entrée mais sans pénétrer. Normalement à ce stade, si ça lui déplait, il devrait réagir. J’enfonce légèrement mon doigt.

– Oui ! Chuchote-t-il.

Et voilà ! Dans mon studio, il y en a un paquet avec qui j’ai commencé par un doigt dans le cul, qui sont ensuite passés par la case « gode » et qui se sont retrouvés un beau jour avec une vraie bite dans le cul ! Mais si les soumis ont bien souvent des dispositions anales, le contraire n’est pas vrai, on peut très bien aimer un doigt dans le cul, voire un gode sans être de nature soumise.

– T’aimes ça, hein ?
– Oui !
– Tu veux un gode ?
– Un petit, alors ! Gémit-il
– Nadia tu peux m’attraper le petit gode ?
– C’est que je suis occupée !

Occupée à quoi faire ? Elle est en train de lui caresser le torse, elle peut bien s’interrompre quelques secondes ? Je me redresse par réflexe !

Ça alors !

Nadia est en train de tortiller les tétons du policier ! Elle est bonne celle-là ! Je fouille dans le tiroir du chevet et je m’empare du gode.

Pas le temps de chercher si j’ai du gel, le préservatif avec lequel je vais le recouvrir est suffisamment lubrifié. Je lui enfonce dans le fondement, il est aux anges.

Bon, ça ne va pas durer toute la soirée non plus, après quelques minutes de va-et-vient, je pose la question d’usage :

– Tu viens sur moi ou le contraire ?
– En levrette, c’est possible !
– Pas de soucis !

L’inconvénient c’est que la pénétration est plus profonde et peut même être douloureuse. L’avantage c’est que nos regards ne se croisent pas, je peux fermer les yeux et m’évader comme je veux. J’avais lu un récit d’une collègue qui racontait avec humour que pendant la levrette avec ses clients elle préparait mentalement la liste des courses à faire de la semaine !

Je me positionne de façon bien salace, les fesses cambrées, les jambes légèrement écartées. Je lui offre une vue d’enfer.

– Oh ! Que c’est beau ! S’exclame Lafontaine.

Un compliment ça fait toujours plaisir d’autant qu’on me compliment fort rarement à propos de mon cul !

– Je peux lécher un peu ?
– C’est plus cher !

Il n’insiste pas, me pénètre et commence ses va-et-vient. Ça me fait tout drôle parce que cela doit faire un bon bout de temps que je ne me suis pas fait baiser par un mec.

Quand je pense que j’ai accepté uniquement par jalousie… Je déraille un peu en ce moment, mais c’est de la faute de Nadia. Quel besoin avait-elle de rentrer dans ma vie, celle-ci ? Nadia qui en ce moment nous regarde, d’un regard presque anatomique !

L’autre derrière s’énerve et va de plus en plus vite. Je suis obligée de me cramponner aux draps. Mais je sens que ça va finir. Je fais quoi, je simule ou je ne simule pas. Il sait que je suis une pute, doit savoir que les putes ne jouissent pas avec leurs clients (sauf situations exceptionnelles). Donc inutile de faire du cinéma !

Un rugissement sauvage ! Aucun lion n’est entré dans ma chambre, c’est Laurent Lafontaine qui vient de lâcher sa semence !

Il se lève sans un mot, un amant, un vrai aurait essayé de m’embrasser, pas lui, il connaît très bien les arcanes du tapin, mais je ne lui fais aucun commentaire à ce sujet, ce serait déplacé de ma part.

Mais manifestement, il est content, le poulet ! C’est le principal.

– Merci les filles, c’était chouette !

Il se rhabille, je me passe un kimono, Nadia reste à poil, ça doit l’amuser.

– J’ai pas d’argent sur moi : Je passe vous payer demain.

Oups ! Elle est bonne celle-là. C’est bien la première fois qu’un client me demande de lui faire crédit.

– Ou si vous préférez, je prends de l’argent au distributeur et je reviens ?
– Comme vous voulez !
– Alors d’accord je repasse demain à la même heure.

Il nous fait la bise et disparaît.

La question me brûle les lèvres :

– Pour les tétons, tu as trouvé ça toute seule ?
– C’est-à-dire, il était en train de se les tortiller pendant que tu le suçais, alors je me suis dite « pourquoi ne pas lui donner un coup de main ? »

Et oui, les choses deviennent parfois fort simples quand on les explique !

J’avais plus ou moins prévu de recadrer un peu Nadia, son attitude envers Lafontaine m’ayant passablement agacée quand elle avait accepté sa sollicitation sans l’ombre d’une hésitation. Mais je me dis : « à quoi bon, on en discutera à froid, éventuellement ». Alors je lui parle d’autre chose :

– Il y a une chose qu’il te faut savoir, il n’y a que dans les mauvais films que le client part sans payer. La règle c’est que le client paye d’avance, on pose l’argent, mais on ne le range pas avant qu’il ne soit parti, ça évite ainsi toute embrouille et toute contestation. Le fait de payer après est un privilège réservé aux clients habitués.
– C’est noté ! Qu’est-ce qu’on mange ?

Mercredi 3 Octobre

9 heures et demi, je sors de la douche, le téléphone sonne, c’est Anna.

– Hier, un mec m’a livré trois tableaux signé Tedesco, ça te dit quelque chose ?
– Ben oui, je voulais te faire une surprise.
– C’est pas très beau !
– C’est du Tedesco.
– Tu crois que ça va valoir quelque chose après toute cette histoire ?
– Comment veux-tu que je sache ?
– Moi je crois pas !
– Et ben, si tu n’en veux pas, vends-le pendant que le peintre a encore la cote. De toute façon, c’est bien ce que tu voulais faire avec celui de Paulino, non ?
– Oui mais la situation a changé !

Elle m’énerve, elle m’énerve.

– Bon tu en fais ce que tu veux, et quand tu auras cinq minutes tu penseras à me remercier.
– Merci, fallait pas ! Ça va comme ça ?
– Anna…
– Au fait il y en a un pour toi et un pour ta pétasse, tu passeras les chercher.
– Un pour ma quoi ?
– Ta pétasse !
– Anna, tu dépasses les bornes !
– Je dépasse peut-être les bornes mais depuis que tu fricotes avec cette nana, moi je compte plus que pour du beurre.
– Anna, je ne pense pas avoir passé un contrat d’exclusivité sexuelle avec toi !
– Qu’est-ce qu’elle te fait de plus que moi ?
– Merde !

La jalousie rend les gens complétement cons décidemment.

Rebecca

Rebecca s’est habillée en bourgeoise excentrique et s’est parée de bijoux, elle fait à 10 heures une entrée remarquée dans la galerie « la feuille à l’envers », jette un coup d’œil aux tableaux exposés, fait semblant d’être surprise, puis se dirige vers Anne-Gaëlle en affichant un sourire conquérant.

– Excusez-moi !

Anna a toujours flashé sur les jolies femmes, et celle-ci est une véritable boutique à fantasmes. Un joli visage de brune avec une pointe d’exotisme. Peut-être des origines maghrébines ?

« Des cheveux de jais, une bouche à déguster des steaks saignants et à faire des pipes baveuses ». Ah ! Dommage qu’elle ne soit probablement pas bisexuelle ! Une heure avec elle, ça doit être quelque-chose ! »

Anna est en plein fantasme

« Qu’est-ce qu’elle a à me regarder comme ça ? Une gouine peut-être ? » Se dit Rebecca.

– Excusez-moi ! Répète la visiteuse
– Désolée, j’étais dans mes rêves !
– C’est moi, votre rêve ?
– Pardon ?
– Vous me regardiez avec une telle insistance ! Précise-t-elle sans se départir de son merveilleux sourire.
– Vous êtes une belle femme !
– Certains me le disent parfois, en effet.
– Vous vouliez me demander quelque chose ?
– Je ne vois pas l’expo Tedesco.
– Elle s’est terminée un peu plus tôt que prévu.

Rebecca simule alors la contrariété

– Ah ! Comment je vais faire pour voir ses toiles ?
– Malheureusement, je n’en sais rien !
– Comme c’est dommage, j’étais passée en vitesse l’autre jour et j’avais été subjuguée par ces tableaux, j’étais malheureusement un peu pressée. Vous avez peut-être les coordonnées de l’artiste ou celles de son agent ?
– J’ai les coordonnées de l’agent mais je crois qu’il est parti en déplacement.
– Je vais les prendre quand même. Et celles de l’artiste ?
– Aucune idée !
– Mais c’est affreux, j’étais prête à payer très cher pour acquérir l’un de ces tableaux.
– Je suis désolée.

Rebecca commença à désespérer, la mission facile que lui avait confiée Mattéo n’était finalement pas si évidente que ça.

– Peut-être connaitriez-vous quelqu’un qui aurait ce renseignement ?
– Euh ! Non !

Mais Rebecca est fine mouche ! Son interlocutrice a hésité avant de dénier. Elle ne va pas lui reprocher, mais elle sait maintenant qu’elle peut avoir son renseignement.

– Si vous me le dites, je trouverai sûrement le moyen de vous remercier. Qu’est-ce qui vous ferait plaisir ? Laissez-moi deviner : des chocolats, des macarons, ou préférez-vous que je vous embrasse de façon un peu osée ?

Anna la regarde, fascinée, il lui suffit de lâcher un nom et cette créature de rêve va lui rouler un patin.

– Louis Bouyon, je vais vous donner ses coordonnées.
– Approche-toi !

Rebecca lui colle sa bouche contre la sienne, les langues s’agitent, Anna en mouille sa culotte, elle voudrait que ça dure des heures, elle tente d’enlacer sa partenaire qui se laisse d’abord faire avant de reculer.

– Tu as aimé ?
– Vous êtes une sorcière !
– Je suis hétéro, mais parfois, il m’arrive d’être ouvert à la discussion. Alors ces coordonnées ?

Retour à la réalité. Anna les lui confie.

– Et qui est ce monsieur ?
– Le directeur d’une revue d’art moderne assez influente !
– Oh ! Je vois ! Bon, tchao, ma belle, passe une bonne journée.
– Au revoir !

Mission terminée, elle s’en va boire un café en terrasse non loin de là et communique les coordonnées à Mattéo…

Louis Bouyon

On l’a relâché à 8 heures sans rien retenir contre lui. Il n’a pas dormi de la nuit, enfermé dans une cellule puante, sans ceinture, sans lacets, sans lunettes. Il est choqué, humilié, dégoûté, pas rasé, pas lavé. Trempon n’a pas été libéré. Anthony, le majordome interrogé comme témoin n’a rien trouvé de mieux que de raconter le détail de ses coucheries. Bouyon va boire un café près du Chatelet, puis il rentre à son appartement qui est devenu un vrai souk après la perquisition,

– Anthony, vous êtes viré, il est inutile de faire votre mois de préavis. Foutez-moi le camp, vous recevrez ce que je vous dois dans les huit jours !
– Mais enfin, monsieur !
– Dégage connard !

Il prit une douche, décida de ne pas se raser, demanda à son comptable de lui dégoter un billet d’avion pour Honolulu, enregistra un message sur son portable professionnel pour signifier son absence et partit faire sa valise.

à suivre

© Vassilia.net et Chanette (Christine D’Esde) mars 2013. Reproduction interdite sans autorisation des ayants droits.

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6 réponses à Chanette 19 : Trafics (roman) 10 – L’inspecteur Lafontaine par Chanette

  1. Biquet dit :

    Ils ont droit de faire ça pendant le service, les poulets ?

  2. darrigade dit :

    Alors Chanette ? on couche avec la police ? LOLO 😉

  3. Muller dit :

    Du Chanette égale à elle-même c’est à dire au top (même si elle a fait mieux) 😉

  4. sapristi dit :

    C’est du Chanette donc c’est bon même si dans cette épisode l’érotisme est un peu relégué au second plan.

  5. pluviose dit :

    Il n’y a qu’une scène chaude, celle entre Chanette, Nadia et Lafontaine mais c’est vraiment raconté de main de maître,, avec les mots qu’il faut. Exquis et follement excitant

  6. Kiroukou dit :

    L’intrigue continue a se développer, le sommet du chapitre étant ce très beau et long passage ou le flic veut se taper Chanette contre monnaie sonnante et trébuchante, laquelle refuse ses avances, mais Nadia se propose de jouer les substituts ce que l’inspecteur accepte par défi. Du coup Chanette a une crise de jalousie et rejoint le trio. Très hot !

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