Chanette 14 : Vacances romaines par Chanette 1 – Christophe


1 – Christophe

Ceux qui n’ont pas lu mes autres aventures, ne savent peut-être pas qui je suis, j’exerce le métier de dominatrice professionnelle… J’ai entre 30 et 40 ans, taille moyenne, peau mate, visage ovale, cheveux mi-longs, fausse blonde. Mes récits ne sont pas des récits de domination, mais des récits d’aventures érotiques (avec parfois de la domination, j’en conviens)

Lundi

J’avais décidé de me payer huit jours de vacances à Rome. Je vole avec Anna-Gaëlle, ma complice préférée, c’est elle qui s’est occupée de tout et qui nous a dégoté une formule « avion plus hôtel » à un prix très compétitif.

Anna s’est attifée d’un petit haut rose croisé sur la poitrine, ce n’est pas bien épais et ses gros tétons pointent au travers. Le bas c’est une petite robe noire, assise, ça lui remonte jusqu’à mi cuisses sur ses jambes nues. Elle s’est trouvée un petit ciré gris pour couvrir tout ça et vient justement de le retirer. Par réflexe, je lui mets la main sur le genou, elle se laisse faire et tourne son visage comme si elle désirait m’embrasser. Pas dans l’avion, tout de même, quoi que peu de gens peuvent nous voir et que ceux-ci ne nous regardent pas. J’approche mon visage, ma bouche saisit subrepticement son petit bout de langue. Ça la fait rigoler. Allez, on est sage ! On aura bien le temps de faire les folles une fois arrivées.

L’avion vole depuis une demi-heure, et je décide d’aller satisfaire un petit besoin naturel, il aurait d’ailleurs pu très bien attendre, mais c’était là prétexte à me dégourdir les jambes.

Il est toujours très amusant de circuler dans un avion, et le faire sans se tenir aux sièges des passagers reste toujours une gageure. J’avance donc, navigant entre les endormis, les curieux, et les « m’as-tu vu » et l’espace d’un instant, mon regard croise celui d’un mec ! Christophe ! Il a l’intelligence de jouer les anonymes et de replonger aussitôt dans son journal sportif. N’empêche que je suis embêtée, Christophe est un de mes clients réguliers, peu assidu, peu convivial, je ne vois qu’une fois par mois, le type même du client moyen, pas trop chiant, mais restant dans la stricte relation client-prostituée. Ni le souvenir de ses fesses rougies par mes coups, ni celui de son anus défoncé par mes godes n’arrivèrent à estomper l’immense gêne que me provoqua cette rencontre inopinée. J’espère simplement que nos chemins se décroiseront après l’atterrissage.

– Un souci ? Me demande Anna à mon retour, qui a vu que je faisais une drôle de tronche.

Je lui raconte.

– Essaie d’aller voir s’il est tout seul, ça m’arrangerait qu’il ne le soit pas !

Anna revient dix minutes plus tard !

– Il est avec une nana, vu la façon dont ils se parlent je suppose que c’est sa femme.

Ouf !

Arrivées à l’aéroport on nous conseille de prendre le train qui nous déposera à la gare Termini, en plein centre de Rome et nous évitera les taxis aux tarifs prohibitifs et les arnaques pour touristes. Un coup d’œil dans le wagon, pas de Christophe ! Tout va bien.

A l’hôtel on est toute une tribu à faire la queue pour les formalités, il est inutile de se fatiguer à deux, Anna me propose de s’occuper de tout ça, et je vais donc m’asseoir dans le salon d’accueil. Je regarde machinalement la file d’attente : Christophe est là avec sa bourgeoisie : ça m’énerve, ça m’énerve ! D’autant que je suis persuadée qu’il m’a vu.

Après avoir pris possession de notre chambre, on est allé se restaurer n’importe où (c’est le cas de le dire) et nous avons déjeuné d’une pizza qui restera sans doute la pire que je n’ai jamais mangé. L’après-midi, visite du Colisée et des environs, puis petit shopping autour de la Piazza di Spagna, il y a des choses magnifiques : des sacs, des chaussures, des fringues, c’est cher, c’est même très cher, mais bien moins qu’à Paris. Bien sûr, j’ai les moyens de me payer tout ça, mais d’une part, je ne suis pas venue pour ça, et d’autre part, je ne souhaite pas déroger à la règle que je me suis fixée : d’éviter de claquer, mon objectif est d’amasser rapidement assez d’argent pour m’arrêter de travailler et vivre de mes rentes ! N’empêche, ce sac, qu’est-ce qu’il est joli ! Le soir, on s’est payé un bon restau, (un vrai), et après…

Une fois dans la chambre, j’ai eu une envie irrésistible de m’envoyer Anna, et je sais qu’elle sera partante, elle l’est toujours.

– Les cons, ce sont des lits jumeaux ! Me dit-elle
– Pas bien grave, on va les rapprocher.

Je me place derrière elle et sans qu’elle n’y prenne gare, lui pince le téton gauche par-dessus son haut. Elle se laisse faire, se pâme, du coup je fais subir le même traitement au second. J’ai envie de jouer, d’en faire ma chose. Elle m’enlace, on s’embrasse, goulûment, longuement.

– Fous-toi à poil ! Demandais-je.
– C’était justement dans mes intentions… mais toi ?
– Moi, je fais ce que je veux, c’est moi qui commande !
– Tu ne me demande pas mon avis ?
– Si !
– Alors d’accord, commande !

Elle se déshabille à la barbare, envoyant valser tout ça sur le fauteuil. La voilà nue devant moi, belle, soumise, désirable. Je la fais se retourner, lui fous quelques claques sur les fesses, sa peau très claire marque de suite. Je me déshabille à mon tour, j’ai l’entrejambe très humide, et envie de lui donner tout ça à lécher, mais j’ai une autre urgence.

– Il y a longtemps que je ne t’ai pas pissé dessus, Anna !
– Hummm, tu as envie ?
– Oui, une bonne envie… viens

On se dirige vers la salle de bain. Anna se couche sur le carrelage, le torse légèrement levée, et la tête en arrière. Je me positionne, jambes écartées au-dessus de son visage et déclenche mon pipi, elle ouvre la bouche, en avale pas mal, le reste dégouline un peu partout, sur son menton, sa poitrine, à côté. Il y a bientôt une vraie flaque sur le sol. Elle se relève et cherche quelque chose pour essuyer…

– On fera ça tout à l’heure ! Viens m’embrasser ! Proposais-je.
– T’aimes ça, m’embrasser avec le goût de ton pipi dans la bouche, hein salope ? Plaisante-t-elle.

On s’embrasse de nouveau, c’est vrai que ce baiser est pervers. Et alors ? Puis Anna s’essuie un peu.

– Viens sur le lit, je ne me suis pas essuyée, tu vas me nettoyer tout ça !
– Je l’aurais parié

La voilà entre mes cuisses, déjà ! J’aurais dû prolonger tout ça, mais ce genre de chose se programme mal, surtout quand l’envie est si forte. Pour l’instant ce sont de grands coups de langues de haut en bas de mon sexe. Je sais qu’elle se régale. Tout mon corps est prêt pour le plaisir, j’attends que sa langue se concentre sur mon clitoris, ça y est, je le sens se raidir, je sais que je vais exploser, j’essaie de retarder ce moment, je n’y parviens pas, j’explose.

– On inverse ?
– Bien sûr, tiens il y a longtemps que je n’ai pas sucé une bite !

C’est tout à fait Anna, ça, capable de nous sortir n’importe quelle ânerie à n’importe quel moment. Envie de jouer ! Je me lève du lit, la laissant planter là.

– Tu fais quoi ?
– Je vais chercher une bite ! Répondis-je le plus sérieusement du monde.
– Ah, bon, t’as apporté des godes ?
– Tu vas voir.

Je m’enroule le corps d’une serviette, et ouvre la porte, il y a un garçon d’étage qui sort d’une chambre, je l’interpelle. C’est un type d’origine indienne assez mignon.

– Dites-moi, je suis avec une amie qui est un peu nymphomane, ça vous dirait une petite fellation, là tout de suite ?

La tronche du mec, il me regarde de la tête au pied, regarde autour de lui, le pauvre a l’air en pleine confusion mentale.

– Venez la voir, ça ne vous engage à rien.

Le mec entre dans la chambre, Anna a le réflexe de se couvrir mais il a eu le temps de la voir nue.

– Voilà, je t’ai amené un mec à sucer !
– Toi, alors ? Et tu crois peut-être que je vais me dégonfler ?
– On va voir !

Le type se demande quand même s’il s’agit d’une plaisanterie ou pas, mais quand Anna se débarrasse du morceau de couvre lit qui cachait sa nudité et se met à lui tripoter la braguette, il ne dit plus rien. Anna farfouille, lui sort son sexe déjà bien bandé, lui descend un peu son pantalon, le tripote un petit peu, le masturbe quelques instants, s’assure que l’objet est propre puis se le met dans la bouche et commence à sucer. Je tends un Kleenex au mec, lui expliquant que ma copine ne tient pas à se faire une éjaculation buccale avec un inconnu. Trois minutes après, il se recule et jouit dans le mouchoir en papier.

J’éclate de rire en voyant le pauvre gars (enfin pauvre, il a tout de même de la chance) le pantalon à moitié descendu, un Kleenex sur la bite, et les yeux hagards, se demandant ce qu’il fait là et ce qu’il doit faire maintenant.

– Grazie, arrivederci ! Lui dis-je
– Alors tu vois, je ne me suis pas dégonflée, tu as droit à un gage ! Me dit Anna.
– Si tu veux !
– OK, alors vient me sucer pendant un quart d’heure !
– Pas de souci !

Mardi

Le lendemain, nous prîmes le petit déjeuner « international » dans la salle à manger de l’hôtel. Christophe et madame étaient là, s’empiffrant à deux tables de la nôtre ! Ça m’énerve, ça m’énerve. Il me lance un regard, je fais celle qui n’a rien vu, il n’insiste pas. Je jette quand même un coup d’œil de temps en temps dans sa direction, ce mec à la bougeotte, il se lève, va je ne sais où, revient, téléphone, repart, une vraie girouette. Peu importe, nous on « petit-déjeune » peinardes, quand un larbin pingouinisé m’apporte un papelard, je lis :

« Il faut absolument que je vous parle, appelez-moi dès que possible à ce numéro, tout de suite si vous pouvez. »

Il n’y a pas de signature, je regarde vers Christophe qui me fait un imperceptible mouvement de tète approbatif.

Je fais quoi ? J’en parle à Anna. Elle ne sait pas trop quoi me dire. Quand même, ça me turlupine, et puis autant mettre les choses au point tout de suite, sinon ce type ne va pas arrêter de me casser les pieds. Je sors de la salle à manger, m’installe dans le salon d’accueil et compose le numéro de l’emmerdeur :

– Allô, il m’aurait été agréable que nous nous ignorions, commençais-je d’un ton qui se voulait ferme et décidée.
– Je ne vous entends pas bien, raccrochez, je vous rappelle ! Répondit l’emmerdeur.

Bon ! D’accord, j’attends une minute, il rappelle, me demande où je suis et me rejoint. On se croirait dans un film d’espionnage.

– Je sais ce que vous avez envie de me dire ! Commence-t-il sans me saluer, croyez bien que dans des circonstances habituelles je sais me montrer discret et n’ai pas pour habitude de venir troubler l’anonymat des gens. Seulement, voyez-vous; le problème c’est que les circonstances ne sont pas habituelles !
– Ah, bon ? Ironisais-je
– Je suis venu ici pour affaire, je suis négociant en art, et l’opération qui m’intéresse est un peu hasardeuse. Il se trouve que votre présence peut nous permettre l’un comme l’autre de ramasser pas mal d’argent.
– Ça vous embêterait d’être clair ?
– A combien chiffreriez-vous le tarif d’une prestation de disons deux heures maximum ?
– Je suis en vacances, vous n’aviez pas remarqué ?
– J’ai bien compris, je sollicite donc un extra, et comprendrais fort bien que le prix soit largement majoré.

Il m’énerve, je me lève de mon siège !

– Ecoutez, je n’ai pas envie de faire d’extra, oubliez moi, on ne se connaît plus, bon séjour et au plaisir de ne plus vous revoir.
– 3000 euros, ça irait !
– Merde !
– Réfléchissez, je vous rappellerai ce soir.
– Vous êtes pénible.

Je retourne dans la salle à manger, assez troublée par cette rencontre débile.

– Alors ? Me demande Anna

Je lui raconte.

– Ah ! Et tu sais que pendant que vous papotiez, sa femme l’a suivi…
– Manquais plus que ça !
– Te laisses pas emmerder, il n’y a pas que le fric dans la vie ! conclue-t-elle.

Elle a raison, mais les choses ne sont cependant pas si simples, j’ai de tout comme clients, des messieurs tout le monde, mais aussi des gens qui peuvent avoir une certaine influence et qui dans certaines conditions pourraient me nuire, j’ai aussi sans doute quelques malfrats, beaucoup mentent et sur leur métier et sur leur prénom.

Je me souviens alors qu’Anne-Gaëlle est directrice d’une galerie d’art rue de Seine à Paris

– Il m’a dit qu’il est négociant en art, tu l’as déjà croisé ce type ?
– Non !
– Tu peux me rendre service, essaie d’avoir sa véritable identité auprès de la réception, ensuite téléphone à quelques personnes pour savoir s’ils le connaissent…
– J’ai compris.

Je monte dans ma chambre. Je ne sais pas pourquoi je pense au magnifique sac que j’ai vu la veille en vitrine, c’est sûr qu’avec ce que me proposait l’autre guignol, je pourrais me le payer haut la main et plein d’autres choses encore. C’est vrai que deux heures de boulot pour ce tarif-là, c’est tentant, mais il aurait fallu qu’il s’y prenne autrement, qu’il soit sympa, qu’il… ça m’énerve !

– Voilà les renseignements, il s’appelle Christophe Gerbaud, il est peintre lui-même mais n’a jamais percé, il sert d’agent à de jeunes artistes, il s’occupe de la promotion de leurs tableaux et de leur vente, en prenant de belles commissions au passage.
– Une sorte d’impresario, en quelque sorte !
– Si tu veux !
– Ça me rassure, ce n’est pas un métier dangereux !
– Pourquoi ? Tu vas accepter ?
– Je ne sais pas encore ! Bon tu es prête, on y va, on est là pour visiter Rome
– On y va !

Aujourd’hui, ballade de fin de matinée, sandwich le midi, visite de la villa Borghèse, puis à nouveau shopping (putain, ce sac !) Et l’abruti m’a rappelé alors que nous étions le soir au restaurant.

– Bonsoir ! Je me permets de vous rappeler, je peux encore augmenter légèrement le prix…
– Vous voulez faire ça où ? Dans votre chambre ?
– Non, chez mon contact.
– On sera combien ?
– Vous, moi, un peintre et son agent, ça fait quatre.

Je n’aime pas. Ça fait trop de monde, ça peut être dangereux.

– Et vous voudriez que je vous domine devant les deux autres ?
– Non, ce ne sera pas moi le soumis, ce sera le peintre !
– Je n’ai ni tenue, ni matériel…
– Je m’en charge !
– Ce ne sera que de la domination, pas de relations sexuelles, c’est bien ça ?
– En principe !
– Comment ça en principe !
– Parce que si quelqu’un vous demande une pipe, au prix où vous serez payée, vous n’allez pas refuser tout de même !

Je pousse un long soupir afin de lui faire comprendre que ça me gonfle même si je ne me déroberais pas… à condition que j’accepte sa proposition.

– Dites-moi, il y a un truc que je ne comprends pas, vous m’aviez dit que notre rencontre allait nous permettre de gagner tous les deux de l’argent… vous gagnez quoi dans cette affaire.
– Je suis obligée de vous répondre ?
– Ça voudrait mieux, oui !
– C’est tout bête, mon intention est de piquer (à l’amiable bien entendu) ce peintre génial à son agent et de le prendre avec moi. Ses toiles se vendront très bien, je sais déjà à qui je pourrais les proposer… Pour que l’opération se fasse, il faut que je dédommage son agent actuel, on va donc s’arranger. Mais il faut savoir que ce monsieur est un véritable obsédé sexuel, donc un peu de sexe dans la négociation, ça aide. J’avais sollicité mon épouse pour me donner un coup de main, elle était d’accord, mais pour des raisons que je préfère garder pour moi, elle ne pourra se rendre chez ce monsieur. Je pensais donc louer les services d’une call girl, mais vous tombez à pic. Ces gens-là sont très branchés sadomaso, le peintre comme soumis, et l’agent comme voyeur.
– OK, je vous rappelle dans cinq minutes !

L’affaire parait simple, il y a un petit risque tout de même, il y a toujours un petit risque quand on se déplace, mais je sais gérer ça.

– Toi, tu vas y aller ? Je le sens ! Me dit Anna.
– Qu’est-ce que je risque, le mec ne fait pas un métier dangereux, en plus on a ses coordonnées, je fais la méchante pendant deux heures avec son peintre, j’empoche le fric et voilà !
– Hummm, pas convaincue !
– Tu m’attendras à la sortie, et si tu ne me vois pas sortir…
– J’ai compris

Je rappelle le Christophe :

– C’est d’accord, mais j’y mets deux conditions.
– Dites !
– Un : je veux que vous déposiez ce soir une enveloppe à mon nom à la réception avec la moitié de la somme.
– Votre vrai nom, mais je ne le connais pas
– Chambre 21, ça suffira.
– OK, je rajoute un petit quelque chose, c’est pour les escarpins, il vous faudra des escarpins, je préfère que vous les achetiez vous-même, c’est toujours embêtant de choisir pour quelqu’un d’autre.
– Si vous voulez, et deux, je veux l’adresse de l’endroit où ça va se passer.
– Vous n’en n’avez pas besoin, je vous y conduirais, j’ai loué une voiture.
– Non, non, je veux l’adresse tout de suite, par texto et à partir de votre portable, pas à partir d’une cabine. Et l’adresse définitive, si elle venait à changer je n’y vais pas. Par ailleurs, je me rendrais à cette adresse par mes propres moyens, je suis allergique aux automobiles.
– Bon, bon, mais, habillez-vous sexy, il n’est pas question d’y aller en jeans, n’est-ce pas ?

Je reçu le texto quelques minutes plus tard, puis en revenant je récupérais l’enveloppe à la réception, la vérifiais, tout allait bien…

Tout allait bien jusqu’au lendemain matin…

Mercredi

Nous prenions le petit déjeuner, Anna-Gaëlle et moi…

– Tu as une poussière sur le nez, me dit-elle !
– Voilà c’est parti !
– Non, ce n’est pas parti !

Par réflexe je sors mon petit miroir, dans celui je peux voir le grand escalier tapissé en rouge, et voilà que j’aperçois Christophe et sa femme qui le descendent pour venir dans la salle à manger. Et puis, tout va très vite : Le pied de Christophe qui se met en travers du tibia de son épouse, laquelle dégringole sur les marches, tente de se retenir par les mains et se retrouve à moitié assommée.

Mouvement de foule, des gens se précipitent, la femme est sonnée, j’entends Christophe lui demander :

– Mais qu’est ce qui t’es arrivée ?
– Je n’en sais rien, j’ai dû buter sur quelque chose ! Répond-elle

Elle est con ou quoi ? Elle ne se serait pas rendu compte que l’autre salaud, lui a fait un croche-pied.

Le personnel de l’hôtel fait le nécessaire, un médecin est attendu si j’ai bien compris. Je me précipite dans ma chambre, me saisit de l’enveloppe contenant l’acompte et redescend. Le toubib est déjà là : Quelle organisation ! Je m’approche de Christophe :

– Tenez, je vous rends ça ! Finalement ça ne m’intéresse pas.

Il est tout blanc, le mec. Je le laisse planté là !

On est parti se balader, et nos pas nous ont conduits jusqu’à la fontaine de Trevie où nous avons en rigolant sacrifiées à la tradition en jetant une pièce dans le bassin sans le regarder. L’orage est arrivé quelques temps après, on essaie de s’abriter, on achète des parapluies à un vendeur à la sauvette. Génial, ce sont des parapluies dont l’existence de vie ne dépasse pas dix minutes ! On essaie de retrouver le vendeur, peine perdue, ils se ressemblent tous. On est vite trempées comme des soupes. On profite d’une accalmie pour revenir à l’hôtel.

A la réception, on m’informe que j’ai un message, je le lit :

Je suis la femme du monsieur qui s’est entretenu avec vous dans le salon, hier matin, et qui m’a fait dégringoler dans l’escalier tout à l’heure. J’aimerais bien vous parler. Et c’était signé : Julia Gerbaud suivi de son numéro de portable.

Ainsi, elle n’était pas dupe et savait pertinemment avoir été crochetée, mais n’en avait rien dit ! Bizarre !

Je l’appelle, lui précise que je suis dans ma chambre. Elle arrive trois minutes après, nous salue avec le sourire, elle boite énormément et deux pansements barrent son visage, un sur le front, un autre sur le nez. Sinon, c’est une belle femme, grande, trop grande peut-être, très brune frisée, de beaux yeux bleus, la quarantaine.

– Pardonnez-moi mon aspect, je suis un peu amochée, et j’ai une entorse au pied gauche, je suis Julia Gerbaud.
– Bonjour, je suis Christine et voici Anna, ma meilleure amie.
– Christine, j’aimerais vous parler seule à seule.

J’allais répondre que je n’avais rien à cacher à Anna, mais cette dernière à l’intelligence de se retirer.

– Je vais faire un tour, appelle-moi quand tu seras libre. Au revoir madame !

Julia s’assied dans un fauteuil.

– Heureusement que je me suis retenue avec les bras, j’aurais pu me fracasser le crâne ! C’est mon conard de mari qui m’a fait tomber, mais personne n’a rien vu… sauf vous peut-être ? Demande-t-elle.
– Oui, j’ai tout vu, il a dû regarder autour de lui pour s’assurer que personne ne le regardait, je ne l’observais pas, je l’ai vu par hasard dans mon miroir de poche.
– Donc vous pourriez témoigner ?
– Oui, mais je ne vois pas bien… vous avez déclaré devant tout le monde que c’est vous qui aviez trébuché…
– C’est purement tactique, je vais vous expliquer mieux.

Elle prend une profonde inspiration :

– Vous connaissiez mon mari ? demande-t-elle
– Non pas du tout ! Mentis-je
– Vous êtes très belle ! Me dit-elle
– Merci !
– Mais revenons au sujet. Je compte divorcer d’avec Christophe, il n’en sait rien. Pour l’instant j’accumule les charges, la chute de l’escalier en est une mais doit être replacée dans son contexte… Je vais vous expliquer, mais avant il faut que je m’assure d’une chose : mon mari vous a proposé de l’argent, et vous lui avez rendu, c’était pour du sexe ?
– Je suis obligée de vous répondre ?
– Vous venez de le faire puisque vous ne démentez pas !
– Soit !
– Et vous lui avez rendu parce que vous l’avez vu me faire tomber dans l’escalier.
– Oui !
– C’est tout à votre honneur, je vous en remercie et vous en félicite.

Elle va me faire rougir ! J’ai en fait simplement rendu l’argent pour ne pas être mêlée à une personne qui a un comportement de voyou. J’ai pensé qu’il y allait de ma sécurité.

– Et vous m’avez dit que vous ne le connaissiez pas ?

Vite un gros mensonge :

– Je l’ai rencontré une fois dans une boite de nuit, où je me faisais un peu d’argent… Il m’a dragué mais quand je lui ai fait comprendre que c’était payant, il n’a pas insisté. J’avais complètement oublié son visage, mais lui apparemment n’avait oublié ni le mien ni les circonstances…
– Pas étonnant quand on a un visage pareil…
– Merci, n’en jetez plus !

C’est qu’elle insiste, la bourgeoise !

– Mais vous vous êtes bien téléphoné ?
– Bien sûr, un type de l’hôtel m’a apporté un papier avec son numéro.
– Ah ! Je comprends ! Seulement, il y a quelque chose dont je ne suis pas sûre ! Poursuit Julia, cette séance de sexe, c’était bien chez Fermi ?
– Non, ce n’est pas ce nom, là, ne bougez pas, j’ai les coordonnées sur mon portable… voilà c’est un dénommé Luciano…
– Luciano, qui c’est celui-là ? Bizarre ! Et vous deviez faire quoi ?
– Faire des trucs avec un artiste-peintre, pendant que votre mari et un autre type regardaient.
– Et l’autre type, c’est quoi sa fonction ?
– L’agent du peintre, si j’ai bien compris !
– Donc ça correspond, mais qui peut bien être ce Luciano… ils vont peut-être faire ça chez quelqu’un d’autre, enfin bref, on verra plus tard… Ce que vous ignorez, c’est qu’à l’origine, c’est moi qui devais accompagner Christophe chez ces gens-là, il était convenu que je ne devais pas être farouche, je sais ce que ça signifie. Ça ne me dérangeait pas plus que ça, pour deux raisons, la première c’est que le sexe m’amuse et que nous avons toujours été un couple très libre, la seconde est c’est ça le plus important, c’est que j’aimerais savoir ce que fabrique vraiment mon mari, et que si je glanais quelques informations pouvant faciliter l’issue de notre divorce à mon avantage, alors tant mieux. Mais alors pourquoi a-t-il changé ses plans, pourquoi a-t-il fait appel à vous ?
– Il m’a effectivement expliqué que vous deviez avoir ce rôle, mais que vous ne pourriez pas venir ce soir-là !
– Que je ne pourrais pas venir… Le salaud, il doit se douter de quelque chose, mais comment est-ce possible ?

Je ne sais pas quoi lui répondre, elle marmonne un truc incompréhensible, puis de façon plus audible :

– Vous devez me trouver moche comme tout avec mes sparadraps ?
– Je vous ai vu avant l’accident, et vous ne me sembliez pas moche du tout, bien au contraire, Au fait il est où, votre Christophe ?
– Parti chercher une call girl pour nous remplacer, je suppose. Mais dites-moi, le sexe c’est votre métier ou vous faites ça en plus ?
– Ne me posez pas ce genre de question, ça me gêne !
– Vous faites des massages ?

Celle-là, je la vois venir avec ses gros sabots.

– Ce n’est pas tellement ma spécialité, mais je sais faire. Vous voudriez un massage ?
– J’ai l’impression que ça me ferait un bien énorme, j’ai trop de stress, faut que j’élimine tout ça.
– Maintenant, tout de suite ?
– Pourquoi pas ?
– Je préviens ma copine, je ne voudrais pas qu’elle s’inquiète et je suis à vous… Ah au fait, ne me demandez pas combien je prends pour faire ce genre de choses. Pour vous ce sera gratuit.
– Comment ça gratuit ?
– Je vous le dirais, mais plus tard. Si vous voulez bien vous déshabiller… Ah, il va peut-être falloir que je vous aide pour retirer le pantalon…

Elle est jolie à poil, une belle peau de brune, très légèrement et uniformément satinée, mais pas bronzée, elle n’aime peut-être pas le soleil. La taille est bien marquée, les seins un peu lourds mais jolis et terminés par des tétons très sombres. C’est très mignon tout ça.

– Vous me massez habillée ? Demande-t-elle d’un ton faussement innocent.
– C’est comme vous voulez, si vous voulez que je me déshabille, ce ne sera pas un problème.
– Je préfère en effet !

Ben voyons ! Après m’être mise en sous-vêtements, je fais une petite pirouette, lui permettant de tout voir puisque je suppose que c’est ça qu’elle veut.

– Je ne pensais pas que garderiez vos sous-vêtements, mais tant pis…
– Je me disais simplement que je ne les retirerais que si vous le souhaitiez, je vais donc le faire.

Nouvelle pirouette.

– Vous êtes très belle !
– Merci !

Elle se répète un peu, la nana, je ne suis pas moche, mais je ne suis loin d’être un top model !

Bon, au boulot ! Je commence par lui masser les épaules, la nuque, le dos… J’y vais carrément en appuyant assez fort, elle a l’air d’apprécier. Je sais faire, mais je n’ai pas trop l’habitude, je commence à fatiguer. C’est que c’est physique un massage !

– Un peu les fesses, s’il vous plaît ! J’adore qu’on me masse les fesses !

Allons-y pour le massage de fesses, et que je te les triture et que je te les malaxe… Je les écarte aussi, dévoilant le petit œillet tout brun de la dame. J’ose ou c’est trop tôt ? Allez, j’ose, je pose juste mon index à l’entrée…

– Oui ! Chuchote-t-elle.

Alors O.K., je mouille un peu mon doigt, et je rentre.

– Tu aimes ?
– Oui, vas-y doigte moi le cul.

Les lecteurs auront remarqué comment l’introduction d’un doigt dans l’anus peut faciliter le passage au tutoiement.

Je fais donc aller et venir mon index dans son étroit conduit, je ne peux pas introduire d’autres doigts à cause de mes ongles, j’aurais dû penser à apporter un petit gode, on ne peut pas penser à tout… et puis j’ai une idée.

– Je reviens !

La brosse à dent électrique d’Anna, superbe gadget inutile, je m’en empare, la mets en fonction et l’introduit dans le cul de la grande brune.

– Mais c’est génial ce truc !

C’est peut-être génial, mais je ne vais pas non plus lui laisser ça là-dedans pendant une heure. Je lui propose donc de se retourner. On n’a plus besoin à présent de sauvegarder les apparences, et je lui caresse donc les seins, m’aventurant sur le téton, guettant sa réaction. Certaines femmes sont indifférentes à la stimulation de cette zone, d’autres sont agacées, Julia fait partie de la bonne catégorie, celles qui en jouissent. Je lui pince un peu tout ça, puis m’enhardis à les mordiller, les aspirer, les sucer… Madame est aux anges et me quémande un baiser d’une voix aussi implorante que sensuelle. Je ne lui refuse pas. Elle n’embrasse pas aussi bien qu’Anna mais c’est pas mal, et ça fait chaud au cœur ! J’ai failli lui dire que c’est la première fois que j’embrasse une nana qui a un sparadrap sur le nez mais je ne suis pas sûre qu’elle apprécierait ce genre d’humour.

– Tes seins ! Me dit-elle.
– Quoi, mes seins ?
– Donne !

Humm, mais c’est qu’elle se régale, elle me tète comme s’il y avait du lait, elle est un peu brusque quand même, mais je ne vais pas lui dire. Je lui fais signe qu’il serait sans doute agréable qu’on se mette en soixante-neuf. Ça tombe bien, ça l’intéresse ! Et nous voilà en train de nous bouffer la moule mutuellement. Là encore je constate qu’elle fait de son mieux, mais qu’elle manque d’habitude. Elle ne doit faire l’amour avec les femmes que de façon exceptionnelle. Que m’a-t-elle donc trouvé de si particulier ? A moins que ce soit tout simplement cette suite de circonstances… Bon, je me concentre sur ce que je fais, et fait aller ma langue en de savantes circonvolutions sur son clitounet, je la sens se raidir, elle crie, elle a joui. Pas moi, et je sens qu’elle ne va pas y arriver. Pour ne pas la vexer, je simule, je me terminerais éventuellement plus tard.

– Ça va ? Demandais-je à Miss Sparadrap
– Oui, dommage que tu sois prise, je t’aurais bien draguée pour de vrai.
– Ça n’aurait pas marché, je ne suis pas lesbienne et toi non plus, je suppose !
– Humm ! Je peux te demander un service !
– Dis toujours !
– En fait c’est un très, très gros service, que je peux rétribuer très cher si tu acceptes, très, très cher, même !

Oh ! Que je n’aime pas ça !

– C’est du sexe ?
– Oui !
– Alors c’est non, je suis en vacances.
– Tu viens pourtant d’en faire !
– Oui et gratuitement en plus, parce que j’ai fait ça pour mon plaisir et pour te faire plaisir, ça m’a plu de déstresser une femme en galère, une femme qui ne se croit plus belle parce qu’elle a deux sparadraps, une femme qui à la rage parce que son conard de mari la jette dans l’escalier…
– Tu es adorable… embrasse-moi encore !

Allez c’est parti pour un nouveau patin. Puis elle se rhabille, je l’aide un peu pour le pantalon.

– Tu ne veux pas savoir ce que c’était ma proposition ?
– Dis toujours !
– Tu ne vas pas hurler ?
– C’est si moche que ça ?
– Ce n’est pas moche, c’est incongru.
– Alors ?
– Tu vas avec Christophe ce soir rencontrer ce peintre et son agent, tu glanes le maximum d’informations, et tu me racontes.
– Non, pas question !
– Il n’y a aucun danger, tu récupères ce que t’a promis mon mari et moi je te double la mise.
– Je ne vais pas dans un endroit où je serais la seule femme avec au moins trois mecs dont un qui pourrait être accusé de coups et blessures volontaires.
– Tu ne seras pas seule, regarde ce bracelet, c’est du toc, du joli toc, ça fait son petit effet, si j’appuie sur la partie rouge, regarde ce que ça fait… ça fait biper un récepteur qui est dans mon sac…
– C’est ça, si j’ai des problèmes, je bipe et tu arrives à mon secours, c’est quoi ton vrai nom ? Superwoman ?
– Je ne suis pas venue seule ici, il y a mon avocat, et il est épaulé par trois hommes de main…
– Fichtre ! Nous voilà en plein polar !
– Non, ce n’est pas ce que tu crois, mon mari est un violent, il a des crises parfois, s’il apprend que je veux divorcer, non seulement il peut s’en prendre à moi, mais payer du monde pour me nuire. Les amis de mon avocat sont là pour ma sécurité, uniquement, mais si je leur demande d’assurer la tienne, ils le feront, après tout c’est moi qui les paie.
– Bon, on en parle plus, c’est non ! OK !
– Réfléchis, je te rappelle dans une heure.
– Ce sera toujours non !
– On verra bien, je te laisse, j’ai des trucs à faire.

C’est tout vu ! J’ai assez fait le zouave comme ça ces dernières années à me laisser trahir par ma curiosité. Quand même deux arguments ont du mal à disparaître, le premier c’est que avec tout le fric qu’on me promet, ce ne serait plus un sac que je pourrais m’acheter mais toute une collection, la seconde est plus compliquée, j’ai vraiment développé une haine spontanée et viscérale contre Christophe, et si je pouvais de façon fort modeste lui mettre quelques bâtons dans les roues, ça me ferait vraiment plaisir.

Anna me traite de folle, mais je la rassure :

– Que veux-tu qu’il m’arrive ? Et en plus je suis couverte. D’ailleurs je vais être doublement couverte, parce que ce qui serait bien, c’est que tu loue une voiture et que tu m’attendes en bas, dès que c’est fini on se fait un restau de folie !

Je préviens Christophe que j’ai changé d’avis, il est bizarre au téléphone, mais semble néanmoins ravi et le fait que je lui demande 2000 euros de plus ne semble pas lui poser problème.

– Je vous dépose de nouveau l’acompte à la réception, d’ici une heure disons… Et n’oubliez pas les escarpins !

J’ai donc acheté les godasses et quelques fringues pour me déguiser en pute puisque c’est le désir de ces messieurs. J’ai quand même fait simple, un petit haut beige très décolleté, une minijupe toute noire et des bas résilles.

J’ai de nouveau récupéré et vérifié l’enveloppe. Anna a loué une voiture, on se rend ensemble à l’endroit indiqué.

– On est garé un petit peu loin, essaie de te rapprocher dès que ce sera possible.

Julia et ses acolytes devraient aussi être en faction pas très loin, je ne les vois pas et ne les cherche pas non plus, le but n’est pas d’attirer l’attention. Je troque mes baskets contre les escarpins, et me met une gabardine sur le bras, ce truc peut être pratique en cas de fuite précipitée. Le petit sac à main blanc est bidon, il n’y a rien dedans, tout ce qui devrait y être est dans les poches de la gabardine. Je sors du véhicule cinq minutes avant le rendez-vous. L’adresse est un immeuble bourgeois. Je cherche sur l’interphone le dénommé Luciano, je ne le vois pas ! Par contre il y a bien un Fermi, mais je ne suis pas sensée connaître ce nom. Oh ! Que je n’aime pas ça ! Je m’apprête à téléphoner à Julia pour lui demander conseil, mais la porte d’entrée de l’immeuble s’ouvre à ce moment-là :

– Chanette ! Ah, c’est bien, vous êtes ponctuelle, venez, c’est au premier ! M’annonce Christophe.
– Attendez, vous m’aviez indiqué Luciano, il n’y a pas ce nom sur la liste des occupants.
– C’est le prénom de monsieur Fermi !

Pourquoi me suis-je satisfaite de cette explication ? Mystère et cachet d’aspirine !

– Bon, il est 21 heures, à 23 heures je serais sortie, on est bien d’accord ?
– Tout à fait, je vous raccompagnerais à l’hôtel !
– Non, non, je me débrouillerais toute seule.

On entre dans un riche appartement et nous nous installons dans un salon bibliothèque décoré sur l’une de ses façades de reproduction de maîtres italiens de la Renaissance.

– Voilà je vous présente Maurizia, artiste peintre et transsexuelle et voilà Guiseppe Fermi, négociant en art.
– Ah bon, ce n’est pas Luciano ?
– Mais si c’est Luciano, Guiseppe c’est pour l’état civil, Luciano c’est pour les amis.

On se serre la main, et je pose ma gabardine sur un dossier de chaise. Fermi est un petit gros, presque chauve et portant d’épaisses lunettes. Il me regarde comme si j’étais la Joconde, me déshabille du regard, y va de son couplet admirateur !

– Bella, bellissima ragazza ! Lei parla italiano ?
– Basta un po ‘ mentis-je

Du coup, il me fout la main au cul, d’habitude le tarif pour ce genre de chose, c’est une bonne gifle. Là, je ne peux pas, il aurait voulu me rabaisser qu’il n’aurait pas agi autrement ! Qu’est-ce que je suis venue foutre dans cette galère ? Quand je pense qu’au début, c’était pour un sac… Mais l’image de Julia apparaissant soudain dans le dédale de mes pensées m’aida à me remotiver (un petit peu)

Le personnage de Maurizia est fascinant, un visage très féminin et très souriant encadré par des cheveux blonds mi-longs raides et décolorés, une voix très douce, « elle » est habillée sans aucune provocation, jeans et petit haut jaune lui découvrant de jolies épaules.

Elle ne participe pas à la conversation, Christophe et Fermi parlent en Italien. Fermi est volubile et je ne comprends pas tout, mais devine qu’ils négocient le changement d’agent de Maurizia. Au bout d’un quart d’heure, ils ont l’air d’accord et aborde chacun un sourire de vainqueur. Je me demande bien qui a baisé l’autre.

Fermi se lève et revient avec un classeur muni de feuilles plastique, il feuillette tous les deux le machin avec forces commentaires, je comprends qu’il s’agit de reproduction de tableaux, de temps en temps Fermi condescend à montrer une page à Maurizia, moi je n’y ai pas droit, ici, je suis venue faire la pute, rien que la pute et on me fait rester dans mon rôle ! Conard, va ! Il est vrai que dans son cerveau de petit pois, une pute qui s’intéresse à l’art ce doit être encore plus inconcevable que de voir débarquer des ovnis !

Il se lève de nouveau, revient avec une bouteille d’Asti Spumante et quatre verres. Je décline prétextant ne jamais boire d’alcool. En fait, je n’aime pas ce truc là, c’est trop sucré et puis on n’est jamais trop prudente.

Les trois zouaves trinquent et boivent, toutefois Maurizia se contente d’une simple lampée.

On parle ensuite de moi, et j’apprends que je vais faire une « démonstration ». Il fallait bien que ça arrive, je regarde ma montre, il est 9 heures 50. Fermi à l’air enthousiaste, et Maurizia ne fait pas la gueule. Donc tout va bien !

– Venez, me dit Christophe.
– Euh, il est de tradition de payer avant.
– Comme vous voulez ! Me répond-il en me tendant une enveloppe cachetée.

J’hésite à l’ouvrir et à recompter tout ça. Je glisse donc le pli dans la poche de ma gabardine que je laisse dans le salon, et je suis le bonhomme dans ce qui doit être une chambre d’ami.

– Voilà, vous allez vous changer ici ! Il y a ce qu’il faut dans ce plastique, ainsi qu’un peu de matériel. Attention, il faudra qu’à un moment donné, Monsieur Fermi puisse voir vos seins, et aussi le reste. Rappelez-vous le but de l’opération, c’est d’abord de satisfaire Monsieur Fermi, Maurizia elle n’est là que pour le spectacle.
– D’accord, j’ai compris, je ne suis pas idiote !
– Vous improviserez, vous pourrez donner des ordres en français à Maurizia, elle parle très bien notre langue, mais pas d’uro, pas de trucs « anals » et pas de crachats, Monsieur Fermi n’aime pas ça !

Je le trouve, bien chochotte, ce Monsieur Fermi, mais bon on improvisera, et dans une heure tout ce cirque sera terminée. Je me demande malgré tout ce que je vais pouvoir raconter à Julia, parce que pour l’instant, je n’ai rien constaté qu’elle ne sache déjà pas.

Bon, je me change. Effectivement la tenue ce sera service minimum, une minijupe en vinyle noir et un gilet de la ma même matière sans manche que je boutonne pour le moment. Il y a aussi une ceinture très large ornée de rivets pointus et une casquette en cuir assez ridicule et légèrement trop grande. Je conserve mes bas résilles. Côté accessoires, il y a un martinet, une cravache, deux jeux de pinces et une paire de menottes… On se débrouillera avec ça et je remets tout ce fouillis dans le sac plastique. Je le prends et réapparais dans le salon.

– Voilà, je suis prête, on fait ça où ?

Fermi me répond simplement d’un sifflet approbateur, il m’énerve, ce mec !

– On va rester ici, vous pouvez commencer ! Me dit Christophe.

Je mets discrètement la main dans la poche de ma gabardine afin de vérifier si les sous sont toujours là, puis je dispose les accessoires sur la table et choisis de commencer avec la cravache.

– A poil ! Ordonnais-je à Maurizia.

Elle (on va, par choix, la conjuguer systématiquement au féminin) commence par retirer son petit haut, puis son soutien-gorge. Les seins sont jolis, je ne suis pas spécialiste en transsexuelles mais les seins qu’on lui a trafiqués sont très réussis, et ses petits tétons dardent de façon très impudique. Les chaussures, les chaussettes, le pantalon… Il ne reste que la culotte qu’il retire prestement, nous dévoilant un joli sexe, au repos pour l’instant, mais je vais arranger cela. Je la fais se retourner afin de voir ses fesses, de jolies fesses bien rondes, bien plus jolies que celles de certaines femmes ! Elle est vraiment troublante cette Maurizia et ne me laisse pas indifférente. En revanche, les deux zigotos ne manifestent aucune réaction, mais sans doute la connaissent-il par cœur la Maurizia. Il va falloir que je me surpasse pour leur offrir quelque chose d’original, mais en ais-je seulement envie ?

Je lui attrape les seins et commence à les pincer, pratique dont le résultat est toujours aléatoire, mais là ça marche, elle réagit, elle pousse des petits soupirs et je vois sa quéquette qui grandit à vue d’œil. Je serre plus fort, elle gémit de douleur mais supporte. Je prends les pinces et les lui accroche. Elle a juste un petit mouvement de recul. Je suis consciente que tout cela n’est pas très spectaculaire, je demande donc à la Maurizia de s’arc-bouter contre un petit secrétaire et de tendre les fesses, un premier coup de cravache lui zèbre le cul, elle a bien encaissée, je peux donc taper un peu plus fort, ça passe encore, j’intensifie encore mon frappé, mais cette fois c’est trop, j’ai donc trouvé le bon rythme, je vais la flageller comme je l’ai fait au second coup !

A chaque coup, elle pousse un petit cri, mélange de douleur et de plaisir, j’ai l’habitude.

– Più forte ! Braille Fermi

Comment ça plus fort ! Je fais semblant de ne pas avoir entendu.

– Monsieur Fermi voudrait que vous tapiez plus fort ! Se croit obligé de me traduire Christophe.
– Si je ne fais pas plus fort, c’est qu’elle ne le supportera pas, je connais mon métier ! Répondis-je sèchement.
– Tapez plus fort quand même !
– C’est du S.M. que vous m’avez demandé pas de la torture, alors laissez-moi travailler, voulez-vous.

Ça commence à sentir sérieusement l’embrouille, je continue à taper à mon rythme et puis j’ai une idée, je m’approche du visage de Maurizia et lui dit assez fort :

– Ça te plaît de te faire fouetter le cul, hein salope !
– Oui, madame, j’aime bien ça…

Puis très vite je lui chuchote :

– Fais semblant d’avoir plus mal que ce que je te fais.

Je change d’instrument et m’empare du martinet, je frappe, elle braille.

– Bene ! Commente cet abruti de Fermi qui n’a rien compris au film.

Je lui rougis ainsi les fesses pendant un petit moment, il me faut ensuite faire autre chose, un truc que j’aime bien faire, c’est faire sauter les pinces avec la cravache, mais il faut pour cela que le sujet soit maintenu, et ces idiots n’ont prévu en guise d’attachement que des menottes ridicules.

– Tourne-toi !

Je lui retire ses pinces, mais les remets aussitôt, Maurizia fait une grimace, mais elle doit aimer ça, son indicateur est au beau fixe. Je veux dire qu’elle bande joliment. Je lui serre les testicules, lui gifle un peu la verge, puis passe à autre chose :

– A quatre pattes !

J’enlève ma minijupe et me caresse sensuellement les fesses en me positionnant de façon que Fermi puisse bien me voir. Je demande ensuite à Maurizia de me les embrasser. Souvent à ce stade je demande à mes soumis de m’embrasser l’anus… mais puisque Monsieur Fermi nous fait des allergies…

– Avance !

Je lui fais faire le tour de la table, en lui fouettant le cul pour le faire avancer plus vite. Je vais donc à un moment passer très près de Fermi. A mi-course je déboutonne mon gilet exposant ainsi ma poitrine. Et alors que ma main droite agite la cravache, la gauche caresse lascivement mon sein allant même jusqu’à jouer avec le téton.

J’ai réussi mon coup ! On est pro ou on ne l’est pas ! Le Fermi est tellement excité qu’il a sorti sa bite et qu’il se masturbe frénétiquement.

– Come mi succhiare ! Me dit Fermi

Il veut que je le suce, je me doutais que j’y aurais droit, je vais le faire, mais pour l’instant je fais semblant de ne pas comprendre et passe devant lui comme si de rien était.

– Monsieur Fermi souhaiterait une petite fellation ! Se croit obligé d’ajouter Christophe.
– OK, ce sera pour le prochain tour.

Comme ça il sera encore plus chaud, et ça ira encore plus vite ! Je ne me presse pas pour ce deuxième circuit, mais il faut bien qu’il se termine. Je pile donc devant monsieur Fermi.

– Oh ! La jolie bite ! C’est le spectacle qui vous a mis dans cet état là !
– Si !
– Vous voulez que je vous soulage, alors ?

Et comme il ne comprend pas bien ce que je lui dis, je mime par geste.

– Si ! Si !

Et l’incident éclata…

J’approche mon visage de la chose et je recule aussi sec ! Ce mec doit se laver la bite une fois par trimestre, ça pu le fromage, c’est dégueulasse, je ne peux pas sucer ça, je me relève !

– Mettez-vous un préservatif !

Il ne comprend pas, se tourne vers Christophe qui lui traduit. Il a comme un coup de sang, il m’attrape par les cheveux et me force à baisser la tête, je lui envoie un coup de pied dans le tibia, du coup il m’envoie une gifle.

C’est une vraie gifle, je me retrouve le cul par terre, à moitié sonnée, j’entends Maurizia qui proteste, mais qui se fait vertement intimer l’ordre de la fermer. Fermi et Christophe s’engueulent violemment. Je reprends doucement mes esprits, repère l’endroit où est restée ma gabardine, je calcule : Dix secondes pour m’en emparer, dix pour atteindre la porte, dix pour l’ouvrir, et le tour sera joué, d’autant que je ne vois pas bien pourquoi ils m’empêcheraient de partir. J’avais oublié le bip de Julia, je l’actionne, on est jamais trop prudente.

Le ton baisse entre les deux connards, on dirait que Christophe a calmé l’autre avec un argument inattendu. Je ne peux plus attendre, je me lève, je fonce, et c’est raté, Fermi me ceinture

– Si tu me lâches pas immédiatement, je hurle !

Je n’aurais jamais dû dire ça, je me retrouve avec un bâillon improvisé dans la bouche, puis tout alla très vite, incapable de me mesurer physiquement à ces deux abrutis, on m’enfila ma gabardine, on me menotta les mains dans le dos, on me plaça sur le visage un masque de carnaval de Venise. Deux minutes plus tard, je descendais l’escalier encadrée par les deux débiles.

Je ne m’inquiète pas trop cependant, il y a du monde en bas… Ils ont dû entendre mon bip… Théoriquement…

Au rez-de-chaussée, seul Christophe me tient, mais il me tient bien, Fermi sort. Pour quoi faire ? On reste planté cinq minutes, un coup de klaxon, mon gardien m’entraîne dehors, une voiture est en double file, porte ouverte, il me pousse à l’intérieur, prend place à mon côté, on démarre !

Horreur absolue ! On vient tout simplement de m’enlever ! Mais où est passée Anna ? Et où sont passés Julia et sa bande de gros bras ? Je n’y comprends rien et je suis dans de sales draps. Jamais j’aurais dû accepter d’aller à un rendez-vous qui me mettrait en état d’infériorité numérique, jamais je n’aurais dû croire à cette fable de changement de prénom de Fermi, jamais, je n’aurais dû gober cette histoire d’avocats et d’hommes de mains sans les avoir rencontrés ! Ça fait beaucoup d’erreurs, beaucoup trop !

Le trajet n’est pas très long, un quart d’heure peut-être. On pénètre dans une grande propriété. Un type (dont je saurais le nom plus tard, Pacelli) nous attend à l’entrée. On me pousse hors de la voiture. On me retire mon masque, le nouveau venu me dévisage rapidement, fait un signe d’approbation à Fermi, puis on me dirige vers ce qui doit être la loge du régisseur, et on m’assoit sur une chaise. Les trois bandits s’éloignent de moi et tiennent un bref conciliabule. Quelques minutes après, seul Christophe revient vers moi.

– On va vous enlever le bâillon, et vous mettre les menottes par devant, comme ça vous pourrez boire. Vous allez passer la nuit ici, il est inutile de crier, personne ne vous entendra, vous évader de ce machin est facile, mais je ne vous le conseille vraiment pas, les murs sont très hauts, la grille est infranchissable, et surtout le parc est gardé par deux énormes chiens vraiment peu sympathiques. Par ailleurs, nous ne répondrons à aucune question.

On m’enlève le bâillon, je ne dis rien, emplissant mon regard de tout le mépris dont je suis capable.

Ils s’en vont. Bruit de moteur. Je suis incapable de dire si la bagnole s’est avancée dans la propriété ou si elle est repartie.

Je suis donc là, seule, abandonnée, sans aucune perspective. Je visite les lieux, c’est un deux pièces, cuisine, salle de bains, assez étroit, qui ne doit plus être habité depuis un bon bout de temps. L’eau fonctionne, l’électricité aussi, peut-être pourrais-je dégotter une perceuse qui me permettrait de sortir d’ici et d’ouvrir la grille, resterait le problème des chiens : leur donner à bouffer un truc que je pourrais empoisonner avec un produit toxique. Bon allez, je me mets en recherche. Peine perdu, aucun outil sinon un pauvre tournevis, rien qui ressemble à de quoi manger, ça va mal, ça va mal !

Quand même un tournevis, ça devrait me permettre d’essayer d’ouvrir les menottes, ce ne sont que des menottes de sex-shop, ça ne devrait pas être trop compliqué, je m’installe sur une chaise devant la table et commence à tripoter tout ça, faut bien que je m’occupe.

Je ne sais pas quelle heure il est… il faudrait que je regarde… Et puis soudain le déclic : Ces abrutis ont oublié de me faire les poches… et mon portable est à l’intérieur. Après quelques contorsions, je l’extrait. Pourvu qu’il ne soit pas déchargé. Vite ! Appeler Anna ! Et merde ça ne passe pas, je change de pièce et soudain j’entends des sirènes qui se rapprochent. Des flics ? Ils sont tous près maintenant peut-être devant la grille. J’entends qu’ils entrent, j’éteins la lumière puis la rallume, puis je l’éteins et ainsi de suite… si personne ne me voit c’est désespérant.

Finalement on ouvre ! Un grand machin me cause en italien, puis découvrant que je ne comprends pas tout, appelle un collègue qui baragouine le français.

– C’est vous Christine D… ?
– Oui !
– Vous confirmez avoir été victime d’une tentative d’enlèvement.
– Oui !
– Venez avec nous, on va essayer de démêler tout ça, on embarque aussi ce monsieur, il est incapable d’expliquer votre présence ici !
– Euh, les menottes ?
– Qui à la clé ?
– Mais je n’en sais rien !

C’est du plus haut comique, un premier essaie d’ouvrir, un second aussi, ils sont trois maintenant en train de me tripoter les poignets. Au bout d’un quart d’heure je fus enfin libérée de ces menottes.

Direction le poste de police. Je demande l’autorisation de téléphoner, elle m’est accordée, mais le policier s’étonne que j’ai pu le conserver.

– Anna ! Où es-tu ?
– Moi ça va ! Mais toi…
– La police m’a libéré, mais qu’est ce qui s’est passé ?
– Je t’ai vu partir entre les deux lascars, je n’ai pas pu intervenir, j’ai suivi la voiture dans laquelle on t’a fait monter, une fois arrivée à destination, j’ai téléphoné aux flics.
– J’ai l’impression que je vais en avoir pour un bout de temps, ne t’inquiètes pas.
– J’arrive, ils veulent enregistrer mon témoignage…

Au poste, je raconte l’histoire en la « softisant » un peu, je leur dis que je me prostitue de façon très occasionnelle et que j’ai été reconnu par un ancien client qui m’a demandé un service afin d’amadouer un de ses contacts, j’omets volontairement de parler de Julia (sans doute parce que son jeu dans cette affaire ne me parait pas clair !) je ne parle pas de domination, mais donne l’adresse inscrite dans les texto de mon téléphone…

– Sauf que ce n’est pas Luciano, mais Fermi, l’autre c’est Christophe Gerbaud, chambre 42 à l’hôtel…

On me croit à peine, on va même me reprocher d’être une pute française qui vient foutre le bordel en Italie. Ça fait toujours plaisir. On m’annonce l’arrivée d’Anna, j’ai même le droit d’aller lui faire un bisou dans le couloir. Ils sont bien braves quand ils veulent.

– Bon, ils ont voulu vous faire peur. On va en rester là, j’espère que l’on entendra plus parler de vous pendant le reste de votre séjour en Italie ! Finit par conclure le gradé.

Je ne sais pas trop quoi dire ! Après tout ils ont peut-être raison, les deux abrutis ont voulu me faire peur, et ils ont réussi… Mon interlocuteur s’apprête à me faire signer un papelard…

… et c’est à ce moment-là qu’un de ses collègues arrive, et lui montre deux feuilles de papier. Du coup le gradé change de tête, qu’est-ce qu’il va m’arriver encore ?

– Ça change tout ! Allez me chercher Fermi et Gerbaud ! Finit-il par ordonner.
– Je peux savoir ? Demandais-je timidement.
– Attendez !

Il prend son téléphone et demande communication en urgence de tous les appels passés cet après-midi sur les portables de Fermi et de Pacelli.

– Je ne peux rien vous dire encore, mais c’est peut-être plus grave qu’on pouvait le penser. Asseyez-vous là-bas cinq minutes.

C’est que je rentrerais bien, moi, je n’ai rien bouffé et je suis crevée…

Un quart d’heure après, le gradé me rappelle à son bureau, il tient une liasse de feuilles d’imprimantes.

– Lisez ça !

Je lis, c’est la transcription d’une communication de Fermi à Pacelli.

« Ça t’intéresse une pute française, la trentaine, mignonne, personne n’ira la rechercher ! »
« Si c’est pas trop cher, il faut que je la revende après »
« Le même prix que l’autre fois ? »
« Non, si elle a plus de trente ans, c’est trop cher »
« La moitié ? »
« OK, vous l’amenez quand ? »
« On arrive ! »

– Vous pouvez remercier votre amie, sans elle, demain vous seriez partie je ne sais où !
– Traite des blanches ?
– Tout à fait ! Quand mon collègue a été vérifier si les noms que vous nous avez donnés étaient connus de services de polices, il a découvert que Fermi et Pacelli avait été soupçonnés dans une affaire d’enlèvement il y a un an. L’enquête a clapoté pour des raisons de procédure, mais on les a mis sur écoute, par routine… et voilà !

Christophe arrive menotté quelques minutes plus tard, on le colle dans un coin en attendant Fermi qui le rejoint dix minutes après accompagné de Maurizia. Ces cons ont menotté Maurizia ! N’importe quoi !

Evidemment, ils ne m’ont jamais vu ! Sauf que Maurizia témoigne en ma faveur… Alors ils changent de tactique, ils voulaient juste me donner une leçon parce que je n’avais pas été gentille… et puis dira Fermi, ce n’est pas bien grave, après tout je ne suis qu’une pute…

Quand le policier leur met les écoutes téléphoniques sous le nez, nouveau changement d’attitude, ils crient à la machination et demande un avocat…

On me libère, en me prévenant qu’ils gardent au chaud le trio Pacelli, Fermi et Gerbaud, et que ceux-ci sont dans de sales draps. Je leur dis que j’attendrais bien Maurizia, mais on me répond que cette dernière ne sera libérée que d’ici une heure, le temps de finir la paperasse. Tant pis, j’en ai marre, je récupère Anna et on rentre.

Je pensais m’écrouler de fatigue, mais non trop énervée, on commande du champagne, il parait que les bulles ça déstresse. Je raconte mon histoire à Anna, consciente de lui répéter plusieurs fois la même chose, mais que voulez-vous, quand on a envie de parler, on a envie de parler. Elle m’écoute, ne dit rien, sauf pour s’excuser un nombre incalculable de fois de ne pas avoir pu agir plus vite. Je me suis mise à l’aise, elle me caresse le bras, mais je ne réagis pas, je n’ai vraiment pas l’humeur à faire des galipettes, du moins pour l’instant.

– Pourquoi tu ne m’as pas téléphoné ?
– Mais Chanette, comment pouvais-je imaginer qu’ils t’avaient laissé ton portable ?
– Oui, bien sûr !
– Et puis imagine, je t’appelle, tu crois que les types t’aurais laissé répondre ?
– Excuse-moi, je dis n’importe quoi !
– Mais, c’est normal, après ce que tu as subi !

On frappe, c’est le champagne qui arrive, le mec est celui à qui Anna a prodigué une fellation lundi soir, il fait sauter le bouchon et nous sert une coupe. Manifestement, il espère qu’on va lui faire une autre proposition ce soir ! Ben non, il repart « la bite sous le bras », visiblement déçu.

– Ils t’ont payé au moins ? Me demande Anna
– Oui !

Je fouille dans la poche de ma gabardine, en extrait l’enveloppe, l’ouvre, sors les billets, ils sont faux !

– Quand on se fait baiser, on se fait baiser !

Il me reste quand même l’acompte et l’argent que m’a donné Julia. Julia, en voilà une qui me doit une belle explication !

– J’ai été bête, j’aurais dû demander les coordonnées de la transsexuelle !
– Pourquoi faire ?
– Comme ça par curiosité ! On fait quoi demain ?
– On fait les touristes, on n’a pas vu le dixième de ce qu’il y a à voir !
– Mwais, mais il faut que je me paie la Julia.

On a presque descendu la bouteille, je dis à Anna :

– Commande en une autre, moi je vais prendre une douche ça va me purifier !
– Te purifier ?
– Oui, je me sens souillée… Moralement, et puis physiquement aussi d’ailleurs, ils ont posé leurs sales pattes sur moi.
– Et tu vas me laisser seule avec le garçon d’étage lubrique ? Plaisante-t-elle.
– Tu es une grande fille, non ?
– Parfois, je me demande.

la suite sur la page 2… si vous le voulez bien…

© Vassilia.net et Chanette (Christine D’Esde) 6/2009 – reproduction interdite sans autorisation des ayants droits

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6 réponses à Chanette 14 : Vacances romaines par Chanette 1 – Christophe

  1. Elisabeth Ferrier dit :

    Du grand art, l’intrigue est excellente et les passage érotique s’y inscrivent de façon quasi naturelle

  2. Darrigade dit :

    J’avais zappé le début de ce vieux récit de Chanette, j’avais bien tort, il est excellent !

  3. Baruchel dit :

    Chaud, troublant (très) et passionnant

  4. Muller dit :

    Un début en fanfare. Que du bon !

  5. berlioz dit :

    rien que pour la scène avec le garçon d’étage, ça vaut le coup

  6. chabanet dit :

    C’est très fort parce qu’on est vraiment pris par l’intrigue du récit qui est passionnante, se serait dommage de le lire en diagonale

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