Anne ou Le sourire de la nageuse par Nicolas Solovionni

Peut-on tomber amoureux d’un sourire ? Sans doute pas, à moins d’être
complètement frappé… mais lisez plutôt.

Je suis attablé dans ce sympathique café du quartier latin et nous devisons
avec un ami de tout et de rien, s’amusant à refaire le monde du haut de nos
coups de gueule et de nos humeurs.

Il y a beaucoup de monde en cette fin d’après midi, mais est-ce un problème,
l’endroit n’est pas bruyant. Il y a dans ma ligne de mire une jeune femme.
Elle n’a rien de spécial, je la vois plus que je ne la remarque et n’y fait
plus attention. Elle reste cependant dans mon champ de vision. Et puis, ce
petit rien qui soudain parfois dans la vie prend une importance démesuré (un
peu comme dans la théorie du battement de l’aile du papillon qui finit par
provoquer un cyclone à des milliers de kilomètres) ce petit rien, disais-je,
c’est un court échange verbal entre cette jeune femme et un autre
consommateur situé à sa droite. Je ne comprends pas ce qu’ils se disent,
mais je crois deviner qu’il s’agit d’un objet susceptible de gêner, posé sur
leur chaise mitoyenne. L’échange m’a l’air courtois et ne perdure pas, la
femme n’a prononcé que quelques mots et terminera par…

…un véritable flash de bonheur ! Vous auriez vu ce sourire, du coup son
visage s’éclaire, ce n’est plus la même femme. Je n’entends plus ce que me
dit mon ami, je reste scotché, le sourire s’est décroché de son visage mais
pas de ma mémoire (il y est encore, d’ailleurs !). Du coup je la détaille
mieux. Brune, les cheveux assez courts, grande, athlétique, les épaules
larges, pas assez forte pour pouvoir dire qu’elle l’est, mais juste à la
limite. Un physique de nageuse de compétition en quelque sorte ! Sa peau est
très blanche. Elle est vêtue de noir, du moins ce que j’en vois, j’essaie
d’évaluer la poitrine (ce doit être un réflexe), elle me paraît bien
moyenne, et cela me chagrine un peu. Le visage n’a rien d’exceptionnel, à la
limite il paraît presque masculin, sans rondeur, avec un nez légèrement
écrasé. Pas vraiment un top model quoi ? Mais ce sourire ! Ce sourire, si
elle pouvait en refaire un !

On est resté encore quelques temps dans ce café, et je n’ai pas arrêté de la
reluquer. J’ignore si elle attend quelqu’un, elle n’a pas en tous cas ces
gestes si significatifs de l’attente, le coup d’œil à la montre, le regard
scrutateur vers l’extérieur. Elle sirote une boisson chaude non identifié.
Un moment elle se lève, j’évalue le profil, elle demande quelque chose au
bar, et reviens avec un journal,  » le Parisien  » qu’elle se met à bouquiner,
j’en tire la conclusion, qui ne me quittera plus qu’elle ne peut être qu’une
habituée des lieux, tout en regrettant, allez savoir pourquoi, qu’elle ne
préfère pas une autre presse.

Vers 20 heures, nous nous décidâmes à quitter l’établissement, je jetais un
dernier coup d’œil à ma  » nageuse « , nos regards se croisèrent, je lui
souris sans y croire, elle me répond par un bref mais éclatant sourire ! Le
bonheur quoi !

Cette rencontre m’a travaillé ! Au point que j’ai souhaité la revoir ! Je
cherchais alors un prétexte, quelque chose. Si cette fille est une habituée
de ce café, il me suffisait de m’y pointer, plusieurs jours de suite aux
mêmes tranches horaires et je finirais par la voir. Et puis une fois que je
l’aurais vu, je ferais quoi ? J’ai probablement le double de son âge, pour
elle je ne suis probablement qu’un  » vieux  » Mais la tentation est trop
forte, j’essaie de trouver des raisons d’espérer, je ne vois pas trop, bien
sûr elle a un côté hors norme, mais ça ne veut pas dire grand chose.

Il faut malgré tout que je me résonne, j’ai 80% de chances d’aller à
l’échec, il me faut donc me montrer raisonnable dans mes ambitions et
accepter l’éventualité, après tout fort probable d’une défaite. Cela ne doit
pas m’empêcher de jouer toutes les cartes en ma possession et même celle que
je peux me créer. Je cherche, je cherche, il y a huit jours que je cherche,
c’est en lisant une histoire que je pense avoir trouvé le truc. Moi qui ai
horreur de faire des photos, qui les rate, et qui ne les regarde
pratiquement jamais, je me mets en frais pour acheter un appareil pas trop
compliqué et qui ne fasse pas trop cadeau de première communion. Faut
vraiment être allumé quand même quand j’y repense, acheter un appareil photo
qui me servira d’alibi, alors que mes chances sont complètement incertaines,
et alors que je ne m’en servirais probablement jamais ensuite !

Je me rends donc au café, plusieurs fins d’après midi de suite. Je vous
laisse deviner mon anxiété, j’ai apporté un bouquin, mais je n’arrive pas à
en fixer les lignes. Viendra ? Viendra pas ? Viendra seule . Viendra pas
seule ? Et puis même si elle vient, même si elle est seule ? Je suis
complètement fou. J’en viens à souhaiter qu’elle se pointe avec un copain,
ou qu’elle m’envoie promener. Au moins les choses seront claires et je
n’aurais plus qu’à vendre mon appareil photo au marché de l’occasion.

Quatrième jour d’attente ! Elle est là ! Pratiquement à la même place ! Mon
cœur s’accélère ! Dans mon scénario je ne pouvais arriver qu’avant elle,
allez donc savoir pourquoi, Il faut que je me calme, je descends aux
toilettes, je me donne un coup de peigne, reprend ma respiration et je fonce
:

– Bonjour, excusez-moi de vous déranger !

Elle ne dit rien, elle me regarde, rougit un peu.

– Voilà, excusez mon audace, mais je suis photographe amateur, et je trouve
que vous avez un visage intéressant !

Je m’attendais à tout sauf à ce qu’elle éclate de rire !

– Non ! Vous voulez me prendre en photo ? C’est une blague ?

Et cette fois elle sourit, si elle refuse j’aurais au moins eu ça !

– Non ! Non ! Ce n’est pas une blague, je suis sûr que vous êtes très
photogénique !
– Ben, non justement !
– Et si je vous disais que je crois savoir comment vous y rendre ! Ce n’est
parfois qu’une question d’éclairage !

Je me demande encore où je vais chercher des choses pareilles !

– Laissez-moi vos coordonnées, si j’ai envie de photos gratuites, je vous
appelle c’est promis !

En voilà une façon très élégante de m’éconduire carrément. J’encaisse le
coup, mais rejoue une carte.

– Pourquoi ne pas les faire tout de suite, la réussite d’une photo dépend
aussi de l’humeur du photographe, et votre sourire m’a rendu d’excellente
humeur !

Elle rigole, semble hésiter, et finit par poser la mauvaise question :

– Mais vous voulez faire quel genre de photos ?
– Je fais de tout, portrait, mode, lingerie !
– Vous croyez vraiment que j’ai le look pour poser pour de la lingerie ?
– On ne peut pas savoir d’avance, mais pour les portraits, oui, je sais
d’avance !

C’est ce qui s’appelle se raccrocher aux branches !

– Et on ferait ça où ? Vous avez un studio photo ?
– J’avais ! J’ai malheureusement été victime d’un cambriolage, et ils ne
m’ont pas laissé grand chose, mais rassurez-vous je sais me débrouiller même
avec un appareil de fortune.
– Pourquoi pas au square alors ?
– Bonne idée !

Non, très mauvaise idée, mais il faut bien commencer par quelque chose, et
après tout c’est moins trivial que de l’emmener tout de suite à l’hôtel.
Elle paie sa consommation, me demande de l’attendre dehors, elle a un coup
de fil à passer me dit-elle. Le square est à deux pas, il fait beau en cette
journée de fin d’hiver. Nous allions y arriver quand elle a cette question :

– C’est du numérique que vous faites !
– Non, je n’ai pas franchi le pas encore.
– C’est dommage, on aurait pu voir le résultat tout de suite sur mon
ordinateur.

Oh ! Que le cerveau est un organe qui fonctionne à fond les manettes dans
certains cas, et il analyse la petite phrase anodine. Elle a dit  » on  » donc
tous les deux, elle a dit  » mon ordinateur  » donc chez elle. Donc elle
serait prête à regarder le résultat chez elle avec moi ! Mais c’est trop
bête, mon appareil n’est pas numérique. Qu’a cela ne tienne, folie, pour
folie continuons donc !

– Vous savez que c’est une excellente idée, ce que vous dites, je vais en
acheter un tout de suite.
– Tout de suite ? Comme ça ?
– Ben oui, de toutes façons je voulais le faire, vous n’êtes pas trop
pressée ?
– Non, mais on peut remettre ça a plus tard si vous voulez !
– Non, non surtout pas, je me sens très inspiré ce soir, il faut absolument
que je fasse ces photos, et vous avez raison on verra le résultat tout de
suite !

Elle s’amuse de la situation, nous nous rendons ensemble chez un marchand
d’appareil, je choisis très vite, et j’achète mon deuxième appareil photo en
une semaine. C’est ce qui s’appelle se ruiner pour un sourire !

Elle habite un peu plus loin, il faut prendre le métro, j’essaie d’être
indiscret :

– Vous êtes étudiante ?
– Non j’ai passé l’âge ?
– J’aurais pourtant pensé…

On est debout dans un wagon assez bondé, la conversation devient difficile,
et comme mademoiselle a brusquement décidé de tourner son visage, je me fais
silencieux jusqu’à sa station d’arrivée. Une concierge peu avenante me
dévisage avec réprobation tandis que nous montons dans son appartement, en
fait, un petit studio bordélique au sixième étage d’un immeuble ancien.

– Alors comme ça vous n’êtes pas étudiante ?
– Laissons tomber ce genre de question, vous serez gentil, OK ?
– Excusez moi, je ne voulais pas être indiscret, c’était juste pour parler.

Je sors le numérique de son emballage tout en m’étonnant de la taille de
celui-ci pour un si petit objet, j’y découvre un chargeur, je parcoure le
mode d’emploi, horreur : le machin n’est pas chargé.

– Bravo ! Se moque-t-elle.
– Je suis vraiment désolé
– Vous ne saviez pas qu’il fallait le charger ?

Je réalise alors qu’elle devait le savoir, elle, mais alors, à quel jeu
joue-t-elle ? Peu importe, je me raccroche aux branches :

– On va faire ça avec l’appareil classique alors ?

La fille me regarde alors avec une moue de déception :

– Ça m’embête quand même, je crois qu’on va plutôt laisser tomber !

Et paf ! Tout ça pour ça ! Et puis soudain me vient une idée qui me paraît
géniale :

– Et si je vous payais le restaurant pendant que ça charge ?
– Aller au restaurant avec un inconnu, non merci !

Vexante en plus !

– Permettez-moi d’insister, vous n’avez rien à craindre !
– Oh que si ?
– Je ne vois pas.
– Deux heures en tête à tête avec un mec qui vous raconte des trucs dont
vous n’avez rien à faire, excusez moi, mais ça me gonfle.

On a beau se dire qu’on s’en fout de ce genre de réflexion, mais ce n’est
pas agréable, je suis moralement K.O. je décide de partir, et déjà je
remballe mon numérique. Tout d’un coup cette inconnue dont je ne sais
toujours pas le nom me paraît soudain beaucoup moins jolie.

– Bon, salut ! Murmurais-je simplement en me dirigeant vers la porte.
– Attendez, pourquoi vous partez, vous êtes fâché ? Si vous voulez vraiment
faire des photos numériques, j’en ai un, moi, un appareil !

La douche froide ! Mais elle ne pouvait pas le dire avant, cette conne !
J’hésite quand même, le but initial ce n’était pas les photos mais c’était
d’essayer de la draguer, ça me parait quand même assez mal parti.

– Bougez pas, je vais le chercher !

Me voilà planté là, comme une andouille, il y a 99 chances pour 100 pour que
je fasse des photos à moitié ratées et que la séance ne débouche sur rien du
tout. Alors pourquoi rester ? Sans doute parce que dans ces circonstances on
est tous un peu con.

– Voilà, vous savez comment ça marche, je suppose ?
– Ben, pas trop, je vous dis, le numérique je ne connais pas bien !

Elle m’explique. J’ai vraiment l’impression de passer pour un imbécile.

– Bon, on y va ? Propose-t-elle.

Je n’ai aucune idée de l’endroit où lui dire de se placer, je n’y connais
rien, ce que je fais ne sert à rien, je me suis embourbé dans un fiasco
lamentable, j’aurais du partir avant qu’elle ne sorte son appareil.

– Mettez-vous là ! Finis-je par dire
– Là ? Ah bon ! Vous ne voulez pas que je me remaquille un peu avant ?
– J’aime autant le naturel, parvins-je à articuler.
– C’est pas du naturel en ce moment, c’est du maquillage fatigué !
– Heu…
– Vous m’avez l’air aussi photographe amateur que moi pilote d’avion !

Bon, c’est assez d’humiliation, je ne pourrais même pas trouver de sortie
honorable, il me reste qu’à me sauver, la queue basse, (c’est le cas de le
dire)

– Bon, on arrête tout, désolé pour le dérangement.
– Vous savez, moi je crois que finalement faire du portrait, ça ne vous
inspire pas !
– C’est possible, mais bon, allez je vous laisse…
– Juste un mot !

Non seulement, elle se moque de moi, mais là voilà prête à en rajouter une
couche, mais par réflexe, je l’écoute.

– Vous allez partir avec un gros regret…

Si elle savait… Je ne réponds pas, déjà je déverrouille la porte.

– Si au lieu de tourner autour du pot, vous m’aviez dit carrément que vous
vouliez faire des photos de nu, j’aurais sans douta accepté !

Oups ! Qu’est ce qu’elle raconte, comment a-t-elle fait pour découvrir si
vite le petit cochon qui sommeille toujours en moi ? A moins qu’elle ne
bluffe.

– Remarquez, vous pourrez revenir, mais ce n’est pas gratuit ces choses là !

Imaginez ma pauvre tête !

– Et pourquoi pas tout de suite ?
– Vous avez du liquide ?

Je lui demande le prix, je fouille dans mon portefeuille. Non je n’ai pas la
somme.

– Ou alors si vous avez une carte, vous pouvez tirer de l’argent, il y a un
distributeur juste en bas… Laissez donc vos affaires ici…

Cette soirée est en train de me coûter une fortune, je prends de l’argent
tel un zombi, essayant d’imaginer de quelle façon je peux bien me faire
avoir. Par précaution je tire juste la somme demandé, pas un billet de plus.
Vingt minutes de poses, elle m’a dit, je vais la voir vingt minutes à poil,
et puis après, on va faire quoi, regarder le résultat sur l’ordi, et puis je
rentrerais chez moi, j’ai maintenant la conviction que cette nana est
indraguable ! En remontant, et après avoir croisé une nouvelle fois le
regard bovin de la concierge, une excellente surprise m’attendait, ma
nageuse avait passé une robe de chambre, c’était plutôt bon signe.

– Voilà je n’ai plus qu’à enlever ce truc et on pourra commencer, vous
n’allez pas être déçu !

Qu’est-ce qu’elle en sait si je vais être déçu ou pas ? Elle me semble bien
sûre d’elle !

– Au fait, je m’appelle Anne, reprend-elle, et vous c’est comment votre
petit nom ?

J’invente un truc, de toute façon elle doit s’en foutre complètement de
savoir mon prénom… Et soudain, elle fut nue devant moi ! Oh, bien sur
j’aurais préféré qu’elle se déshabille progressivement, ou mieux encore que
ce soit moi qui le fasse, mais bon, je l’avais devant mes yeux, une belle
femme, bien sûr on aurait pu critiquer cette peau trop blanche, ces épaules
trop larges, ses seins peut-être un peu trop petits. Anne se retourna un
moment, le verso était parfait, superbe dos bien dessiné et surtout
magnifique chute de rein mettant en valeur une paire de fesses bien
joufflues.

– Ça vous va ? Fit-elle mine de s’inquiéter.
– Pas de problèmes !

J’étais là comme une andouille, le numérique à la main n’arrivant pas à me
décider à commencer.

– Si je vous plais, tant mieux, je suis consciente d’être loin de ressembler
à un top modèle, quand j’étais gosse, mes parents ont absolument voulu me
faire faire de la natation. Leur rêve c’était de me photographier un jour
sur un podium je ne leur ai jamais donné cette joie, mais ça ne m’a pas
arrangé la silhouette.

Je commençais à être passablement excité, et je pris alors une première
photo.

– Comment on fait, vous m’indiquez les poses ou vous me laisser faire ?
– Allez-y, je vois que vous avez déjà une petite expérience.

Elle ne me répondit pas de suite, variant les positions, s’efforçant de
conserver le sourire, elle prenait tantôt des poses ingénues avec un doigt
dans la bouche, d’autres plus professionnelles où elle savait mettre en
valeur soit son fessier en le cambrant de fort belle façon, soit sa poitrine
en se penchant légèrement après en avoir, de ses doigts humides, érigé et
humecté les jolies pointes brunes. Je bandais comme un cerf, même si tout
cela restait sage car elle ne prenait aucune pose qui m’aurait permis de
découvrir ses intimités, je décidai d’attendre un peu avant de lui en faire
la demande, mais ce ne fut pas nécessaire.

– Ça vous excite, on dirait ?
– Je ne suis pas de bois…
– Je m’en doute bien, mais restez sage, je suis ceinture noire de karaté !

Elle bluffait sans doute, par contre je découvrais à la portée de sa main la
présence peu rassurante d’une mini bombe lacrymogène.

– Rassurez-vous, je sais me tenir ! Lançais-je, histoire de dire quelque
chose.
– J’ai fais de la photo érotique pendant plusieurs mois, à l’époque j’avais
besoin de fric, et puis j’ai laissé tombé, j’ai conservé que deux clients
que j’aimais bien, sinon il y a trop de mecs graves dans ce milieux !

Elle était à présent à quatre pattes, le cul cambré.

– Si vous voulez, je peux prendre des poses plus osées, mais c’est un peu
plus cher !

Et, merde, j’aurais du m’en douter, je décide cette fois de résister à la
tentation

– Une autre fois, je n’ai plus de sous
– Il n’y aura peut-être jamais d’autre fois, je vous ai dis, en principe, je
ne pose plus, mais comme j’ai quelques frais ce mois ci et que l’occasion
m’en était donnée…
– Alors tant pis
– Tu ne serais pas content de photographier ma petite chatte ? Je peux même
te la faire respirer avant.

Voici donc un passage au tutoiement très professionnel.

– Ça aurait été avec plaisir, mais je suis à sec.
– C’est dommage parce que quand je suis lancée je suis très vicieuse, je
peux te faire des spécialités si tu veux ?
– Des spécialités ?
– Je peux jouer avec un petit gode, me le foutre dans le cul, me mettre des
pinces aux seins, je peux pisser aussi… Tu aimes ça ?
– Oui j’aime bien… consentis-je, excité par ses paroles.
– Je peux même faire autre chose que pipi…
– Non, non, juste pipi…
– Ben alors qu’est ce que tu attends pour retourner chercher des sous ?
– Tu voudrais combien ?

Elle me l’indiqua.

– Et en prime je t’autorise à te masturber en prenant les photos.
– C’est cher !
– Non, et je te promets qu’on ne parle plus d’argent de la soirée, par
contre si tu es sage tu auras peut être une surprise, ou même plusieurs…

Dans un état second je redescendais l’escalier, tirais à nouveau de
l’argent, et revenais passant de nouveau devant la porte vitrée derrière
laquelle l’affreuse concierge devait avoir un mal fou à comprendre ce qui se
passait chez la locataire du sixième. De retour chez Anne, je constatais
qu’elle avais profité de ma courte absence pour rassembler du matériel, deux
godes trônaient ainsi de façon complètement incongru sur sa table.

– Vas-y met toi à l’aise !

J’hésite un peu.

– Allez, fous-toi à poil !

Bon, puisqu’elle insiste…

– Hum, ça avait l’air de bander mieux que ça tout à l’heure, tiens sens ma
chatte, mais tu ne fais que sentir, d’accord ?

Incroyable ! Me voici mon nez dans sa chatte, ce parfum de femme assez fort
étant donné l’heure tardive m’enivre, c’est un vrai supplice de ne pas
pouvoir sortir un petit bout de langue, ou juste d’approcher mes lèvres. Si
l’objectif était de me refaire bander, il est atteint. Elle s’écarte, se
retourne, me tend ses fesses, en écarte les hémisphères.

– Allez, après le recto, le verso.

Je suis tellement surpris de son attitude, que je plonge mon nez sans
réfléchir, il règne dans cette endroit une légère odeur mais qui n’a rien de
désagréable, aussi quand elle me donne la permission de lécher, je n’hésite
pas une seconde découvrant le goût un peu âcre de sa petite rondelle brune.

– Tu vois, je t’avais promis des surprises… Tu apprécie j’espère ?
– Bien sûr !
– Reste là maintenant !

Elle gagne alors son canapé, écarte les jambes et tout en cherchant mon
regard, elle laisse aller sa main sur son sexe quelques instants avant
qu’aidé par les doigts de l’autre main, elle écarte ses lèvres me faisant
découvrir l’entrée de sa chatte toute rose et toute humide. Oui toute
humide, cela veut dire qu’au delà le fait d’assurer la prestation promise,
quelque chose l’excite. Voilà ce qui constitue pour moi une excellente
nouvelle. Elle se saisit ensuite du plus gros des deux godemichés, le porte
à sa bouche, mime une fellation pendant un trop court moment, puis se
l’introduit dans le vagin où elle se livre à des va-et-vient de plus en plus
frénétiques.

– Tu peux te branler si tu veux, mais ne jouis pas trop vite, ce serait
dommage !

La encore, c’est curieux, n’a-t-elle pas au contraire intérêt à ce que la
chose aille le plus vite possible afin de terminer cette séance ?

– C’est pas évident, avec l’appareil photo, lui fis-je remarquer.
– Laisse tomber le numérique, ce sera aussi simple !

Elle m’avoue donc qu’elle avait compris depuis le début que la photo n’était
qu’un alibi.

Elle profite de cette courte pause verbale pour se poser des petites pinces
sur les seins.

– J’adore ça ! Me précise-t-elle… Pas toi ?
– Euh, j’ai jamais essayé
– Il faut tout essayer ! Répondit-elle alors d’un ton quelque peu
péremptoire.
– Pas aujourd’hui.
– Pourtant je suis persuadé que tu ne détesterais pas te faire dominer !

Une image furtive, des fouets, des chaînes, des femmes en panoplie de cuir
me traversa l’esprit, non merci, j’ai les idées larges et je fantasme sur un
tas de trucs, mais je ne suis pas vraiment prêt pour ce genre de choses. Je
lui explique en deux mots.

– Tu mélanges tout, j’ai juste envie de jouer, envie que tu sois mon petit
esclave, mais je n’ai pas l’intention de te faire du mal, alors t’es
d’accord, tu veux bien jouer avec moi ?

Je ne voyais pas trop, mais pourquoi ne pas essayer ? Elle reprit pendant
plusieurs minutes ses mouvements de va-et-vient à l’aide de son gode, puis
le retira, s’empara du second, le recouvrit d’un préservatif puis se
l’enfonça dans l’anus avec une facilité assez déconcertante, elle changea
alors de position, se mettant à quatre pattes avec l’objet fiché dans son
trou du cul, celui-ci était équipé d’un petit vibrateur à pile qu’elle
actionna. Tout à ce spectacle, je me masturbais, me demandant si Anne me
gratifierait d’une nouvelle surprise et j’en venais à espérer une conclusion
sous la forme d’une bonne petite pipe.

Anne s’était de nouveau assise dans son canapé, les jambes relevées, le gode
toujours actif, elle me demanda à nouveau de ne pas jouir de suite, puis
elle ferme les yeux, soudain, elle est ailleurs, sa main frotte son sexe,
puis son index vient titiller son clitoris, très vite elle commence à
haleter, j’ai la conviction alors qu’elle ne simule pas. Elle transpire, sa
respiration devient haletante, elle s’abandonne complément, tout son corps
tendu vers la montée du plaisir, elle émet des petits cris de plus en plus
rapprochés, de plus en plus incontrôlés, ses doigts s’agitent de plus en
plus vite. En ce qui me concerne, je n’ose plus me toucher. Elle est au
bord, je pense qu’elle va jouir d’un moment à l’autre. Mais, non ça ne vient
pas, comme si quelque chose était en train de la bloquer.

– Viens me caresser ! Me dit-elle soudain dans un souffle. Mais tu me
caresses seulement !

C’est décidément la soirée des surprises, je m’approche, je ne sais pas trop
où poser mes mains, finalement, je choisis les bras, sa peau est douce, je
suis aux anges, je n’aurais pas perdu ma soirée, même si je n’en ai pas plus
! J’essaie d’atteindre les seins, mais ce n’est pas trop évident, d’abord,
il y a les pinces toujours accrochés aux tétons, et puis sa main gauche est
tout le temps en train de les tripoter passant de l’un à l’autre. Au bout du
compte me voici en train de lui caresser les cuisses, là ça va, la région
est calme, mais aussi suintante de son humidité.

– Ça vient, ça vient, retire-moi les pinces vite, vite !

Je m’exécute, provoquant un curieux grognement au moment ou les étaux se
desserrent.

– Ça vient, ça vient ! Me répète-t-elle, elle transpire à grosse gouttes,
soudain son corps semble se pétrifier, curieuse impression qui ne dure qu’un
moment, les doigts finissent de bouger, elle hurle, puis s’affaisse,
complètement épuisée, je ne peux m’empêcher de m’amuser en remarquant à ce
moment précis son gode anal qui quitte son lieu d’accueil sans le concours
de qui que ce soit.

– Ouf, quel pied ! On a encore cinq minutes… Mais on va faire un break,
qu’est ce que tu veux boire, coca, bière ?
– Comme toi !

Elle revient avec deux canettes de bière et deux verres, elle en sert un, et
s’en bois une gorgée. Ben et moi alors ? Mais ça n’a pas trop d’importance,
elle m’a dit qu’on avait encore cinq minutes, tous les espoirs me sont
permis.

– J’ai envie de pisser, tu aimerais bien regarder, je suppose ?
– Oui, j’avoue !
– Alors allonge-toi par terre, je vais te pisser dessus.
– Euh…
– C’est que quoi ? Je te rappelle que tu accepté de m’obéir.

Elle ne comprend pas mes réticences, en fait je n’ai rien contre, mais
compte tenu du temps qui nous reste, j’aurais préféré une autre fin. Je
m’allonge donc comme demandé, et la demoiselle enjambe mon corps à la
hauteur de la poitrine, puis avance un peu se positionnant au-dessus de mon
visage. Elle ne va pas faire ça ? Mais je ne dis rien j’en ai secrètement
envie et une telle occasion n’est sans doute pas prête de se présenter. Elle
s’accroupit légèrement, la vue est magnifique, je pose mes mains sur ses
jambes…

– Non, tu ne me touches pas, ça va me déconcentrer !

J’attend donc, j’ai les yeux rivés sur sa chatte et la bite dressée que je
décide alors de caresser doucement, et puis une petite goutte finit par me
tomber sur le bout du nez, une autre goutte, puis un petit filet…

– Ouvre la bouche, esclave !

Esclave ? N’importe quoi ! Le ton est très peu dominateur, presque rigolard,
mais comme dans un rêve j’obéis recevant alors dans mon palais un flot jaune
dont le débit est devenu si impressionnant que je ne parviens pas à suivre,
je suis obligé d’en rejeter une partie, puis d’en éviter une autre. Puis
l’affaire se termine, j’absorbe les ultimes gouttelettes, me surprenant de
cette soudaine gourmandise. Elle se relève, moi aussi.

– Ça va, ça t’a plus, c’était bon ?
– Super !
– Tu m’aurais bien nettoyé la chatte, pour finir, hein ?
– Ça, oui !
– Mais tu ne le mérites pas, tu en as foutu partout, bouge pas, je vais
chercher une serpillière, tu vas essuyer.

Je trouve le procédé un peu limite, mais je m’exécute. Drôle de conclusion
tout de même que finir une séquence coquine à poil et une serpillière à la
main sans avoir joui !

– Je vais te dire un truc… Commence alors Anne qui est restée nue. Je t’ai
un peu gâté, parce que quelque part je te trouve sympa. Si tu n’es pas trop
pressé, on peut attendre ma copine, à cause de son travail, elle rentre
assez tard, tu verras, elle est très mignonne, alors d’accord ?

Tu parles que je suis d’accord, ce doit être mon jour de chance, mas un jour
de chance ou rien, décidément ne se passe comme prévu.

– Bon alors d’accord, on va l’attendre, mais comme pendant ce temps là, je
n’ai rien à te proposer, je vais t’attacher au pied du lit.
– Non, non, protestais-je mollement, je ne veux pas qu’on m’attache !

Et voici donc mes nouveaux espoirs déjà déçus…

– Ben quoi, t’as pas confiance ?
– On ne se connaît pas, et en plus je n’aime pas ça.
– C’est un jeu, je ne t’attacherais pas trop serré, comme ça, si besoin est,
tu pourra toujours te libérer tout seul, je me demande bien pourquoi, mais
bon.

Me voilà attaché par les mains au pied de son lit, à poil, le cul par terre
et la bite basse. Depuis combien de temps, une heure, deux heures, je n’en
sais rien, la nuit tombe, je ne vois plus que les lueurs de la cour et le
filet de lumière venant de la porte mal fermée de la cuisine dans laquelle
Anne s’est retranchée. J’ignore ce qu’elle y fabrique. Bizarrement je me
sens bien, la seule chose qui me gène étant l’impossibilité de me gratter.
Un bruit de clés, la lumière qui revient, une grande blonde à la peau
légèrement mate s’étonne de ma présence.

– C’est qui ? T’as capturé un cambrioleur ?
– Non, c’est mon petit esclave, je te raconterais. Ça te dit de jouer avec ?
Lui demande Anne qui s’est de nouveau revêtue de sa seule robe de chambre
– Hi, hi, en voilà une bonne idée, mais avant je vais prendre une petite
douche, je suis crevée.

Elle disparaît dans la salle de bain, j’aurais voulu qu’elle se déshabille
devant moi, elle ne le fait pas, tant pis. J’entends l’eau lui arroser son
corps, je l’imagine, je bande. Anne passe devant moi, elle me regarde et
tandis qu’elle fait glisser à ses pieds sa robe de chambre, elle me gratifie
d’un sourire, le même sourire que quand je l’ai aperçu l’autre jour au
bistrot, le sourire de la nageuse.
J’ignore ce qui va maintenant arriver, mais je suis bien, j’ai confiance,
alors je réponds à son sourire et je reprends mon attente.

FIN

© Nicolas Solovionni – Mars 2004
nikosolo@hotmail.com

Ce texte a eu l’honneur d’être désigné comme 3ème prix du meilleur récit
pour l’année 2004

Ce contenu a été publié dans Histoires, Récits, avec comme mot(s)-clé(s) , , , , , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

5 réponses à Anne ou Le sourire de la nageuse par Nicolas Solovionni

  1. Pascalou dit :

    L’auteur nous la joue romantique et je dois dire que ça fonctionne parfaitement

  2. Sapristi dit :

    Excellent, avec des vrais personnages ça nous change des gros pornos

  3. Muller dit :

    Très joli texte avec une progression dans l’érotisme tout à fait bien décrite

  4. Forestier dit :

    Un petit bijou d’érotisme, c’est original, intelligent et vraiment bien fait. J’ai bandé

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *