Vargala Station 5 – Le repaire de Paola par Nicolas Solovionni

Résumé des chapitres précédents : Après l’attaque des tigranes contre la communauté Kom, quelques rescapés essaient d’organiser la résistance, l’une d’elles, Kéni est vendu dans un bordel sur une planète lointaine tandis qu’une autre, Malvina échoue dans sa tentative d’infiltration chez l’ennemi.

5 – Le repaire de Paola


Monsieur Monh

Mériap était fébrile, la gestion de cette planète devenait une source de complications. Les nouvelles préoccupantes s’accumulaient, transmise par la « taupe » tigrane : d’abord la nouvelle d’une attaque imminente de Tigra-Novo contre Antioche. Il avait d’ailleurs pris le soin d’en confirmer l’éventualité auprès de cette dernière, ne souhaitant pas que le désastre d’Olvène se renouvelle. Il l’avait fait lui-même presque secrètement et sans en référer à qui que ce soit. Et puis il y avait eu l’assassinat de la responsable de la sécurité de Tigra-Novo, cela signifiait des divergences au sein du commandement féministe, mais il ne savait les interpréter. Il avait fait surveiller d’éventuels mouvements de troupes mais la situation restait calme pour le moment…

– Monsieur Monh de la société Hayeyre et Blansoe ! Annonça très protocolairement le sergent Irina Sanchez
– Bonjour Général Mériap, je suis vraiment très heureux de vous rencontrer.

Le général se garda bien de retourner le compliment, il redoutait cet entretien avec le représentant de cette société qui avait récupéré la gestion des concessions de la planète. Et ce Monh respirait l’arrivisme et la suffisance par tous ses pores.

– Je vous écoute ! Reprit simplement le militaire.
– Comme annoncé, nous allons installer à Katelya une antenne de notre société, elle n’utilisera qu’une poignée de personne que nous recruterons localement et…
– Sur ce point il n’y a aucun problème, mais je suppose que vous n’avez pas demandé à me rencontrer pour ça…
– Non, je voulais vous féliciter, mon général pour la façon dont a été gérée la dernière crise inter communautaire sur cette planète.
– Gardez vos félicitations, quand j’ai choisi la carrière militaire, ce n’était pas vraiment pour rester les bras croisés devant ce genre d’événements.

Le souvenir de l’entrevue avec Kéni envahit son esprit. Cela le mit mal à l’aise, très mal à l’aise, il décida de ne pas refouler sa mauvaise humeur… c’est l’autre en face qui allait tout prendre dans les dents…

– Je ne comprends pas mon général !
– Est-ce que vous savez combien il y a eu de morts, est-ce que vous savez combien il y a eu de prisonnières ?
– Nous déplorons tous, mon général…
– Arrêtez vos larmes de crocodiles, vous ne déplorez rien du tout ! Vous vous en foutez complètement !
– Mais pourquoi cette agressivité ?
– Monsieur Monh ! Je me fiche de la construction de votre antenne, je me fiche aussi de vos félicitations, vous avez maintenant cinq minutes pour me dire ce que vous attendez de moi !
– Vu la façon dont vous me recevez, admettez que vous me mettez dans l’embarras !
– Plus que quatre minutes !
– Notre société va analyser la situation actuelle, elle jugera probablement que les choses ne vont pas assez vite, nous en référerons à nos supérieurs qui en référeront eux même aux autorités politiques, puis militaires, ensuite les ordres redescendront ici, nous aurions perdu un temps précieux. Je voulais donc vous suggérer de prendre directement vos instructions auprès de moi…
– C’est hors de question ! L’interrompit Mériap.
– …laissez-moi finir, il est bien évident que nous avons prévu une compensation financière non négligeable…
– C’est tout ?
– On ne vous demande que de faire en sorte d’avancer l’inéluctable, une simple provocation de votre part, et ça en serait fini des koms sans pour cela renforcer les tigranes, celles-là, il suffira de bien les isoler, de les désarmer et de détruire leur banque de sperme…
– Vous avez terminé, cette fois ?
– Je vous en prie mon général, j’ignore ce qui provoque votre agacement, mais nous sommes condamnés vous et moi à nous entendre.

Le général Mériap appuya sur un bouton, et tandis que le commercial de la société Hayeyre et Blansoe déblatérait, deux gardes armés jusqu’aux dents firent irruption dans le bureau.

– Cet homme est en état d’arrestation, mettez-le au secret, sans violence ! Demain nous aviserons sur son sort !
– Mais vous êtes complément fou ! Protesta le commercial tandis qu’on l’emmenait.

Mériap bouillait ! Se laisser commander par un marchand de planètes en parcelles ! Non ! Non et non ! Il aurait dû écouter Kéni, provoquer l’inéluctable. Il ne l’avait pas fait parce qu’il avait cru possible de ménager tout le monde dans une impossible position centriste… Il s’empara de son téléphone !

– Hormer ! Retrouvez-moi Kéni Nigelson.
– Je sais où elle est ! Concéda l’officier
– Amenez là moi le plus vite possible !
– Oui, mon général !

Amer, Hormer, pensa d’abord mentir à son supérieur, cela l’enrageait que celui-ci réussisse là où il n’avait pas su faire. Alors quand il eut la réponse c’est presque guilleret qu’il la retransmit à son supérieur :

– Elle était dans un bordel, elle a été vendue et elle a quitté la planète !
– Hein ? Quoi ? Et on sait où elle est partie ?
– Ça risque d’être difficile, mais je vais essayer de me renseigner….

Et voilà ! Décidément quelle journée ! Déjà dans sa tête il avait préparé son entretien avec Kéni, d’abord des excuses puis il lui offrirait ce qu’elle était venue demander, puis il verrait bien, si elle voulait le récompenser à sa façon il accepterait, mais il ne le faisait pas pour ça, il le faisait pour être tranquille avec sa conscience… Et voilà qu’elle avait disparue… Après tout tant mieux, il allait pouvoir agir dans le plus complet désintéressement, ensuite viendrait probablement les sanctions, il quitterait donc l’armée et chercherait Kéni, simplement pour qu’elle sache ce qu’il avait fait….

Le lendemain on fit semblant de libérer Monsieur Mohn. Hormer se chargea de la comédie et devant témoin lui expliqua qu’il avait ordre de l’emmener faire un vol de reconnaissance au-dessus des territoires posant problèmes. En fait, il déposa le commercial de la société Hayeyre et Blansoe sur une île complètement isolée avec une mallette de survie, faisant fi de ses protestations. C’est ainsi que Monsieur Mohn finit sa carrière de commercial. Son exil – certes, arbitraire – dura quelques mois pendant lesquels il fit une cure de poissons locaux. Quand il fut rapatrié, il changea sans doute de métier car plus personne n’entendit parler de lui…

Au retour, Hormer posa l’engin en pleine zone tigrane, l’incendia, enregistra la scène et regagna la caserne à l’aide de ses réacteurs dorsaux. Un communiqué fut publié déclarant alors Mohn assassiné lâchement par les tigranes… Mériap n’eut alors aucun mal à convaincre son état-major qu’il fallait étouffer dans l’œuf l’agressivité chronique de la communauté Tigrane. Il ne restait qu’à attendre l’occasion…

Quelques fuites bien organisées convainquirent les Antiochiens d’anticiper la bataille qui s’annonçait et sortirent en masse de leur ville. Les tigranes privées de leur meilleure stratège assassinée sous ordre de la grande prêtresse se lancèrent à l’assaut et furent proprement bombardées par l’armée. Les rescapées furent exilées sur les îles, les autres communautés Tigranes acceptèrent de désarmer et les prisonnières furent libérées. Quant aux Koms ils se réunirent refusèrent de rendre leurs armes, et déclarèrent l’indépendance de la planète.

A la grande surprise de Mériap, la Terre qui avait d’autres chats à fouetter, entérina la situation au grand dam de la société Hayeyre et Blansoe qui fut prié d’aller voir ailleurs. Quant au général, il fut nommé sur une planète un peu plus facile à gérer. Il n’eut pas de promotion mais eut la satisfaction de voir qu’on avait accédé à sa demande de muter avec lui le sergent Irina Sanchez.

Novassa, premier contact

L’occasion de se retrouver ensemble ne se renouvela pas à bord du vaisseau et trois semaines après, les novices atterrirent dans la grisaille de l’atmosphère de la planète Novassa.

– Voilà, vous allez subir un stage théorique pendant trois mois au terme duquel vous serez placées dans des postes réservés aux prêtresses de Tigra, et cela suivant vos résultats, et vos capacités. Ensuite le stage sera validé ou non, s’il ne l’est pas vous aurez droit à un nouveau stage, si non, vous recevrez une affectation définitive.

C’est ainsi qu’elles furent dirigées vers une sorte de battisse isolée des zones urbaines, au petit groupe venant de Katelya, s’ajoutait d’autre filles venant, elles des quatre coins de cette planète grisâtre.

Le premier jour leur permit de trouver leurs marques, du bon et du moins bon car si la nourriture était approximative et les professeurs psychorigides, les chambres étaient individuelles… Voilà qui permettrait se dit alors Malvina, quelques perspectives intéressantes… et c’est sans tarder dès le deuxième jour que Malvina croisa Graana :

– Ça te dit de venir dans ma chambre ce soir ?
– Bien sûr, mais les grand esprits se rencontrent, j’allais justement te le proposer….
– Cause toujours… Mais ne me fais pas faux bons, j’ai hâte de te rougir le cul…
– T’inquiètes pas, rien qu’à l’idée je mouille déjà…

Enervante celle-là à vouloir toujours avoir réponse à tout…

Le soir, Graana fut au rendez-vous. Et sans aucun préambule se débarrassa de ses vêtements qu’elle posa sur une chaise. Malvina se dit qu’elle n’arriverait sans doute jamais à comprendre comment « fonctionnait » cette fille.

– Tiens, je t’ai apporté des gâteaux, je les ai piqués au réfectoire ! Dit-elle en lui tendant un paquet entamé.
– Je n’accepte des cadeaux que de mes amies ! Répondit Malvina
– Bon, ben je les remporterais, tu ne sais pas ce que tu perds, c’est pas mauvais ces trucs là ! Bon alors qu’est-ce que tu vas me faire ? Parce que je ne suis peut-être pas ton amie mais en ce moment faut voir comment tu me reluques !
– J’adore reluquer les salopes !
– O.K. ! Reluque !
– Dommage que je n’ai pas de pinces pour les accrocher après tes tétons de poufiasse.
– Si tu veux je peux essayer d’en trouver, et si j’en trouve pas je peux même m’amuser à en fabriquer pour la prochaine fois, ça me fera une occupation.
– Je voudrais que tu taises déjà ! Je peux aussi faire des trucs avec mes doigts !

Malvina s’empara des gros tétons de l’ex milicienne et pinça le plus fort qu’elle le put entre ses pouces et ses index.

– Si tu crois que ça me fait du mal, ça me ferait plutôt du bien ! La nargua Graana !
– Et comme ça ?

Malvina opérait à présent une torsion, la fille grimaça sous la douleur, mais ne protesta pas.

– Hum c’est trop bon ce que tu me fais, dit-elle devant une Malvina complètement désorientée.
– Et ça c’est bon ?

Graana encaissa la gifle sans broncher ! Une seconde suivit !

– Merci ! Dit-elle. Tu es trop belle quand tu me gifles !

Décontenancée, Malvina baissa la main qui déjà s’apprêtait à envoyer une troisième gifle. Elle ne savait tout simplement pas dominer cette fille. De rage elle lui cracha au visage, mais sans provoquer de réaction particulière. Elle eut alors l’idée de lui mettre la main à la chatte, elle constata alors que Graana mouillait, voilà qui n’était pas précisément le but recherché.

– Attends-moi, je reviens, mets-toi à genoux !
– Oui, maîtresse ! Minauda l’autre.

Elle se fout de ma gueule ! Se dit Malvina in petto. Elle disparut dans la minuscule toilette jouxtée à la chambre et fit ses besoins, elle ne s’essuya pas, et revint présenter ses fesses à la milicienne.

– Tu lèches ! Je veux que ce soit impeccable ! Qu’il ne reste plus de traces de merde !
– Et si ce n’est pas impeccable, tu me fais quoi ?
– Tu verras bien ! Répondit Malvina se gardant bien d’avouer à l’autre qu’elle n’avait aucune réponse à cette question.
– J’en tremble d’avance ! Se moqua l’autre.
– Lèche ! Répéta Malvina.

Elle crut que la situation lui échappait, mais eut la surprise de sentir la langue de Graana se balader sur ces fesses, autour de l’anus et même de pénétrer dans le brun conduit.

– Voilà, je t’ai bien léché le cul, t’es contente maintenant ?

Malvina ne répondit pas, à part la foutre à la porte, elle ne voyait pas bien comment continuer cette séance qui tournait à la pitrerie. Et puis tout alla très vite, Graana lui saisit un bras, lui crocheta une jambe, et Malvina se retrouva au sol. Là La fille se jeta sur elle et la retourna afin de l’immobiliser sur le dos en la chevauchant. Malvina fixa son adversaire dans les yeux, essayant de mettre dans son regard le maximum de haine qu’il pouvait contenir.

– Calme-toi, Malvina !
– Salope !
– Je t’ai dit de te calmer, tu vois, tu ne domineras jamais ! Tu veux te venger, mais tu ne sais pas quoi faire, bien sûr tu pourrais me tuer, mais c’est assez dangereux, alors tu t’es figurée que tu pouvais m’atteindre autrement. Ben, non on a de l’entraînement on est blindé chez les tigranes, et en plus un peu de masochisme de temps en temps ne me déplait pas. Alors je te propose quelques chose, c’est de faire la paix toutes les deux…
– Plutôt crever !
– On se calme, ce n’est pas de l’amitié que je te propose c’est une alliance.

Et tout en parlant, Graana relâcha sa prise se releva et aida Malvina à en faire de même…

– Bon, j’explique, quand tu es arrivée chez nous, tu avais un but, on n’a pas tout compris, mais ça n’a aucune importance et à présent je m’en fous complètement. Par contre, je suppose que ce que tu souhaites aujourd’hui c’est foutre le camp de cette planète et retourner chez toi ? Ça ce n’est pas un secret, c’est de la simple évidence. D’accord ?
– Oui, et alors ?
– Et bien il se trouve que moi aussi j’ai un but, j’en avais un d’ailleurs avant de me retrouver ici c’était de grimper dans la hiérarchie, mais j’ai fait une erreur, pas l’erreur d’avoir choisi le mauvais camp, mais l’erreur de le montrer ! Je vais te dire, je ne crois pas à ces fadaises de religion tigrane, il y a peut-être deux trois bonnes idées à sauver là-dedans, mais pour le reste on sombre dans le grotesque. Je ne suis donc pas croyante et pour ce qui est de pratiquer, je sais très bien faire semblant. Qu’est-ce que tu crois qu’elles ont comme perspectives d’avenir, les filles de Tigra ?
– Elles n’ont qu’à se tirer ailleurs !
– Effectivement certaines ont eu ce courage, elles sont allées voir si c’était mieux ailleurs… je suis incapable de dire si c’est une bonne solution, mais ce n’est pas la mienne, je n’ai aucune envie de me retrouver dans un endroit où il y a des hommes, on m’a trop appris à les haïr, ce n’est pas de ma faute, c’est mon éducation… D’autres, celles qui sont assez connes pour y croire vont se lancer à fond dans la religion et vont passer leur vie à attendre le paradis. Très peu pour moi ! Ce que je veux, moi, c’est profiter de la vie, mais pour en profiter, il faut conquérir les postes clés, et une fois là, soit tu fais de l’hypocrisie, genre faite ce que je dis mais pas ce que je fais, soit tu fais évoluer les choses.
– On appelle ça de l’arrivisme !
– On appela ça comme on veut, mais me faire commander par des plus connes que moi, non ! Alors ce que je n’ai pas réussi à faire sur Katelya je peux aussi bien le faire ici. Mais j’aurais besoin de complicité ! Quelqu’un qui est comme moi prête à tout pour parvenir à son but, ce n’est pas la meilleure complice d’après toi ?
– Nous y voilà donc !
– Aucune amitié, Malvina, aucune amitié, bien qu’on ne sait jamais ça viendra peut-être… mais une alliance, une alliance complice, on ne peut qu’y gagner toutes les deux…
– Et si un jour ça arrange ton plan de carrière de me trahir, tu n’hésiteras pas une seconde ?
– Prend le risque, moi aussi j’en prends un, une dénonciation anonyme pour expliquer qu’au lieu de lire les livres sacrés le soir je me masturbe comme une salope, et ça en serait finit…
– Admettons !
– Alors on va sceller notre pacte, Malvina !
– C’est peut-être pas la peine de faire du protocole !
– Oh, non ce n’est pas du protocole, mais tout à l’heure tu m’as fait lécher ton cul, ton gros cul dégueulasse, je t’ai montré jusqu’où je pouvais aller, maintenant je veux un retour.
– Un retour, quel retour ?
– Embrasse-moi, Malvina !
– Non !
– Je te demande juste de te laisser faire !

La bouche de Graana se rapprocha de la sienne, bientôt elle serait là, ne pas ouvrir les lèvres, ne pas les ouvrir… Difficile quand elles sont si sèches… Alors elle cessa de lutter accueillit la langue de l’ex milicienne et échangea le baiser qu’elle souhaitait. Quelques instants plus tard Malvina avait quitté ses vêtements et les deux femmes se gamahuchaient sur la couchette.

Nouvelles…

C’est quelques mois plus tard que Kéni eut connaissance des derniers événements survenus sur Katelya. Voilà qui lui enlevait le poids qu’imprimait sur sa conscience sa mission ratée. Elle se dit alors qu’elle pourrait rentrer quand elle en aurait la possibilité financière, avant de se rendre compte qu’elle n’avait pour seule attache là-bas que Malvina ! Mais qu’était-elle devenue ? Elle tenta d’envoyer un message, elle n’aurait la réponse que dans plusieurs semaines… s’il y avait une réponse… Il n’y en eut pas ! Le message ne pouvait être délivré. Alors elle entama quelques démarches afin d’avoir accès aux bases de données de la population de la planète. Ça aussi c’était long, quand elle eut les listes devant son écran, elle constata que Malvina n’était nulle part, dans aucune ville, dans aucune communauté, elle ne figurait pas non plus sur la liste de personnes mises hors de combat par l’armée, ni sur celle des tigranes exilées dans les îles, ni non plus sur celles des prisonnières olvènienes libérées du camp. Où était-elle ? Bien sûr le pire pouvait être envisagé, un accident idiot, un suicide, une élimination « sans traces » par les tigranes… Que faire ? Trouver le moyen d’y aller, mais une fois sur place… Avait-elle envoyé des messages à ces anciens compagnons d’infortune, Jolu et Sari ? Elle chercha à les joindre, encore plusieurs semaines de perdues, les deux garçons s’étonnèrent de la présence de Kéni si loin de leur planète mais n’épiloguèrent pas, sinon, et bien non, ils avaient perdu la trace de Malvina.

Il restait un seul espoir, elle envoya un message au général Mériap. Sans trop y croire d’autant que le temps nécessaire à la réponse se trouva vite dépassée. Ce n’est que plusieurs mois plus tard qu’elle reçut une réponse qu’elle n’attendait plus :

« Kéni, quelle joie d’avoir de vos nouvelles, si je n’ai pas répondu tout de suite c’est que je ne voulais pas prendre le risque de vous attrister. Je ne suis plus en poste sur Katelya, mais j’ai transmis votre demande, voici la réponse : Malvina F… a embarqué le… sur le vaisseau… destination Novassa. Je voudrais vous dire que je regrette de vous avoir traité comme je l’ai fait, nous ne nous sommes pas compris, j’ai réalisé après coup que c’est vous qui aviez raison, et j’ai pris les dispositions nécessaires pour libérer vos amis, et neutraliser les agresseurs. Je pense parfois à vous. Vous reverrais-je un jour ? »

Kéni laissa couler quelques larmes, fit une demande pour avoir accès à la base de données de Novassa. Elle n’eut pas attendre, on lui répondit immédiatement que cette planète ne fournissait pas ce genre de renseignements. Cette planète, sanctuaire d’origine de la religion tigrane ne pratiquait pas l’échange de messages personnels entre ses habitants et les autres planètes. Donc, si elle voulait en savoir plus, il lui faudrait y aller… ou envoyer quelqu’un… Mais l’essentiel c’est qu’on avait retrouvé sa trace… elle prépara un message à l’attention du Général Mériap.

« Merci pour tout, je vous embrasse. Si l’occasion nous est donnée ne nous rencontrer à nouveau ce serait pour moi un plaisir – Kéni »

Le repaire de Paola

Kéni s’adapta relativement facilement à sa nouvelle maison. Rapidement elle devint la vedette du lieu à la grande satisfaction de sa patronne, Madame Paola, qui fut assez vite récompensée de son investissement. L’ambiance n’était pas mauvaise et elle se lia d’amitié avec d’autres filles. Les prestations étaient différentes que ce qu’elle avait connu chez Madame Georges. Ici les clients claquaient carrément leur fric et les séances pouvaient être très longues. D’impossibles scénarios naissaient parfois, la plupart du temps dans la bonne humeur. La satisfaction du client était primordiale et en principe il repartait content. Bien sûr au fil des temps il y eut bien quelques incidents, quelques ratés, quelques embrouilles, mais dans quelle activité n’y en a-t-il pas ? Quant aux filles, elles étaient traitées convenablement, le client qui – mais c’était extrêmement rare – était surpris à ne pas respecter les pensionnaires – le regrettait ensuite amèrement, la maison avait aussi ses videurs, ils n’étaient pas très occupés mais avait la main lourde… L’argent, lui s’accumulait, Kéni attendait le moment où elle en aurait assez pour pouvoir partir, sans très bien savoir où, sans doute sur Katelya, mais pour y faire quoi ? A moins qu’elle ne se débrouille pour s’envoler vers Novassa à la recherche de Malvina… Une toute autre affaire…

Et puis il y avait Paola…

Les deux femmes s’étaient considérablement rapprochées. Elles étaient à présent devenues amies. Même si l’une restait l’employée de l’autre, elles se retrouvaient souvent pour faire quelques folies dans lesquelles les rapports étaient d’égale à égale… quand ce n’était pas Kéni qui dominait sa patronne, mais elle n’en abusait pas…

Trois années avaient passé, et un jour Paola convoqua, Kéni :

– Prend des affaires pour deux jours, je te paie des mini vacances !

La navette survola la forêt vierge et finit par se poser dans une clairière dans laquelle Kéni découvrit un dôme en plexiglas

– C’est mon coin secret, dit alors Paola, je viens ici de temps en temps pour me décompresser, j’emmène juste une fille pour faire le ménage, la cuisine, tout ça, et je ne fais rien, je barbotte dans la piscine, je regarde la nature, j’écoute de la musique et quand la navette viens me rechercher, je suis bien ! J’ai aussi planqué pas mal de truc, des cadeaux qu’on m’a faits, quelques trucs de valeur que je ne préfère pas laisser en ville.

Kéni se demandait la raison de ces soudaines confidences.

– Je n’ai emmené personne aujourd’hui, le ménage et la cuisine c’est toi qui vas t’en occuper
– Moi, je veux bien, mais je trouve ça bizarre !
– Tu ne vas pas tarder à comprendre… La piscine est automatique, elle se remplit toute seule dès que je rentre, c’est une cellule qui analyse ma voix… Déshabille-toi on va se prendre un bain.

Les deux femmes se dévêtirent donc, et se mirent à barboter dans la petite piscine comme deux gamines s’amusant à s’asperger d’eau, à se courser, à s’attraper et à se chahuter. Au bout d’une heure de ces jeux, elles sortirent se sécher. Paola s’affala sur une sorte de transat, les jambes écartées !

– Va nous chercher à boire ! Kéni.

Kéni revint avec des jus de fruits glacés et deux grands verres.

– Tu as soif, Kéni ?
– Ben, oui ! Ça donne soif tout ça !
– Tu te souviens comme je te dominais quand tu es arrivée chez moi !
– Je le voulais bien !
– Je sais, on a toujours considéré que c’était un jeu.
– J’étais obligé de te dominer, j’étais un peu amoureuse de toi. Te l’avouer et tu en aurais profité…
– Paola !
– Ce n’est pas une critique ! J’aurais sans doute fais pareil à ta place ! Tu as su prendre une place considérable dans ma vie sentimentale, dans ma vie sexuelle aussi !

Kéni blêmit se demandant où elle pouvait bien vouloir en venir. L’idée lui vint un moment que l’endroit était idéal pour un meurtre mais elle chassa cette idée.

– Paola… je voudrais que tu comprennes, au départ j’étais sur mes gardes, puis j’ai appris à te connaître, j’ai toujours essayé de ne jamais te décevoir…
– C’est vrai et maintenant tu vas en être récompensée. Mais avant je voudrais te dominer une nouvelle fois, te dominer comme je le faisais au début de nos relations. Tu acceptes ?
– Bien sûr !
– Maintenant ?
– Vas-y, je suis ton esclave, Paola !
– Ok ! Tu as toujours soif Kéni ?
– Oui, j’ai soif, ma maîtresse !
– Commence par me servir à boire, je m’occuperais de ta soif après.

Kéni obéit et attendit :

– A genoux, petite pute !
– Oui, maîtresse,
– Non là comme ça devant ma chatte, allez ouvre ta bouche !
– Pisse-moi dessus, Paola !
– Tu aimes, hein ?
– J’ai toujours aimé, tu le sais bien !
– Alors pour l’instant ce n’est pas de la vraie domination !
– Qu’importe !
– Suces moi le cul !
– Hummmm, ça aussi j’adore…
– Qu’est-ce que je pourrais te faire pour que tu te sentes vraiment dominée ?
– Fouette-moi, Paola, fouette-moi fort !
– Bonne idée ! Viens !

Les deux femmes entrèrent dans le bâtiment.

– C’est par là, j’avais fait installer un donjon, il n’a pas servi souvent.

Paola commença par fixer des pinces sur les tétons de sa protégée, puis sur ses lèvres vaginales, elle y rajouta quelques poids, puis l’attacha sur une croix de St André, avant d’aller récupérer une longue lanière de cuir. Elle ne frappa pas tout de suite, s’amusant à malaxer les fesses de sa future victime, elle ne s’en était jamais lassée. Dans le feu de l’action, l’un de ses doigts finit par s’approcher de l’anus, puis y pénétra…

– Je t’enculerais bien avec un gros gode !
– Si tu veux !
– Non, je préfère le faire quand tu auras le cul tout rouge ! Kéni, je ne sais pas combien je vais t’en donner, mais si tu veux que j’arrête, le mot de sécurité c’est toujours le même !
– Vas-y !

Paola hésita, elle prit la lanière, la fit claquer sur le sol, le petit truc qui aurait dû l’exciter ne venait pas, pas pour l’instant… Elle arma le fouet, cette fois le coup atterrit sur les fesses de Kéni qui étouffa un cri, elle retint alors sa respiration tendit ses muscles attendit…

– Shlack !

Une énorme grimace lui déforma le visage, des larmes coulèrent de ses yeux. Pourquoi Paola avait-elle eu toujours ses crises de sadisme, pas du sadisme pur, puisqu’elle recherchait le consentement de ses victimes, n’empêche que la douleur l’excitait ! L’impact du troisième coup l’empêcha de poursuivre ses réflexions, encore un cri, un cri strident cette fois, suivit de quelques sanglots. Combien avait-elle prévu d’en donner ? La bonne question était d’ailleurs combien pouvait-elle encore en supporter, elle banda ses muscles, encaissa le quatrième en hurlant !

– Salope !

Du coup le cinquième coup arriva très vite sans qu’elle n’ait eu le temps de l’appréhender.

– Grosse salope ! Grosse vache !
– Shalck
– Tu me fais même pas mal ! Aaaaaah !
– Tu vas être gentille, lui dit alors Paola, tu vas fermer ta gueule de pute et me dire « merci maîtresse » au prochain coup, sinon je rajoute trois coups à ceux que je voulais te donner.

« Qu’est ce qui lui ferait le plus plaisir ?  » se demanda Kéni, « que je me soumette ou qu’elle me foute trois coups supplémentaires, la seconde solution sans doute, mais en serai-je capable !  »

– Shlack !
– Aaaaaah ! Merci maîtresse !

C’était sorti tout seul ! Elle reçut le huitième et le neuvième dans la foulée, sans cesser de crier. Une nouvelle fois elle banda ses muscles. Le dixième coup tomba, Terrible.

– Non ! Assez ! Merci Maîtresse !

Etait-ce le dernier ? Pas forcément, sa série pouvait très bien faire douze ou plus… non pas plus… Elle ne supporterait pas. Elle attendit ! Le coup claqua ! Sur le sol !

Paola la détacha, elle lui retira ses pinces sans ménagement, elle était toujours dans son rôle, le temps de la consolation ne viendrait donc que plus tard.

– A genoux chienne, je n’ai pas fini !

Paola revint avec un gode ceinture noire de belles dimensions.

– Suce !

S’il y avait quelque chose qu’elle trouvait nulle, c’est bien d’aller sucer un gode, mais au moins ça, ça ne faisait pas mal, elle barbouilla donc l’objet de sa salive. Puis elle se retourna quand sa maîtresse le lui demanda, offrant ainsi son anus à l’objet qui la pénétra sauvagement. Paola prise d’une véritable frénésie faisait s’agiter l’olisbos au rythme de ses coups de reins. Quand elle s’arrêta, elle était à moitié groggy, elle s’affala dans un fauteuil et entreprit de se masturber sans se soucier de son esclave. Kéni aussi alla s’asseoir par terre sur un coussin, elle avait mal aux fesses, elle avait mal au cul, mais quelque part elle était satisfaite, elle attendit le bon vouloir de sa maîtresse, qui pour le moment était toute occupée à se donner du plaisir ! Elle finit par jouir et par retomber mollement comme vidée dans le douillet fauteuil. Une minute passa, elle se releva, vint vers Kéni !

– Pardonne-moi, je suis folle !
– Je ne crois pas, non, où alors on est folle toutes les deux !
– Tu as mal !
– Ben, oui un peu !
– Il fallait dire le mot !
– Oui, mais je ne l’ai pas dit !
– Et pourquoi ?
– Pour toi Paola, parce que moi non plus je ne te l’ai jamais dit mais moi aussi je t’aime Paola !

Les deux femmes s’étreignirent longtemps, puis Paola passa un onguent sur les fesses de Kéni, avec infiniment de tendresse tant et si bien que les deux femmes finirent par faire l’amour intensément comme deux vielles amantes… et c’est le soir, épuisées après s’être restaurées de fins plats cuisinées qu’elles réchauffèrent elles-mêmes que Paola lui fit part de ses projets immédiats.

– Je ne vais pas continuer cette activité jusqu’à ma mort, je sens la vieillesse venir…
– Mais tu n’es pas vieille !
– Laisse-moi aller jusqu’au bout. Non, il n’y a pas que la vieillesse physique, il y aussi la vieillesse intellectuelle, le cerveau qui fatigue… Pour l’instant je suis encore capable de prendre des décisions censées, ça ne durera pas toujours… Longtemps j’ai voulu prendre ma retraite ici, mais ce n’est pas une bonne idée, c’est trop près de Vargala, alors j’ai trouvé un petit truc ailleurs, j’ai tout ce qu’il faut, j’ai donné des instructions pour que mes objets familiers me rejoignent dès que possible. Je serais entourée de domestiques qui s’occuperont de moi et quand je serai vraiment vieille ils me soigneront mes bobos. Quand je fais le bilan de ma vie, que je me demande ce que j’en ai fait, je me dis que j’ai été une mère maquerelle, mais je n’ai aucun ressentiment. J’ai fait fonctionner une boite où les gens venaient trouver une heure d’amour sans arnaque, sans esclavage, sans mépris ! Je peux me regarder dans une glace, tout va bien.
– Justement, la maison Parme, qu’est-ce qu’elle va devenir ?
– J’ai longtemps cherché quelqu’un qui aurait le même esprit que moi, pour en assurer la gérance dans un premier temps, puis éventuellement pour reprendre l’affaire. Je ne voulais pas non plus que ça tombe entre les mains de certaines personnes. Demain je réunirais les filles et le personnel, je dirais au revoir à tout le monde, et je partirai. Le vaisseau m’attend déjà… Il faut maintenant que je t’explique un certain nombre de choses plus ou moins confidentielles…

Kéni venait de comprendre alors que Paola l’avait choisi pour lui succéder…

Nous retrouverons Kéni plus loin…

…Mais d’abord la Terre

A la suite de la mort accidentelle de ses parents, le jeune Leiris Misdas avait été placé dans un orphelinat par son tuteur. Sa scolarité se déroula sans problème, compensant une paresse maladive et une propension à la dispersion par une excellente mémoire et une faculté d’adaptation exemplaire.

Cette année-là, il était en classe terminale de l’école des cadets de la marine spatiale civile. Des grèves de cours avaient un jour éclaté suite à l’exclusion arbitraire d’un élève. Le mouvement avait fait tache d’huile mais restait fort peu virulent. Des mini manifestations dans la cour des écoles, des pétitions qui circulaient demandant un assouplissement de la discipline… rien de bien méchant.

Les élèves de terminales, principalement préoccupés par l’échéance maintenant très proche des examens n’avaient pas participés à ce mouvement. Leiris enrageait devant ce manque de solidarité évident et avait essayé de convaincre quelques-uns de ses camarades. Mais à part certains des deux ou trois copains qu’il fréquentait, personne ne l’écouta. Sa démarche surpris, gêna même. Il est vrai que Leiris ne s’était jamais vraiment intégré à ce milieu bien particulier, pire sa situation d’orphelin boursier lui valait les sarcasmes des autres élèves, ce qui ne manquait pas de le faire s’insurger contre une telle bêtise et une telle injustice. Il demanda alors conseil à Belay, un grand escogriffe qui s’était affirmé comme le leader du mouvement dans l’école.

– Ça ne sert à rien, les terminales ne bougeront pas, j’ai déjà pris des contacts, les élèves ne pensent qu’aux examens. Se contenta de répondre le leader d’un air condescendant.

Comme quoi on pouvait être un leader syndical et mépriser les autres ! C’était sans compter sur la pugnacité de Leiris qui insista :

– On peut juste faire un petit truc, histoire de marquer le coup, je ne sais pas, moi une pétition !
– Pfff, personne ne voudra commencer !
– Si moi !
– Bon, tu rédiges un truc, tu me montreras !

Le jeune homme rédigea donc un texte, le proposa à Bellay, qui du haut de sa suffisance, le déclara « pas bon » et en proposa un autre. Il aurait voulu dégoûter Leiris qu’il ne s’y serait pas pris autrement. Mais encore une fois Leiris tint bon et fit circuler la pétition après l’avoir signé en premier.

Le mouvement reprit un second souffle (un petit souffle) mais les autorités de l’école souhaitèrent en finir. Ils adoptèrent alors une tactique vielle comme le monde. Dans un premier temps les sanctions tombèrent : Bellay, Leiris et plusieurs autres écopèrent d’un blâme. Devant le tollé de protestation, la direction attendit quelques jours puis affirma sa volonté de négocier, quelques personnes se réunirent autour d’une table et une heure après les sanctions étaient levées. Grande victoire donc ! Mais après il n’y eut plus rien. Retour à la case départ et à la préparation des examens.

Puis ce fut le jour de la publication des résultats !

Il n’y croyait pas ! L’obtention de ce diplôme n’avait rien d’évident. Certes les épreuves s’étaient bien déroulées, mais voir son nom inscrit en haut de la promotion parmi les dix meilleurs, alors là ! Tout allait donc pour le mieux, il trouverait facilement un poste à bord d’un vaisseau de prestige… Il remarqua aussi dans la liste la présence de Rachel….

Ah, Rachel ! Rachel et sa chevelure blonde, sa peau dorée, ses yeux de chattes, ses longues cuisses, ses seins de rêve ! Elle aussi, dans le genre inespéré, elle n’était pas mal non plus ! Leiris avait toujours eu du mal à s’affirmer auprès des filles, perturbé par une timidité maladive. C’est elle qui l’avait dragué, c’est elle qui l’avait déniaisé. Elle n’avait pourtant pas que des qualités, intrigante, parfois imprévisible, elle avait notamment jugé très opportun de tomber malade pendant la période revendicative. Elle faisait tourner la tête des garçons dès que la surveillance de l’école ne s’exerçait plus, par contre devant les profs elle ne se livrait à aucune provocation et sa conduite était citée en exemple. Les ragots allaient bon train, on lui prêtait même des aventures avec d’autres filles… Elle faisait preuve cependant d’une grande gentillesse avec Leiris, le maternant, l’appelant « mon bébé », mais l’avait mis en garde :

– Avec moi, pas de sentiments, je ne veux me lier à personne, j’ai le temps pour ça… je suis gentille, je m’offre, mais je ne me donne pas…

Leiris avait dû ravaler à grand peine les mots qu’il avait mis la nuit à répéter… ils étaient devenus inutiles. Il aimait Rachel d’un impossible amour et elle ne lui rendrait jamais…

Et dans la petite foule qui se pressait devant l’écran géant, Rachel était là, radieuse, les larmes aux yeux, tout au bonheur de sa réussite et échangeait des propos avec quelques bellâtres en ignorant complètement Leiris. Il pensa un moment s’approcher d’elle, éveiller son attention, mais décidément la cohorte de mâles qui l’entourait le débectait… Et puis après tout qu’importe, leur séparation était de toute façon inéluctable, ils seraient embauchés sur des vaisseaux différents, sans doute même par des compagnies différentes. L’espace les éloignerait inéluctablement, il le savait bien, mais il avait rêvé d’une dernière soirée… Manifestement d’autres auraient cette chance. Pas lui.

Mais, bon, il avait son diplôme en poche. Mais le destin l’attendait au tournant…

Toutes ses demandes d’emplois auprès des grandes compagnies se soldaient par un refus. Il tenta sa chance auprès de sociétés plus modestes sans plus de résultats… Restaient les vaisseaux indépendants… Oh ! Ça il y en avait, mais peu se posaient sur Terre. On racontait beaucoup de choses sur eux, leur prêtant des trafics douteux, des pratiques étranges et des fréquentations inavouables…

Ils étaient trois ce jour-là dans le hangar n° 9, Leiris, Enzo et Morgan, ils avaient un moment espéré qu’ici ils trouveraient quelque chose, mais ici c’était le hangar des free-lances, rien à voir avec le métier qu’ils croyaient avoir choisi. Apparemment tout n’était pas encore ouvert ; ils allèrent s’asseoir sur un banc en plastique qui devait bien être centenaire.

Enzo, l’un de ses rares copains d’école s’était lui aussi fait remarquer comme délégué de classe à la fin du mouvement. Celui-ci doté d’un physique de pâtre grec avait précocement affiché son homosexualité, cela lui avait valu d’être la victime des quolibets de ses camarades de classes. Personne ne savait s’il avait pu ne serait-ce qu’une fois conclure avec quelqu’un. Leiris n’avait pas répondu à ses avances d’ailleurs fort discrètes, mais avait accepté sa différence, il en était né une amitié solide et sans équivoque entre les deux jeunes hommes. Il connaissait personnellement beaucoup moins Morgan qui avait été le principal adjoint de Belay pendant les événements.

– Ah ! Ils ont bien calculé leur coup : pas de sanctions, mais à présent pas de boulot !
– Et les autres ?
– Belay et consort ont des parents bien placés, ils s’en sortiront… mais pas forcément dans l’espace…
– On pourrait peut-être le contacter, il aura peut-être une idée… Proposa Morgan.

La proposition fut accueillie d’un haussement d’épaule de la part de Leiris et puis de toutes façons, personne n’avait ses cordonnées…

Le guichet automatique devait être délabré depuis longtemps et personne n’avait songé à le réparer. Un guichet manuel finit par s’ouvrir, mais l’employé n’était manifestement pas ici pour recevoir des demandes d’embauche et il les éconduisit avec un grognement peu amène. Deux heures après, un deuxième guichet consentit à s’ouvrir sans plus de résultats. Ils regagnèrent leurs places convenant ensemble qu’ils attendraient encore qu’un troisième guichet s’ouvre, cela pouvait durer des heures. Et s’ils ne trouvaient rien, ils seraient sans doute obligés de trouver des petits boulots, de rester sur la Terre en effectuant des tâches n’ayant rien à voir avec leur qualification. C’était déjà dramatique en soi, mais en plus leurs rêves de cosmos iraient s’effondrer… définitivement, sans doute.

A 15 heures, ils avaient le ventre vide, et aucun troisième guichet ne se décidait à s’ouvrir. Ils ne virent pas arriver ce grand type maigre à la moustache travaillée !

– Hé ! Les mecs ! Vous cherchez du boulot ?

La surprise était totale, et l’un d’entre eux se contenta d’acquiescer d’un geste.

– Steve Wilcox, je suis l’adjoint de Ramon Jerko sur le Fly 28. On cherche trois types… On a eu des problèmes lors de notre dernière mission, des gars n’en sont pas revenus, et on a été obligé de faire un petit crochet par la Terre pour avoir tout de suite des pièces détachées, il faut dire…

Le type, sans doute légèrement éméché, débitait un flot de paroles. Leiris n’écoutait plus, sans doute aurait-il dû savoir qui était ce Jerko, ce nom ne lui disait rien mais qu’importe, on était en train de leur donner une chance inespérée, de briser la conspiration que l’école avait organisée contre eux

Ils ne prêtèrent non plus guère d’importance au fait que le type souhaitait une embauche à l’amiable, ce qui voulait dire sans contrat et sans véritable garantie de paiements. L’essentiel était que la chance leur permettrait de commencer quelque part, après on verrait…

Effectivement après on vit…

– On se rassemble demain matin à 7 heures, et on décollera peu de temps après. Ça vous va ?
– Demain matin ! Reprit Leiris n’en croyant pas ses oreilles
– Oui, profitez bien de votre nuit, c’est peut-être votre dernière nuit sur la Terre avant longtemps ? Et ne nous faites pas faux bon, vous n’avez rien à y gagner.

Le type leur précisa simplement les coordonnées de l’aire de décollage et les laissa ainsi, pantois…

– Demain à cette heure-ci, on sera dans l’espace, je n’y crois pas ! S’émerveilla Morgan
– On va aller arroser ça !

Plutôt que d’attendre la navette qui faisait continuellement le tour de l’astrodrome, ils préférèrent cheminer et c’est quelques minutes après qu’une voix féminine enjouée les héla :

– Leiris ! Enzo ! Hou Hou !
– Rachel !

Rachel

Elle était là à dix mètres, resplendissante et oubliant tous ses ressentiments à son égard, Leiris se précipita dans les bras de la jeune fille. Elle n’était pas seule, une splendide femme à la peau noire l’accompagnait, il ne la connaissait absolument pas et troublé ne comprit pas son prénom quand elle se présenta. Rachel avait le don de se faire des ami(e)s en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire, et tant pis si ça ne durait que l’espace d’un rencontre.

– Je suis engagée comme enseigne de vaisseau par la Blue Star ! Je suis folle de joie, et j’embarque demain sur le Siegfried 7…
– Nous aussi on embarque demain… Répondit Leiris presque par réflexe.
– J’ai décidé de faire une petite fête pour qu’on se dise adieu, vous venez ?

Leiris Misdas n’était pas dupe, cette fête, ce n’était pour eux qu’elle avait été organisée, si cette rencontre hasardeuse n’avait pas eu lieu personne ne les auraient invités. Mais il se raccrochait à cette dernière soirée où il pourrait côtoyer Rachel. Peut-être se produirait-il quelque chose, un déclic ? Qui sait ? Enzo lui, paraissait plus lucide en cette fin d’après-midi :

– Il y aura qui ? Demanda-t-il.
– Ben il y aura vous et moi.
– Et puis ?
– J’ai aussi invité… (suivait une liste d’une demi-douzaine de garçons et de filles)
– Allez, Rachel, je te souhaite bonne chance, mais je crois que je ne m’amuserais pas avec tes amis.

Il ne l’embrassa pas, tourna le dos, puis s’éloigna. Quant à Morgan, subjugué par le corps de la belle africaine, il n’hésita pas une seconde à rester.

Ils étaient un peu plus d’une douzaine dans une salle qui avait été réservée avec un petit buffet. Leiris s’était attendu à plus de monde. Sans doute était-ce pour cette raison qu’ils avaient été invités in extremis ? La gent masculine était surreprésentée, seules trois filles figuraient parmi les convives, outre Rachel et sa copine au corps d’ébène qui se faisait appeler Sacha, il y avait aussi une petite rouquine assez réservée.

Rachel s’était revêtue d’un ensemble rouge brillant dont le pantalon lui moulait les fesses et le haut astucieusement troué en ovale sur le ventre, laissant nu son nombril et le bas de sa poitrine.

Le début de la soirée fut de peu d’intérêt, manifestement ces braves gens en attendaient d’autres qui ne vinrent jamais. Leiris s’ennuyait ferme dans son coin, personne ne lui adressait la parole et Rachel ne semblait n’avoir d’yeux que pour un grand baraqué qui sortait d’on ne sait où. Il aurait volontiers filé à l’anglaise, mais cela l’embêtait de se faufiler sans Morgan qui tentait crânement sa chance avec Sacha… Et puis Rachel avait annoncé une surprise…

– Bon, vous voulez du spectacle, vous n’allez pas être déçu ! Lança enfin Rachel après deux heures d’attente. Ceux qui ne sont pas venu vont rater quelque chose. Je vais vous offrir un adieu à la Terre que vous n’êtes pas prêt d’oublier. Musique ! Lumière !

A ces mots, Sacha plaqua Morgan et s’occupa de la régie. Surprise de l’assistance, la sono au lieu du déchaînement attendu diffusait la suave mélodie classique de Peer Gynt.

Dès les premières mesures Rachel fit onduler son corps devant l’ensemble des participants qui spontanément s’étaient placés en cercle, La danseuse se tortillait alors tant et si bien que la surface visible de sa poitrine variait sans cesse. La climatisation avait été volontairement coupée et bientôt la sueur envahit la peau de Rachel. Elle effectua une sorte de pirouette, saisit le vêtement par le bas et d’un seul coup le remonta par-dessus les seins. Ceux-ci enfin libres, puissants globes aux contours envoûtants, étaient terminés par de jolies pointes rosées que l’excitation avait durcies. Chez les mâles à l’entour, ça commençait à bander dur, quant aux deux filles, elles ne paraissaient pas non plus indifférentes… Rachel fit alors un rapide tour de cercle, posant soit de façon négligée soit de façon plus appuyée sa main à l’emplacement des sexes des participants (et des participantes). Puis cette inspection effectuée, elle s’en alla boire un verre, un mélange d’alcool et de jus de fruits. Légère expectative dans l’assistance, on se demande si c’est fini l

– Deuxième partie ! Clame Rachel en reprenant sa place.

Elle refait alors un « tour de braguette » mais cette fois le geste est plus long : ouverture de la fermeture, main qui se faufile, qui enserre les sexes tendus des mâles, qui touche la motte humide des filles. L’ambiance est électrique, Rachel retire à présent son pantalon, sa petite chatte n’est pas rasée mais elle est peu fournie, ravissant écrin rose qu’elle écarte à souhait devant un public à la gorge sèche. De nouveau, elle fait un tour de cercle se contentant de frôler de son fessier joufflu les entrejambes de ses invités.

Puis après quelques déhanchements au rythme de la musique, elle se dirige vers le grand baraqué, et sans hésiter une seconde, lui extrait son sexe qu’elle place directement dans sa bouche, se mettant à le sucer gloutonnement. Simultanément, elle tend ses bras afin d’atteindre les sexes de ses voisins immédiats et de les masturber. C’est celui de Leiris qui est dans sa main droite. Puis elle abandonne le groupe et recommence la même figure avec un autre groupe de trois hommes, un quatrième se propose hardiment de lui mettre un doigt entre les fesses mais il se fait rabrouer. C’est elle qui commande, c’est elle qui organise, uniquement elle…

Toutes les bites y passent… Rachel s’allonge ensuite au milieu du groupe et commence à se masturber !

– Rapprochez-vous ! Jouissez-moi sur mon corps ! Allez dépêchez-vous, je veux votre sperme à tous.

Tous les hommes dont certains sont maintenant complètement nus, d’autres à moitié et certains juste débraillés s’astiquent la queue avec frénésie. Les premières gouttes tombent sur un sein, d’autres sur le ventre, sur le visage, c’est bientôt une pluie de sperme qui s’abat sur son corps, tandis que sa main l’emmène vers la jouissance.

S’ensuit une période plus calme, chacun se ressert au buffet, des petits groupes se forment. Leiris s’ennuie de nouveau. Morgan a abandonné Sacha et tente de draguer la petite rousse avec un certain succès. Avec le temps, les mâles retrouvent de la vigueur, Rachel assise jusque-là sur les genoux du grand baraqué s’est levé et lui tripote négligemment la bite. Filer à l’anglaise ou dire quand même un mot à Rachel, il ne sait que faire. Il l’implore du regard, se dirige déjà vers la sortie !

– Leiris !
– Oui !
– Viens !

Comme un robot, il s’approche !

– Ça se passe bien ?
– Oui, mais je suis fatigué, je vais partir !
– Pas avant de m’avoir fait plaisir !
– Tu veux que je te fasse plaisir ?
– Je me fabrique un petit album souvenir dans ma tête, tu ne vas pas refuser d’y participer ?
– Tu veux quoi ?
– Regarde cette bite comme elle est belle !
– Oui elle est belle ! Répond Leiris pensant qu’elle souhaite juste un commentaire sur l’objet et se disant que décidément Rachel n’est guère diplomate.
– Tu n’aimerais pas la sucer ?
– Rachel !
– Fais-le pour moi ! Tu t’en rappelleras toute ta vie, et moi aussi !
– J’aurais préféré un autre souvenir !
– Qui sait ? La soirée n’est pas terminée !
– C’est une promesse, Rachel ?
– Je ne fais jamais de promesse.

Alors Leiris voulut prouver jusqu’où sa passion pour Rachel pouvait l’emmener, il se pencha alors sur la bite du type et l’engloutit dans sa bouche. C’était une première, il fut surpris par la texture et la douceur de l’organe, il se surprit aussi à bander de faire ça ! Il se mit à sucer avec ardeur et conviction jusqu’à ce que l’autre n’en pouvant plus décharge dans sa bouche. Leiris était fier de sa prestation mais embarrassé par ce sperme qu’il ne se décidait pas à avaler.

– C’est pour moi ! Dit alors Rachel

Ils échangèrent alors le plus doux et le plus salace des baisers, un long baiser où tandis que les bouches et les langues n’arrivaient plus à se dissocier, les mains se faisaient caresses sur leurs corps respectifs. Rachel un moment se pencha, l’entraîna sur le sol, il se trouva sur elle !

– Prends-moi ! Vite

Il ne se le fit pas dire deux fois et la pénétra avec fougue pendant plusieurs minutes avant de décharger, les larmes aux yeux. Il ne voulait se faire aucune illusion, il avait eu ce qu’il voulait, d’autres allaient sans doute la besogner, il préféra ne pas le voir, rassembla ses affaires et se retrouva dans la fraîcheur de la nuit, assailli de sentiments contraires. Il savait en tous cas maintenant que ses relations avec le sexe seraient à présent beaucoup plus simples

à suivre…

nikosolo@hotmail.com

Première publication Novembre 2004. Revu et corrigé en août 2011 © Nicolas Solovionni et Vassilia.net

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2 réponses à Vargala Station 5 – Le repaire de Paola par Nicolas Solovionni

  1. Lacey dit :

    Quel festival ! Un peu de mala à raccorder toutes les facettes du récit mais c’est pas bien grave

  2. Forestier dit :

    Beaucoup de bonnes choses, une belle séance de domination, un peu d’initiation de bisex mâle, et puis cette ambiance vers la fin qui me rappelle les bouquins de SF d’Andrew North que je dévorais quand j’étais jeune (sauf que chez North il n’y avait ni sexe ni femme). Excellent récit malgré la multiplicité des personnages.

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