Belles de jour, Belles de nuit… par Sonia Kubler

 

‘Avertissement « légal » : Cet article n’a pas pour objet d’encourager à la prostitution. Il n’est rien d’autre qu’une réaction contre certaines imbécillités proférées ça et là sur ce sujet sensible.

Avant propos
par Eddy

Il doit y avoir des sujets plus sensibles que d’autres ! Le récit  » Karima  » d’Estonius nous a valu quatre e-mails (rien que ça) ! Et le moins qu’on puise dire c’est que les avis sont partagés :
Extraits :
– Ne le prenez pas mal, mais pourquoi ce récit sur ce site ? La prostitution serait-elle de votre point de vue une sexualité alternative ? (Orcade)
– Merci pour avoir osé publier ceci. Merci à tous ceux qui respectent ces femmes ! (JP. B)
– Depuis ma retraite et mon déménagement, je ne fréquente plus ces dames, mais j’en ai la nostalgie. J’en ai connu qui avaient en elle plus d’humanité que pas mal de nos concitoyens aux professions dites plus respectables. (Michel)
– Lecteur régulier de votre site, je me demande si vous n’avez pas fait votre premier faux pas en publiant cette histoire. D’abord c’est de l’eau de rose, mais surtout vous n’avez pas à encourager la prostitution. (non signé)

Bon alors ! Avant de laisser la plume à Sonia, quelques précisions en vrac :
1- Quels que soient les mérites de l’histoire d’Estonius, force est de constater qu’elle ne va pas bien loin. Ceux qui ont cru que c’était la première histoire du site mettant en scène des prostituées n’ont sans doute pas lu  » Rue du Ponceau de Léna Van Eyck  » ! Qu’ils le lisent, car celui-ci de récit va quand même beaucoup plus loin !
2- Nous n’encourageons pas la prostitution ! C’est un métier dangereux où les désillusions sont nombreuses. C’est très clair !
3- Cela ne nous empêche pas d’avoir un profond respect pour celles qui font ce travail avec conscience.
4- La prostitution n’est évidemment pas une sexualité alternative à proprement parler ! Mais si elle n’existait pas, que feraient donc les clients ?
5- Parler de prostitution de manière globale ne veut rien dire : il y a trente-six sortes de prostitution !
6- Nous ne confondons pas le proxénétisme (que nous condamnons sans aucune équivoque !) avec la prostitution.

Et sur ces bonnes paroles, je passe la plume à quelqu’un qui s’y connaît mieux que moi, et que nous appellerons Sonia parce que X ou  » Anonyme  » ça ne sonne pas bien !

Belles de jour, belles de nuit
par Sonia
Je garderais donc l’anonymat, j’ai été prostituée, près de six ans ! Je ne le suis plus ! Je ne regrette rien ! Cela m’a permis de côtoyer des tas de gens, quelques fumiers de la pire espèce, mais ce n’était pas les plus nombreux, et je préfère me souvenir de ceux très nombreux qui étaient d’une correction exemplaire, à ce point que je regrette (le croirez-vous ?) d’avoir perdu le contact avec certains d’entre eux (je ne parle pas de contact sexuel, je tiens à ce que cela soit clair.)

Après avoir planté le cadre, que dire ? 

Il me semble qu’il faut d’une part déglobaliser le débat et qu’il faut combattre une à une les idées reçues sur le sujet, et elles sont légions !

Déglobalisation :

Parler de prostitution de façon globale ne veut effectivement rien dire : Il y a sous cette appellation des comportements et des contextes complètements différents.

Ainsi à Paris : on va avoir :

Sur les Boulevards des Maréchaux : de la prostitution  » basse gamme  » pratiquée par des filles tenues en mains par des proxénètes, il s’agit souvent de pauvres filles venues d’Europe de l’Est ou d’Afrique. Beaucoup d’entre elles sont toxicomanes. La prestation fort rapide s’exécute dans le véhicule du client.

La prostitution historique : le quartier des Halles (rue St Denis), la rue Joubert, la Madeleine et ce qui reste de Pigalle… : une prostitution souvent indépendante (peu maquée), pratiquée en studio. Les prix sont moyens.

La prostitution  » haut de gamme  » : avenue Foch, pratiquée par des  » amazones  » au volant de leur voiture, elles y font monter le client et l’emmènent chez elles. Et surtout les hôtesses des bars spécialisés. Tarifs pour haut revenus uniquement.

Voici déjà trois choses différentes ! Et je puis vous assurer que même si pour certains  » une pipe est toujours une pipe « , qu’on ne fait pas le même métier avenue Foch que Boulevard Ney !

On pourrait en rajouter ! Il y a d’autres lieux (les bois), d’autres pratiques (la prostitution occasionnelle…, les salons de massages, les petites annonces, les entraîneuses de cabaret. -horriblement chères-… on n’en finirait pas ! Et puis parfois les frontières ne sont pas si hermétiques que cela, certaines peuvent changer de catégorie, parfois par promotion, mais parfois aussi par  » déchéance « . Qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas encore dit ! Et il n’est pas de mon propos de vous dire que toutes les filles de l’avenue Foch ou de la rue St Denis sont heureuses comme des poissons dans l’eau ! Mais au moins la plupart d’entres elles échappent à cette image de caricature de pauvre fille humiliée, battue, camée, et dépouillée de ses gains par un mac basané en costume rayé !

Mais je vous en prie, ne mélangeons pas tout ! Il faut lorsqu’on parle de prostitution savoir de quoi on parle ! Or, certaines enquêtes soit disant sociologiques ne s’arrêtent qu’à une rue, un quartier, une pratique et souvent, plus c’est misérabiliste plus on s’y arrête et plus on refuse d’aller voir ailleurs ! On fait du clientélisme de sujet, on ne montre pas ce qui est vrai mais ce que les gens attendent, ou pire :  ce qu’on croit que les gens attendent ! Les règnes du télévisuellement correct et du socialement correct se rejoignent ! La prostituée se doit d’être malheureuse. Si elle dit le contraire, c’est qu’elle se ment à elle-même, et sa parole lui est confisquée, ce sera sa punition !

Encore une fois, faisons attentions à ce qu’on écrit : Ce n’est pas forcément un métier qui nous fait sauter de joie, mais pour parler pratique, il y quand même certains avantages non négligeables… (mais bon, on n’a pas le droit de dire ça, c’est de l’encouragement, et c’est puni par la loi !)

Les idées reçues :

Là où ça devient difficile, c’est qu’il existe en matière d’idées reçues sur la prostitution une sorte de consensus mou dont les stéréotypes sont martelés par tout ce que la société à de politiquement extrême !

Que l’extrême-droite s’en prenne à la prostitution comme elle s’en prend au sexe en général, au divorce, à la contraception, à l’homosexualité, à la libération des femmes et à la représentation naturelle des corps. Rien d’étonnant à cela ! C’est le fonds de commerce hypocrite de ces gens-là, qui n’ont pas encore compris que nous n’étions que mortels ! Si l’extrême-droite française est liée traditionnellement à l’intégrisme catholique, les autres extrémismes religieux ne valent évidemment guère mieux !

Mais qu’une certaine extrême-gauche s’en mêle, voilà qui est beaucoup plus rageant : sous prétexte de féminisme, sous prétexte que la femme a des droits, on en est à gommer des simples réalités socio-éthnologiques comme le jeu de séduction dans la rencontre entre une femme et un homme, où de simples réalités esthétiques, à savoir que le corps d’une femme est en principe naturellement beau ! (on va y revenir)

Catalogue

Prostitution et Proxénétisme : Toutes les prostituées ne sont pas maquées. Il est de notoriété publique qu’une majorité des filles pratiquant la prostitution bourgeoise dans le centre de Paris ne le sont pas. Bizarrement, le maquage existe aux deux extrêmes. Dans le bas de gamme on le sait, mais aussi dans la prostitution de très haut de gamme où tout est organisé en réseau par des gens qui s’en foutent pleins les poches

Prostitution et Volontarisme : Il n’y aurait donc aucune prostituée volontaire, celles qui le prétendent seraient manipulées, menteuses ou inconscientes etc… Trop grave ! Ce genre de discours où la parole de l’autre (et en l’occurrence des intéressées) est systématiquement mise en doute parce qu’il dérange, ne fait que discréditer ceux qui s’en font les propagandistes.

Prostitution et violence : Que le milieu soit conflictuel, je veux bien le croire. Mais pas plus que d’autres ! Des engueulades et des embrouilles pour pas grand chose ça existe partout ! Cela dit, je me souviens avoir assisté à des bagarres pour des raisons assez absurdes, des problèmes de territoire notamment ! Quant à la violence du souteneur envers sa  » protégée « , voilà une légende bien ancrée qui comme toute légende repose en grande partie sur la vérité, mais sur une part de vérité seulement ! Ce n’est certainement pas moi qui irai défendre le proxénétisme et les proxénètes. Mais dire qu’ils sont tous des violents pathologiques est une contre vérité !

Prostitution et toxicomanie : La prostitution est un milieu où de la drogue circule. Ce qui ne veut absolument pas dire que toutes les prostituées soient toxicomanes, loin s’en faut ! Il y en a malgré tout un certain nombre ! Paradoxalement, plus la prostitution est misérabiliste, plus la drogue a de chance de s’installer. En fait, il faut inverser le problème, les dealers cherchent à vendre parmi les prostituées, mais sans que l’on puisse dire qu’il y ait vraiment une pression. Quant à dire que le dealer est souvent le souteneur, cela me paraît débile. Ce dernier a au contraire intérêt à ce que la fille soit toujours en état de travailler ! D’autant qu’on nous explique par ailleurs qu’il ne laisse pas d’argent aux filles…

Prostitution et santé : Affirmer que la prostitution est un vecteur de propagation des MST est tellement faux que cela s’apparente à du mensonge de propagande ! Les filles se protègent ! 95 % d’entre elles ont des rapports sous préservatif y compris pour la fellation ! Evidemment, il peut y avoir des cas d’inconscience ou aussi des filles qui, se sachant malades éprouvent le besoin de vouloir se venger. Mais il y a finalement beaucoup moins de risque à faire l’amour avec une prostituée qu’avec une fille de rencontre qui vous jurera ses grands dieux (et en toute bonne fois) qu’elle est saine alors qu’elle ne l’est peut-être pas…

Prostitution et besoin artificiel : « Si la prostitution n’existait pas les clients n’iraient pas les voir et resteraient fidèles à leurs épouses ! » Pas du tout professeur ! Si elle n’existait pas, elle existerait quand même mais clandestinement (voir ce qui se passe en Suède). Le milieu parviendrait à ré-encadrer complètement la profession et lui imposerais ses lois au détriment des droits élémentaires et de la santé des filles. D’autre part le rapport que le client recherche sera transféré ailleurs et dans certains cas, ce dernier va changer d’attitude, il se mettra par exemple à draguer alors qu’avec les prostituées, il se disait que ça lui permettait d’en faire l’économie. Mais il faut aussi savoir que pour une certaine clientèle la prostitution est une soupape de sécurité et que la fréquentation de ces dames contribue aussi à l’empêcher d’accomplir des délits sexuels.

Prostitution et porngraphie : Un vieil argument de la droite catholique repris pas mal par les féministes : le corps de la femme exposée partout, à la télé, dans la pub, au cinéma, etc… la porno autorisée, tout cela contribuerait à lâcher une surdose de libido chez les males qui du coup ne verraient plus dans le corps féminin qu’un trou à remplir ! Je n’exagère qu’à peine ! Avec des telles théories on peu aussi bien justifier les talibans ! (Une femme afghane disait récemment,  » on est habillé comme ça pour qu’on nous respecte !  » Je trouve ce genre de réflexion abominable !) Je suis de celles qui pensent que la femme n’est absolument pas avilie par l’image ! Une femme est belle ! Je ne vois pas pourquoi on ne montrerait pas ce qui est beau ! Ca excite les hommes, et alors ? Le sexe est une fonction naturelle ! Un beau gâteau à la vitrine d’un boulanger, cela fait saliver, pour moi ces réactions sont strictement parallèles
Je lisais l’autre jour un bouquin datant de 1936 à l’usage des couples ou était expliqué tout ce qu’on n’apprenait pas à l’école. La seconde partie du livre se permettait des digressions contre la pornographie (interdite à l’époque). Et clamait que sa diffusion entraînerait un désordre sexuel indescriptible et une recrudescence des viols et autres crimes et délits sexuels ! 66 ans plus tard, la porno est autorisée, il n’y a pas plus de crimes sexuels, par contre il y a toujours autant d’hypocrites.
Mais au fait je ne vous ai pas parlé de prostitution dans ce paragraphe ! Et bien croyez le ou pas, la pornographie encouragerait la prostitution… faut-il épiloguer ?

Prostitution et niveau intellectuel : Les prostituées ne sont ni plus ni moins bêtes que les autres femmes.

Prostitution et dégradation physique : « A quarante ans, elles sont vielles » A quarante ans , elles ont un an de plus que quand elles en avaient 39, comme tout un chacun…

Prostitution et niveau de vie : Suivant les auteurs on nous expliquera que les prostituées sont malheureuses, leur souteneur ne leur laissant pratiquement rien, ou alors qu’elles ont un train de vie mirifique ! En fait une prostituée non maquée, gagne tout déduit fort bien sa vie.

Prostitution et reconversion. J’ai lu là dessus de choses formidables : après nous avoir dit que la fille ne conservait pratiquement rien de ses gains, on nous explique que la reconversion devient problématique parce que la fille est habituée à l’argent facile ! Faudrait savoir ? Mais trêve de plaisanterie. Une carrière ça se gère, et quel que soit la bonne volonté de la personne, l’abandon du métier s’accompagnera d’une baisse de train de vie ! Certaines font avec, d’autres n’y parviennent pas. C’est un constat !
Ajoutons aussi que malgré le discours condescendant de rigueur, le société n’aide pas à cette reconversion…

Prostitution et vice : C’est quoi vicieuse ? En fait n’ergotons pas, j’ai connu une fille (une, pas deux) qui faisait le métier presque par vocation, elle se sentait pute et elle aimait ça ! Ceci dit on peut malgré tout aimer son métier, ne serait-ce que par les contacts qu’on y rencontre…

Prostitution et choix des clients : « Les prostituées doivent accepter n’importe quels clients » : Archi faux ! Sauf dans des conditions extrêmes, la prostituée peut toujours refuser un client ! « Les prostituées doivent accepter toutes les fantaisies de leur client, pourvu qu’il en paye le prix ! « : Archi faux : chaque fille adapte son métier à ses propres blocages, le bon exemple est constitué par l’uro ! Si 80% d’entre-elles la pratique, d’autres la refusent qu’elle que soit le prix proposé (blocage psychologique ou mécanique). La scato quant à elle est si peu acceptée, qu’elle en est une affaire de spécialiste ! Dans un autre registre beaucoup de prostituées refusent la sodomie, mais certaines l’acceptent. Certaines refusent de poser pour des photos, pratiquement toutes refusent de se faire attacher, beaucoup refusent de s’occuper de deux hommes à la fois (surtout si ce sont deux inconnus) et puis, mais cela est classique toutes refusent le baiser sur la bouche. Si vous avez eu droit à ce privilège c’est que la somme était astronomique, ou que les relations avec elles avaient dépassées le stade de la haute complicité, ou encore parce que tout simplement à chaque règle il y a des exceptions. Quant à une fille qui accepterait une pénétration sans préservatif… bref

Prostitution et conscience professionnelle : « Les rapports sont impersonnels » . A moitié faux seulement, il y a deux façons de concevoir le « métier ». Certaines s’en foutent et bâcle la prestation, en fait ce sera service minimum pour un maximum d’argent… Ce n’est pourtant pas la position dominante. La fille a au contraire intérêt à se faire une clientèle. Le travail avec des clients fidélisés n’a strictement rien à voir avec la clientèle de passage. Cela suppose que la fille fasse ce qu’il faut afin que le client revienne… Et oui, c’est comme au restaurant..

Prostitution et jouissance : « Les prostituées ne jouissent jamais avec leur client ! » Qui a fait ce genre de statistiques ? En fait, c’est assez rare, mais bien sûr que ça peut arriver !

Conclure ! Je n’encourage personne à faire ce métier ! Mais j’ai la haine pour ceux qui le caricaturent, ceux qui mélangent tout, qui croient avoir tout compris alors qu’ils ont tous faux. J’ai la haine pour ceux qui parlent des prostituées mais qui leur refusent la parole. Mais j’ai encore plus la haine pour ceux qui savent que le phénomène est complexe et qui pour vendre du papier ou faire de l’audience, le schématise à outrance, et finalement font ce qu’on nous reproche, ils racolent !

Sonia


Jolie photo, n’est-ce pas, mais elle est là juste pour le fun et ne représente pas l’auteur de cet article

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F.A.Q. de la prostitution

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20 réponses à Belles de jour, Belles de nuit… par Sonia Kubler

  1. Viviane dit :

    Merci Sonia pour l’intelligence et la pertinence de tes propos ♥

  2. Archibald dit :

    Putes, je vous aime

  3. Andréa dit :

    Curieux ce forum, j’ignore si vous sélectionnez les participations mais ceux que j’ai lus sont vraiment intéressantes et à contre courant de la connerie ambiante, j’ai juste un petit truc à vous dire, je ne sais pas si c’est intéressant de publier… mais comme personne en parle : J’ai été call-girl pendant deux ans, et vous savez à cause de quoi j’ai arrêté, ce qui m’a définitivement pris la tête dans ce métier ? C’est le fait de devoir aller au restau avec les clients. On ne peut pas s’imaginer ce que c’est d’être en tête-à-tête avec un inconnu qui vous raconte au mieux des trucs qui ne vous intéresse pas, au pire, des idées qui sont aux antipodes des votre ! (Bien sûr il y a des exceptions… heureusement, quelques délicieuses exceptions même !) A côté, le fait de coucher avec ne m’importait assez peu, d’autant qu’après un bon repas bien arrosé, la chose était souvent vite bâclé ! Je me suis ensuite reconverti dans une forme de prostitution moins profitable mais moins contraignante, avant de comprendre qu’il y avait une vie après le trottoir, je fais maintenant autre chose, mon niveau de vie à été divisé par 10 ! Il n’y a pas que le fric dans la vie, et je suis très bien comme je suis, mais je tiens à le dire très clairement, je n’ai de ces années ou je me suis prostituée aucun remord, aucune honte, aucune regret, aucune tâche indélébile. Et je voudrais dire à Sonia qu’elle a toute ma sympathie, que je suis solidaire de ses cris et que je l’embrasse virtuellement !
    Andrea(puisque je m’appelais comme ça)

  4. Claire dit :

    Un article indispensable, à lire et à relire !

  5. Jean-Seb dit :

    Un texte qui remet les pendules à l’heure, et en ce moment avec les délires des ultra féministes ça fait du bien

  6. Bayern dit :

    Entièrement d’accord avec cet article et avec les commentaires qui suivent

  7. Muller dit :

    un texte intelligent sur le sujet qui a le mérite de remettre les choses à leur vraie place. en deux mots :
    1) toute contrainte est condamnable donc la prostitution forcée est condamnable.
    2) Sinon chacun fait ce qu’il veut de son corps même s’il est question d’argent,

  8. Forestier dit :

    Je n’avais jamais lu ce texte. Ce n’est pas un texte érotique, c’est un article de fond sur la prostitution écrit par une (ancienne ?) professionnelle. Chapeau bas, madame Kubler votre texte est superbe et j’y souscrit à 100 %

  9. Zidorow dit :

    Bonjours, je suis heureux de voir qu’il existent encore des personnes normales pour qui la prostitution n’est pas un crime tant pour la fille que pour le client.
    Je vous encourage de tout cœur a continuer votre action. Je pense qu’il est temps que les gens se rendent compte que les prostituées sont avant tout des êtres humains et qu’en tant que tel elles ont le droit a la reconnaissance et devraient même être fière de ce qu’elle font car en tant que client j’ai trouvé chez elles plus de réconfort que dans ma famille et mon entourage. En effet en tant que client j’ai eu des contacts avec des filles qui faisaient ce métier car se sont les seules qui m’ont accepté pour ce que je suis, certaines ont arrêté mais je garde des contacts ( rien de sexuels ) avec elles car (elle cous le dirais si elles étaient la) je les ai toujours traitées avec dignité et respect. Mais parfois les sentiments vont trop loin. Je sui tombé amoureux d’une d’entre elles et hélas (pour moi) elle en a profité et joué avec mon cœur. Tout n’est pas tout blanc, tout n’est pas tout noir, tout est dans les nuance mais de belles nuances.
    Bon courage et big bisous : un client

  10. Verdier dit :

    Moi aussi je suis un vilain client. Je consomme du sexe ! Vous vous rendez compte à quel point je suis un être asocial ? Et alors ? Moi, je suis aussi pour la banalisation du sexe ! En matière de consommation on fait bien pire, et ça ne choque pas trop les ligueurs de la morale qu’ils soient de gauche, de droite ou du centre (parce que consommer des vêtements ou des chaussures de marques fabriquées dans des conditions d’exploitation incroyable en Asie du sud est, vous croyez que c’est bien, vous ?). Envie d’écrire ce petit courrier de Paris, où je me rends chaque mois… La rue St Denis… Mais la personne que je rencontre d’habitude n’y était point. Cela arrive. Alors coup de poker pour choisir, car il m’est déjà arrivé de choisir des filles peu consciencieuses, regardant leur montre (l’horreur) ou bâclant la prestation sur fond de blabla radiophonique (l’horreur – bis) …
    Deux choses m’ont attirés chez cette jeune femme, sa grande taille et son sourire qui éclairait son visage de blonde vénitienne. Peu de seins, peu de fesses, mais une belle allure. Elle m’a fait ce que je lui demandais avec art et manière, puis elle m’a pratiqué une fellation d’anthologie… j’ai beau rechercher dans mes souvenirs, je ne me souviens pas avoir été un jour aussi bien sucé ! Quelle fougue ! Quelle ardeur ! Mais aussi quelle gentillesse. Cette fille possédait un certain niveau culturel et un humour détonnant, ne pratiquant bizarrement le tutoiement prostitutionnel qu’en fin de prestation.
    Elle m’a sorti un truc assez spécial me disant qu’elle aussi jouissait en même temps que son client, mais qu’il s’agissait d’une jouissance cérébrale, le plaisir de voir l’autre jouir, quoi … Blabla commercial qui ne rajoute pas grand-chose, mais du même ordre d’idée que la boulangère qui vous demande si ça va… Après tout être comme on dit commerçante, n’est jamais un défaut.
    J’ai passé un excellent moment. Et je ne comprend pas moi non plus l’entêtement de ceux qui s’acharnent contre nous au point de ne pas nous entendre. Vives les filles !

  11. Chantal dit :

    Bonjour Sonia
    L’adresse de ce site et ta rubrique m’ont été indiqué par un client. Je voulais simplement te dire merci, un grand merci pour tout ce formidable travail, pour ces articles, pour tout ce que tu as écris… si tu pouvais savoir le bien que ça m’a fait ! Je t’embrasse très fort ! C’est beau ce que tu fais ! Continue et si tu as besoin d’un coup de main écris moi !
     » Chantal  » Prostituée parisienne.

  12. Glawdys dit :

    Merci pour tout ça !

    J’ai été amenée à connaître de façon très réelle le milieu de la prostitution, j’ai eu la chance d’exercer dans un quartier où il n’y avait pas trop d’embrouilles et où il n’y avait (presque) pas de maquage

    Je n’ai jamais vendu mon corps, je l’ai loué, c’est complètement différent ! Mon corps est toujours resté à moi, j’ai toujours pu refuser un client, j’ai toujours pu refuser une pratique avec un client. D’autre part le fait pour un homme d’aller voir une prostitué n’ pas forcement quelque chose à voir avec de l’immaturité, l’homme est naturellement polygame, beaucoup d’entre eux préfèrent ainsi un contact avec un corps qui n’est pas celui de leur femmes sans avoir a recourir aux inconvénients lié au fait de prendre une maîtresse

  13. Dufayel dit :

    Bravo pour vos prises de position, j’aimerais cependant que vous précisiez plus clairement votre position sur le proxénétisme, tantôt vous le condamnez , tantôt vous êtes plus nuancés, Je pense quand à moi que si le proxénétisme violent doit être condamné, le proxénétisme soft n’a pas à l’être !

    • Sonia Kubler dit :

      Ho ! Là, là ! Terrain dangereux : On va se limiter à la situation en France ! On trouve trois degrés de proxénétisme : si des lecteurs souhaitent nous parler de la réglementation dans les autres pays francophones, ils sont les bienvenus)

      1) Le proxénétismes contraignant : Celui-ci force (je dis bien » force « , c’est pour moi l’unique mot clé du problème) une personne à se prostituer en employant la violence, le chantage ou un marché de dupes ! Ce proxénétisme là doit être combattu et condamné, c’est pour nous extrêmement clair et sans aucune ambiguïté !
      2) Le proxénétisme » soft » (pour reprendre l’expression de notre correspondant), va se contenter d’offrir à la prostituée la logistique nécessaire à l’accomplissement de son métier (sécurité, mis en contact avec les clients) – C’est par exemple le cas de certaines agences d’escort – S’il y a consensus entre l’employeur et l’employé je ne vois vraiment pas ce qu’il y de répréhensible là dedans ! Après tout, le patron d’une boite d’intérimaires, il fait quoi ? Il s’en fout plein les poches, alors qu’il se contente de faire de la mise en contact ! Pour nous le sexe n’est pas une activité à part, pour le législateur c’en est une ! C’est bien ce qui nous oppose !
      3) Certains juges ont été plus loin en qualifiant de proxénétisme toute activité propre à favoriser la prostitution (gérant d’hôtel, journaux d’annonces, club de rencontres….) Là encore le législateur glisse sur le terrain » moral » (SA morale) – Or je suis de celles qui pense qu’un état démocratique n’a pas à légiférer au nom d’une quelconque morale ! La seule morale que je reconnaisse étant le libre consentement entre les individus.

  14. Melodie dit :

    Tu es vraiment extraordinaire !
    Je suis heureuse de voir d’autres points de vu que celui abolitionniste.
    Personnellement, j’en ai vraiment marre de me faire traiter comme victime des hommes. J’ai toujours apprécier ce boulot et surtout le revenu qu’il me procure.
    Merci Sonia
    Melodie
    Une prostituée de montréal

  15. Joel dit :

    Bonsoir,
    Je viens de lire la rubrique consacrée à la prostitution.
    Je voudrais, moi aussi, témoigner.
    Il y a une dizaine d’année, je rencontrais de temps à autres des prostituées.
    C’était à la pire époque de ma vie où je connaissais une solitude extrême.
    A chaque rencontre, j’avais en face de moi une femmes douce, compréhensive et surtout profondement humaine, qui faisait ce boulot pour des raisons que de toutes façons je m’interdisais et je m’interdis toujours de juger.
    Je suis très reconnaissant envers ces femmes. Grâce à elles j’ai pu, moi aussi, avoir un peu d’attention et bien sur, je ne m’en cache pas, de plaisir sexuel.
    Sans elles, j’aurais sans nul doute, sombré dans la névrose, la dépression ou que sais-je encore.
    Je veux aussi souligner le courage qu’elles doivent avoir faire face à certaines situations qui peuvent se révéler périlleuses.
    Je ne veux surtout pas faire l’apologie de la prostitution, mais le fait est que j’ai besoin de témoigner et dire combien je leur suis redevable.
    Je vous remercie d’avoir bien voulu prêter attention à mon témoignage

  16. Sylvia dit :

    J’ai lu sur un forum une phrase assez péremptoire que je vous recopie, j’aimerais bien votre opinion là-dessus « Je défie quiconque de me dire qu’une prostituée aime ce qu’elle fait »
    Le mail contenait aussi l’adresse électronique de l’auteur de la phrase, j’ai donc essayé de dialoguer avec cette personne (il s’agit d’une intervention sur un site abolitionniste) mais mon message est resté sans réponse, ce qui ne m’étonne pas plus que ça.
    Ce genre de phrase n’est pas un argument mais une figure de rhétorique, autrement dit une affirmation gratuite (et péremptoire comme vous dites) destinée a en foutre plein la vue !
    On peut répondre de différentes manières :
    Par comparaison : Croyez-vous qu’un employé de banque (qui n’a pas choisi son métier) aime ce qu’il fait ? Ou qu’un dentiste (qui lui a choisi son métier) aime toujours ce qu’il fait ? Le travail est toujours une contrainte, même s’il y a des exceptions (les métiers artistiques, la recherche…). On risque de vous répondre que ce genre de comparaison n’est pas de mise car ces gens là n’admettent pas que la prostitution soit un métier, que voulez vous les abolitionnistes adorent les arguments péremptoires.
    Pour moi par contre c’est un métier. Et comme dans toutes professions, on peut sinon y prendre un plaisir constant, du mois essayer de le rendre intéressant, et cette mentalité à un nom, ça s’appelle la conscience professionnelle.
    Je l’ai déjà dis, je rencontrais quand j’exerçais des clients avec lesquels j’avais beaucoup de plaisir à échanger (et qu’on ne me fasse pas dire ce que je ne dis pas, ils ne m’apportaient rien du tout du point de vue sexuel, mais j’étais moi contente de leur apporter quelque chose, et j’étais aussi contente qu’on me reconnaisse aussi en tant que femme…. il m’arrivait d’ailleurs d’aller au restaurant avec certains d’entre eux, et pas comme escort, comme femme, je me faisais certes payer ma part mais pas le temps du restau !
    Evidemment il y a prostituée et prostituée et tous les arguments que je cite ne concernent que celles qui le sont librement… Le problème c’est que les abolitionnistes, eux n’ont pas encore fait la différence…

  17. NooN2 dit :

    Salut Sonia,
    j’avais une question sur les prostituées. Une rumeur dont je voudrais connaitre la vérité : les prostitués à force de cotoyer les hommes, et pas toujours les meilleurs, deviennent-elles souvent lesbiennes par amour ?
    Je tiens aussi à dire que, même si je me suis toujours refusé à payer des prostituées pour ma sexualité, j’ai un grand respect pour ces filles qu’elles soient dans les rues où gogo danseuse.
    Merci Sonia,
    bonne journée.

    • Sonia Kubler dit :

      Bonsoir
      La réponse « sèche » serait : Oui, il y a légèrement plus de femmes à tendances lesbiennes chez les prostituées que dans la moyenne de la population… Cela dit la raison invoquée (qui est après tout possible) ne m’apparaît pourtant pas comme pertinente. Au niveau des personnes qui ont volontairement choisies de se prostituer librement (je ne parle de ce que je connais) le pas à franchir pour le faire, implique une banalisation de la sexualité (mais aussi de ses pratiques inusuelles… et je vous assure qu’il le faut quand dans une première semaine de métier on vous a demandé de pratiquer des fessés, de l’uro et de l’engodage masculin….) Le rapport lesbien n’est dans ce contexte absolument pas diabolisé, (d’autant qu’il fait partie des choses que l’on ne pratique pas au travail) mais ce n’est pas pour cela qu’on en franchit le pas. Il existe à contrario des femmes prostituées pour qui le refus d’un contact sexuel avec une autre femme est bizarrement affiché comme un gage de « normalité sexuelle »
      Par ailleurs il me faut rectifier une autre idée reçue, celle qui dirait que les prostituées ne voient que le mauvais côté des hommes. Il y a du vrai à cela quand on commence, qu’on fait le constat de tout ce qui est demandé et par qui c’est demandé. Petit à petit le tri se fait, et on se constitue une clientèle. Le métier devient alors complètement différent et je vous assure que (cela a déjà été dit sur le forum), monter en chambre avec certains clients n’avaient absolument rien, mais alors absolument rien d’une corvée (et quand je dis cela je ne parle pas de sexe !)
      Amicalement
      Sonia

  18. Sonia Kubler dit :

    A propos d’une affaire judiciaire récente dans laquelle témoigne (au péril de leur vies, soit dit en passant) deux ex prostituées, le journal prétendument satirique, le canard enchaîné, titre  » langue de pute « , laissant entendre par là que la parole d’une prostituée (qu’elle soit ex ou non) n’a aucune valeur. Nous savions déjà ce journal coincé de la braguette, nous l’avions vu pendant le débat sur les lois Sarko ironiser grassement sur la prostitution libre, et assimiler de fait toute la profession à la voyoucratie… Qu’il nous soit permis d’exprimer notre profond mépris envers cette feuille de choux et qu’il nous soit permis aussi de dire que j’ai connu beaucoup de putes (comme ils disent) dont la parole et le comportement est autrement plus honorable que ceux de prétendus connards enchaînées dans leur pauvres certitudes
    Sonia Kubler, ex pute !

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