Le mythe de la violence dans l’industrie pornographique par Sonia Kubler

Le mythe de la violence dans l’industrie pornographique
par Sonia Kubler

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On m’a reporté récemment une passe d’armes sur le site de wikipédia(1) où un participant anonyme et de sexe non précisé voulait à tout prix  faire ajouter à un article sur le film « La Fessée« , une note sur Catherine Ringer qui jouait dans le film, en extrayant une phrase d’une émission de Mireille Dumas de 1986 dans laquelle l’actrice parlait de « situations violentes ».

Bon on ne va pas ergoter sur le propos lui-même, je suppose que Catherine Ringer a su au moment du casting ce qu’on attendait d’elle et qu’elle l’a donc fait en toute connaissance de cause. Après il est possible que le fesseur y soit aller un peu fort (C’est ce que semblait dire Corinne Lemoine avec humour lors de la sortie du film)

Mais on s’en fout la question n’est pas là !

Qu’il y ait une certaine violence sur les plateaux de tournage des films X, je veux bien l’admettre, Virginie Despentes en a un peu parlé dans son livre : King-Kong Théorie (2006), et violence pourquoi ?


parce que le monde du travail est violent par essence à partir du moment où il induit une hiérarchie et un milieu fait de rivalités. (Raisons générales)

– parce que les actrices de films X ne sont pas protégées par des agents comme les actrices traditionnelles, un agent d’actrices X pourrait être assimilé à un proxénète en raison des dérives du droit français. Alors évidement certains en profitent… (Raisons intrinsèques)

– parce que la mentalité ambiante fait qu’à partir du moment où une fille se fait payer pour accomplir un acte sexuel elle est considérée comme moins que rien par une partie des hommes (et même des femmes). (raisons intrinsèques)

Il y a donc des raisons générales qui ne sont pas spécifiques à la profession et des rasions intrinsèques.

Donc on peut se demander qu’elle est cette manie qu’ont les féministes et leur fan club de brandir et rabâcher l’équation : « Métier du sexe = violence faites aux femmes » ?

J’invite ces féministes de pacotilles à effectuer un petit stage de serveuse dans certains restaurants de luxe, elles constateront ce qui s’y passe au quotidien : brimades, vexations, mise en compétitions, harcèlements de tout ordre. Pourtant je n’ai jamais vu a la fin d’un article sur l’établissement d’un grand chef des notes relatant les déboires de ses employés. Serveuse de grand restaurant, ce n’est pas un métier du sexe, donc les violences seraient normales ?

Idem, pour les employés de banque, d’assurance, de plateforme téléphonique à qui on demande de fixer des objectifs et de la réaliser sous peine de sanction, rétrogradation, brimades et j’en passe, certaines de ces situations sur lesquelles on commence à peine à revenir se sont terminé par des séjours en psychiatrie ou par des suicides. Mais ces métiers là n’ont rien à voir avec l’industrie du sexe donc les violences seraient normales ?

Comme dit plus haut : C’est le monde du travail qui par essence est violent. Alors pourquoi faire de l’industrie du sexe un cas particulier ?

Parce que bien qu’elles s’en défendent les féministes prônent une sorte de retour à un ordre moral. Dans leur système tout ce qui touche au sexe est sacralisé, le sexe n’est pas un organe comme les autres, pas question de le banaliser. Les pères la pudeur des siècles derniers diabolisaient le sexe, les féministes aujourd’hui le sacralisent sans se rendre compte que le résultat est le même ! C’est le mépris affiché envers celles et ceux qui considèrent qu’il n’est pas plus aliénant de louer son corps que de louer son intelligence ou sa force musculaire.

Quant aux raisons intrinsèques qui induiraient de la violence potentielle dans ce milieu, on commencerait à réformer les lois sur le proxénétisme qui actuellement en France mettent quasiment au même niveau, un maquereau violent et un paisible logeur, on se porterait mieux (c’est d’ailleurs l’une des propositions courageuses de l’organisation Amnisty International)

Cela dit, il ne faut pas non plus généraliser, de même que tous les patrons ne sont pas des monstres (heureusement encore !) certains réalisateurs de films X ont encore aujourd’hui une réputation de personnes qui avaient le plus grand respect pour les actrices qu’ils faisaient tourner. On peut pour ne prendre que deux exemples parler de Jess Franco et de Michel Ricaud (des pointures quand même)

Le monde de l’industrie pornographique n’est pas un monde de Bisounours, ce n’est pas non plus un enfer de violence, c’est le monde du travail avec quelques spécificités. Certaines ne s’en sont jamais plaintes (Brigitte Lahaie, Clara Morgane… la Ciccolina en Italie et on pourrait citer des américaines à la pelle.

Parler de la violence dans l’industrie pornographique c’est un peu comme si un jardinier refusait de faire pousser des salades dons son jardin au titre que les rangées seraient envahies par les mauvaises herbes, et qu’il refuserait de voir que la mauvaise herbe est partout.



Note :
(1)
Sur Wikipédia, on lira cet excellent article qui explique un peu l’imposture de cette prétendue encyclopédie.

les deux photos montrent Catherine Ringer fessée par Antoine Fontaine. Ce sont des fessées, pas des caresses, mais l’actrice n’a pas l’air de trouver ça si triste !

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4 réponses à Le mythe de la violence dans l’industrie pornographique par Sonia Kubler

  1. Lena Van Eyck dit :

    J’adhére à 100 % à ce texte intelligent

  2. Billoute dit :

    En fait les féministes reprochent aux métiers du sexe d’avoir les mêmes inconvénientx que le monde du travail en général, monde du travail qu’elles ignorent n’étant jamais allé sur le terrain. remarquez que sur le terrain des travailleuses du sexe, elle n’y ont jamais mis les pieds non plus, où alors juste cinq minutes, afin de pouvoir se justifier.

  3. Marvel dit :

    Bravo !

  4. Valentin dit :

    Excellent article avec des remarques très pertinentes

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